Sur 300 appels par jour en moyenne au 115 à Bordeaux, seuls 15% des demandes d’hébergement d’urgence trouvent une solution dans la journée. Une situation qui inquiète les associations d'aide aux sans-abris.
C'est le numéro d'urgence pour toutes les personnes à la rue : le 115. Mais encore faut-il pouvoir joindre un interlocuteur et obtenir une réponse favorable, dénoncent les associations de maraudes et les SDF eux-mêmes.
Ainsi, ce mercredi 8 février, sur les 279 demandes de logement d'urgence reçues au 115 à Bordeaux, la structure de l'Etat n'a trouvé que 29 places disponibles. Une situation inquiétante pour celles et ceux qui vivent à la rue, alors que le mercure est proche de zéro degré.
Ce jour-là, Sébastien et Christophe attendent l’heure du déjeuner au chaud dans une halte de jour pour sans abri. Après 4 jours à dormir dans la rue, Christophe a enfin obtenu une place d’hébergement avec son chien grâce au 115. Mais pas Sébastien :
Ça sonne, ça raccroche, je n'ai pas eu l'occasion de pouvoir rappeler, car je n'ai actuellement pas de téléphone
Sébastien, sans-abri à Bordeauxà France 3 Aquitaine
Un travail d'écoute
À défaut d'un toit, les écoutants au 115 orientent leurs interlocuteurs vers les soins ou l'aide alimentaire.
"On cherche toujours à proposer quelque chose, même quand on n'a pas de réponse directe à la demande de notre interlocuteur. On l'oriente vers les soins ou l'aide alimentaire. Nous faisons aussi un travail d'écoute", confie Barnabé, travailleur social au 115
Neuf écoutants répondent en journée au 115 à Bordeaux, sept jours sur sept, et une permanence de nuit est maintenue.
Aujourd'hui, on oriente des personnes qui attendent environ une semaine. C'est compliqué d'héberger en dessous de cinq jours à Bordeaux
Barnabé travailleur social au 115à France 3 Aquitaine
Un manque d'accompagnement à long terme
Les services de l'État répondent que 51 millions d'euros en 2022 ont été alloués pour les mises à l'abri de SDF. Mais pour Cécilia Fonseca, présidente de l'association "Les gratuits Gironde solidarité", le problème est plus complexe :
"Il manque vraiment de l'accompagnement pour que les personnes sans abris ne reviennent plus à la rue. Cela permettrait de désengorger les logements d'urgence et d'offrir des possibilités au 115".
À Bordeaux, la deuxième édition de la Nuit de la solidarité a révélé que dans la soirée du 26 janvier 2023, 554 personnes étaient à la rue, en campement, en bidonville, dans les parkings, urgences hospitalières, transports en commun ou à la gare Saint-Jean.