147 cas l'année dernière, déjà 35 en 2023, la France ne parvient pas à endiguer le fléau des meurtres envers les femmes. L'Aquitaine et notamment la Gironde ne sont pas épargnées. Que faire ? Les moyens de l'État sont-ils suffisants ? Faut-il s'inspirer de l'Espagne, pays pionnier en matière de lutte ? Dimanche en Politique ouvre le débat.
C'est peut-être le cas de trop, si l'on peut dire, sur un sujet aussi terrible et qui fait autant de victimes. La mort d'une habitante de Saint-Laurent-d'Arce dans le nord de la Gironde, sous les coups de son ancien compagnon, a bouleversé l'opinion. Car la victime avait déposé deux plaintes contre lui dans les semaines précédentes. Elles seront restées sur le bureau de la brigade de gendarmerie sans jamais avoir été transmises au parquet, ce qui pourtant est désormais la procédure.
De plus, le meurtrier présumé avait déjà un lourd passé judiciaire. Il avait été condamné à vingt ans de réclusion pour avoir tué, déjà, son ancienne compagne. Une enquête administrative a été ouverte, mais pour l'heure aucune information n'a été communiquée sur ses résultats.
Début mars, la première ministre Elisabeth Borne a annoncé la création de pôles spécialisés dans les juridictions et l’ordonnance de protection des victimes en vingt-quatre heures.
"une colère légitime"
Pour Naïma Charaï, directrice de l’Association de Protection des Femmes en Difficulté, le problème est ailleurs : « On a une colère légitime. Au tribunal correctionnel, plus de la moitié des cas sont des violences conjugales. Et quand on voit la légèreté des peines, il ne faut pas s’étonner que ces hommes qui battent leurs femmes puissent exercer leur violence en toute impunité. Ce que dit la société à ce moment-là, c'est frappez, tapez, harcelez en toute impunité. Nous ne ferons rien".
Christine Maze, avocate et Bâtonnière du Barreau de Bordeaux, partage sa colère :"On a envie de dire stop. Il faut se conformer au modèle espagnol un seul magistrat avec le même type de plateforme qui recueille toutes les informations en un seul clic dès le premier signalement. On doit avancer et il y a une réelle volonté de le faire".