Mayumi Danzaki a accepté de nous dévoiler les secrets du repas du Nouvel an japonais. Un évènement majeur au Japon. Les préparatifs nécessitent plusieurs jours de travail. Chaque met, minutieusement choisi et cuisiné, est doté d'une forte valeur symbolique.
Au Japon, les 1er, 2 et 3 janvier, le pays tourne au ralenti. Ces trois jours sont fériés pour permettre aux familles de se retrouver.
Pas question de cuisiner pendant les trois premiers jours de l'année
Le osechi ryõri, le repas typique du Nouvel an, est composé d'une quinzaine de spécialités culinaires différentes, délicatement disposées dans un bento en bois laqué.
L'idée est de préparer une grande quantité de plats qui pourront être mangés pendant les trois premiers jours de l'année.
Mayumi Danzaki - cheffe japonaiseà France 3 Aquitaine
"Ainsi personne n'aura besoin de cuisiner et chacun pourra se reposer et profiter" nous explique Mayumi Danzaki.
Cette Japonaise, formée à la haute gastronomie de son pays, est installée à Bordeaux. Cheffe à domicile, elle a accepté de nous faire une démonstration du fameux osechi ryõri.
Elle confectionne sous nos yeux la soupe du Nouvel an, l'unique plat chaud. Le seul qu'elle n'a pas dû préparer à l'avance.
Elle plonge algues et poisson séché dans de l'eau bouillante pendant quelques minutes, puis passe le tout au tamis. Elle obtient alors un bouillon plein d'arômes. "Ce bouillon est la base de presque toute la cuisine traditionnelle japonaise" glisse-t-elle.
"Je vais l'utiliser pour faire un plat qu'on ne mange pratiquement qu'au Nouvel an, c'est une soupe d'algues chaudes, de galettes de riz moshi accompagnées de légumes et de viande".
"Les galettes de riz gluant doivent être à la fois moelleuses et croustillantes. Elles symbolisent les vœux de bonne récolte et de bonne santé" explique la cheffe.
À chaque met son symbole
Mayumi a cuisiné une quinzaine de mets différents pour ce repas traditionnel. Chacun apportera quelque chose de positif à celui qui le dégustera.
"Les haricots noirs longuement cuits dans une préparation sucrée sont censés apporter une pleine forme dans le travail" indique Mayumi.
"Cette préparation à base d'œufs, de poulet et de miso est cuite au four".
Elle est découpée spécialement en éventail ce qui représente la réussite
Mayumi Danzaki - cheffe japonaiseà France 3 Aquitaine
"Et les côtés laissés nus, sans décoration, signifient que l'on ne cache rien, que l'on vit et que l'on travaille de façon honnête".
L'ensemble des préparations est délicatement disposé dans des bentos superposés en bois laqué. Chacun pourra ainsi piocher à sa guise.
"Les crevettes représentent la longévité, les œufs de hareng la naissance, le konjac noué en forme de nœud un couple bien soudé, les coquilles St-Jacques la prospérité.
Et tous les légumes mijotés dans une même marmite symbolisent une bonne entente entre les membres d'une même famille
Mayumi Danzaki - cheffe japonaiseà France 3 Aquitaine
Une tradition qui risque de disparaître
"C'est une cuisine qui évoque beaucoup de choses pour les Japonais" nous explique Francis Lecroisey, expatrié durant quinze ans et marié à une japonaise. "C'est un peu liturgique".
"C'est une tradition qui risque de disparaître" regrette son épouse Noriko, nostalgique de ces repas très traditionnels qui ont bercé son enfance à chaque nouvelle année.
On peut imaginer combien de temps, d'énergie il faut consacrer pour réaliser tous ces plats
Noriko Lecroiseyà France 3 Aquitaine
Elle avoue elle-même ne plus cuisiner ainsi.
Mayumi pour sa part se dit très heureuse de nous faire découvrir cette coutume culinaire, loin des habituels clichés. "
"Quand j'entends que certains pensent qu'il n'y a que des sushis ou des tempuras dans notre cuisine !" sourit-elle. "Je suis heureuse de montrer qu'elle est beaucoup plus riche et variée !"