Une vidéo circule sur les réseaux sociaux, montrant un homme plaqué au sol par trois policiers. Selon plusieurs témoins, dont l'auteur de la vidéo, il aurait été violemment pris à partie pour avoir roulé à vélo sur un trottoir. La police, elle, accuse le cycliste d'insultes et de les avoir bousculés.
C'est une vidéo d'une minute seulement, qui cumule de centaines de milliers de vues. Postée sur le réseau social X par @MarchombreYass, elle montre un homme, au sol, maintenu par deux policiers.
Autour de lui, des manifestants, dont certains brandissent un drapeau libanais, s'adressent aux forces de l'ordre qui les empêchent de s'approcher. "Il n'a rien fait !" répète un des témoins. "Vous arrêtez quelqu'un parce qu'il passe à vélo sur un trottoir ?", s'indigne un autre. Un homme qui tente de filmer avec son téléphone voit son appareil jeté au sol par un policier.
"Un jeune noir passe à vélo, il est arrêté, matraqué, étouffé et frappé avec violence sans aucune raison. Ses lunettes et téléphone sont cassés et son t-shirt déchiré #violence policière", légende l'auteur de la vidéo.
Un vélo sur le trottoir
Les faits remontent au lundi 21 octobre. Yassine, 26 ans, est à l'origine de ces images tournées, selon les données de son téléphone, à 18 h 23.
"J'avais rendez-vous avec un ami, explique le jeune homme. En attendant d'aller manger, je lui ai proposé d'aller voir ce rassemblement pour Gaza et le Liban, dont j'avais entendu parler sur les réseaux sociaux". Le rassemblement, organisé à 18h30 devant le consulat des États-Unis, quai des Chartrons, réunit, d'après Yassine une trentaine de personnes.
"Un jeune homme est passé à vélo avant le début de la mobilisation, il roulait sur le trottoir, relate Yassine. Quelques instants plus tard, j'ai entendu des cris, je ne comprenais pas ce qui se passait." Le témoin dégaine alors son téléphone et commence à filmer, alors que le cycliste est au sol. "Ils l'ont matraqué", poursuit-il. "Il a ensuite été emmené par les policiers, mentionne le témoin. C'est quand même choquant d'en arriver là quand on n'a rien fait de mal, juste pour un excès de vitesse, comme le dit un policier sur la vidéo".
Interpellation "un peu musclée"
"Les policiers n'ont fait que leur travail et de façon très professionnelle", rétorque Bruno Vincendon. Le secrétaire zonal d'Alternative police à Bordeaux livre une toute autre version des faits. "Le cycliste a refusé de mettre le pied à terre à la demande des policiers qui étaient présents pour sécuriser le rassemblement", assure-t-il.
Le cycliste a refusé et a bousculé le fonctionnaire, il y a eu outrage et c'est pourquoi il a été amené au sol.
Bruno VincendonAlternative Police
Il s'agit juste d'une interpellation "un peu musclée", estime Bruno Vincendon, qui précise que le cycliste, âgé de 19 ans, a été conduit au commissariat et que sa garde à vue a été prolongée. "Une vingtaine de cyclistes sont passés sur les lieux après lui, ils ont respecté les consignes en mettant le pied à terre et il n'y a eu aucun problème avec eux", assure le policier.
Selon le syndicaliste, une plainte a été déposée à l'encontre du cycliste. Bruno Vincendon dément également la notion de violence policière, évoquée dans le tweet de Yacine. "On le voit sur les vidéos, ils n'ont pas sorti leurs matraques", souligne-t-il avant de rappeler que la diffamation est punie par la loi et que l'auteur d'une dénonciation calomnieuse "s'expose à cinq ans de prison et 45 000 euros d'amende".
De son côté, Sos Racisme explique avoir pris connaissance des faits, mais l'association essaie de trouver davantage d'éléments sur la situation avant de se positionner.