L'escalade de la violence aux Aubiers, surtout ces derniers jours, et le décès d'un jeune du quartier, ont poussé les chauffeurs de bus à faire grève. Ils ne veulent plus prendre des risques en se rendant jusqu'au terminus. Le maire de Bordeaux demande que le quartier continue d'être desservi.
Ils circulent dans le quartier "la boule au ventre". Depuis des mois, ils relatent à leur direction les violences dont ils sont victimes ou témoins. Les chauffeurs de bus ont dit stop ce lundi matin 4 janvier. Ils ne veulent plus aller jusqu'au terminus au coeur du quartier des Aubiers, là où l'adolescent de 16 ans a été tué par balles samedi 2 janvier vers 23 heures.
Les violences accentuées plusieurs jours la semaine dernière, la peur de représailles annoncées entre bandes rivales les ont décidés à faire grève. "On connaît le fonctionnement, le premier coup est parti, il y a les appels à la vengeance.Les chauffeurs ne veulent plus y aller, ils sont en plein milieu."explique désabusé Jean Christophe Columbo, représentant syndical CFDT.
Depuis 2015, le syndicat SNTU CFDT alerte la direction, les autorités préfectorales pour décrire les problématiques du quartier des Aubiers. Depuis octobre dernier, un préavis de grève est en cours, qui peut être déclenché à tout moment. A cette époque, une alerte sociale a été déclenchée après des faits de violence, un local conducteur dégradé et le vol d'un bus. La direction a reçu le message mais en évoquant un "sentiment d'insécurité". Le syndicaliste, porte-parole des chauffeurs, parle lui clairement d'insécurité, et pas seulement de sentiment. "Là on est passé à autre chose, avec des tirs d'armes automatiques et un mort" .
Les chauffeurs de bus ne veulent pas être les derniers des services publics dans le quartier, les derniers des Mohicans.
Les bus de TBM ne desservent plus les Aubiers
Résultat du mouvement de grève ce lundi matin : les bus 33 et 35 ne circulent plus jusqu'à leur terminus sur la plateforme du quartier des Aubiers, Ils s'arrêtent avant, Place Ravezies. Le tram lui continue de traverser le quartier, "On est bien obligé, le dépôt est un peu plus loin sur la ligne" précise le représentant CFDT. Les chauffeurs ne veulent plus aller aux devants de risque, mais comment faire pour desservir ce quartier qui accueille 4 000 habitants ? " Les bus, les gens en ont besoin, certains n'ont pas de voiture, mais on ne veut plus aller sur la plateforme.."
La communication de TBM précise qu'un arrêt provisoire sur les allées de boutaut aux Aubiers est en place et que le réseau assure la desserte des arrêts Cracovie et Ravezies. "Cette solution transitoire permet le maintien de la desserte du quartier des Aubiers par les lignes 33 et 35, et la correspondance avec le tramway à Cracovie et Ravezies. Après une observation de plusieurs jours, il sera étudié en lien avec Bordeaux métropole si ces modifications seront maintenus durablement ou corrigés."
Les chauffeurs proposent que le terminus soit reconstruit plutôt du côté du parc des expositions, mais là, il faut attendre l'aval et le financement de Bordeaux Métropole.
Réaction du maire de Bordeaux
Le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, réagit ce lundi soir dans notre édition régionale, en exigeant un retour à la normale "C'est une solution très provisoire, et il est totalement exclu que le quartier des Aubiers ne soit pas desservi par les transports collectifs. Là, on est sous le coup de l'émotion." a-t-il affirmé sur notre antenne.