Violences, menaces, insultes : le climat délétère d'un collège de Blanquefort, cité tranquille de l'agglomération de Bordeaux

Enseignants, surveillants et agents du collège Dupaty de Blanquefort, commune voisine de Bordeaux en Gironde, dénoncent une montée de la violence au sein de leur établissement depuis plusieurs mois. Ils ont décidé de cesser le travail pour "collège en danger" en ce jour de rentrée.

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"Des fois, y a des bagarres, des rassemblements, des surveillants se font insulter" témoigne Nathan, élève de quatrième au collège Dupaty.

Insultes, violences et menaces au quotidien

L'établissement accueille 780 élèves. Il est le seul à Blanquefort, commune située sur la partie ouest de l'agglomération de Bordeaux, zone réputée plutôt tranquille.

Nathan assure que le climat était beaucoup moins tendu quand il était en sixième, donc en tout juste deux ans. "C'est depuis les travaux de rénovation, y a beaucoup moins de place dans la cour, plus de rassemblements et plus de violence".

"La dernière bagarre que j'ai vue, quelqu'un s'est retrouvé avec un nez qui saignait" raconte Marius, un autre élève de quatrième. "Il y a beaucoup d'agitation dans la cour, des cris dans les couloirs, des gens qui tapent aux portes" mais lui avoue avoir fini par s'habituer. "Je n'y fais pas plus attention que ça. C'est surtout pour les sixièmes que c'est compliqué".

Il évoque aussi une nouvelle pratique qui consiste à donner une tape derrière la tête à celui qui arrive avec les cheveux fraîchement coupés. "Ça fait mal, mais ça va" sourit l'adolescent.

Ras-le-bol 

"C'est la première fois que l'on fait une telle action. Il y a un ras-le-bol, on est très fatigué". Sophie Calland est professeure de Lettres. Elle se tient devant le collège avec quelques collègues en grève en ce mardi matin de rentrée. 

On n'arrive plus à faire notre travail.

Sophie Calland - professeure de Lettres

Source : France 3 Aquitaine

"Il y a trop d'agressions, des crachats, des coups de pied, des cailloux jetés par les fenêtres" affirme cette enseignante rencontrée par notre équipe sur place, Karim Jbali et Jean-François Géa.

La situation semble en effet directement liée aux travaux débutés durant l'année scolaire 2021/2022 qui ont amené à réduire l'espace extérieur de deux tiers.

"La cour est toute petite, les enfants sont les uns sur les autres, ils font de plus en plus de jeux violents" dénonce l'enseignante. "Quand ils retournent en cours, ils sont très énervés, certains sont anxieux. Tout le monde en souffre. Nous enseignants, mais surtout les élèves".

Un cercle infernal

L'enseignante réclame des moyens supplémentaires pour le collège.

Une autre souligne que "huit cents gamins ne sont surveillés que par quatre ou cinq personnes. Ce n'est pas possible !", s'exclame-t-elle.

"Il faut absolument que les surveillants soient plus nombreux, ils n'en peuvent plus. Et il faut remplacer les absents. Sinon l'épuisement se rajoute à l'épuisement, c'est un cercle infernal !"

De son côté, le principal de l'établissement, Nicolas Bonnet, reconnaît des conditions de travail dégradées depuis le lancement des travaux, "du bruit, de la poussière, une cour très réduite". Mais il affirme "qu'aucun évènement particulier ne justifie une telle action".

Pas plus de faits violents 

Selon lui, les faits de violence n'ont pas augmenté. "C'est simplement qu'ils sont plus visibles qu'ils ne l'étaient auparavant". 

Même position dubitative des services départementaux de l'Éducation Nationale. "Si c'est une réalité, elle ne nous a pas été signalée, il n'y a pas eu de mesures disciplinaires accrues" rapporte Vincent Le Samedy, directeur de cabinet au Dasen, qui précise qu'un demi poste de surveillant en plus a été affecté au collège Dupaty, en lien avec les travaux.

Il reconnaît toutefois que la proximité puisse générer des bousculades. "Nous allons envoyer sur place une équipe mobile de sécurité ce jeudi, spécialisée dans la gestion de crise et des flux".

L'équipe sera chargée de faire un diagnostic de la situation et devra aider à trouver des solutions pour améliorer le climat scolaire. 

Langue de bois

"Tout ça, c'est de la langue de bois" regrette Sophie Calland qui assure que l'équipe pédagogique a alerté les autorités depuis un certain temps.

Il y a probablement une volonté de dire que tout va bien de la part du Rectorat et de l'Éducation Nationale

Sophie Calland - enseignante

Source : France 3 Aquitaine

"Et des objectifs donnés aux établissements d'avoir le moins d'exclusion possible, le moins de vagues. Il y a moins de sévérité alors que l'on a quand même des enfants qui ont subi le confinement. Il faut les raccrocher avec un travail d'éducation. Mais c'est compliqué dans ces conditions".

Plusieurs audits ont toutefois été réalisés qui ont donné lieu à des travaux de réflexion, mais pour la prof de Lettres, "ce n'est que de la technocratie. Nous, il nous faut des moyens concrets" martèle-t-elle.

Bastien, un père de famille venu soutenir le mouvement de grogne, est bien d'accord. "Avec cette dégradation de l'Éducation Nationale par manque de moyens, on arrive à ces résultats bien tristes pour les enfants de la République". 

La rentrée 2023 dans un collège en colère : le reportage au collège Dupaty, réalisé mardi 3 janvier 2023 par Karim Djbali et Jean-François Géa :

durée de la vidéo : 00h01mn41s
Enseignants, surveillants et agents du collège Dupaty de Blanquefort dénoncent une montée de la violence au sein de leur établissement depuis plusieurs mois. Ils ont décidé de cesser le travail pour "collège en danger" en ce jour de rentrée. ©K.Jbali - J.F. Géa
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