La mosquée Nur el Mohamadi, située rue des Menuts à Bordeaux a été taguée et dégradée pendant la nuit. La préfecture de la Gironde annonce la mise en place de patrouilles aux abords des lieux de prière.
"Vive la France", "Mahomet = lâche"… Ces mots sont apparus sur les murs de la mosquée Nur el Mohamadi, située rue des Menuts à Bordeaux, dans la nuit de mardi à mercredi. A leurs côtés, des croix de Lorraine et celtiques, ce dernier symbole étant prisé des partisans d'extrême-droite. Des tags rapidement effacés et qui n'étaient plus visibles à la mi-journée.Des vitres ont également été brisées. "Des investigations sont en cours pour retrouver les auteurs de ces faits ", précise la préfecture. Ces dégradations interviennent cinq jours après l'assassinat de l'enseignant Samuel Paty, victime d'un terroriste islamiste.
De tels actes sont inacceptables sur le sol de la République, a de son côté twitté le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
Des menaces ou des actes de violence ont visé les mosquées de Béziers et de Bordeaux, j’ai demandé aux Préfets des départements concernés de protéger ces lieux de culte. De tels actes sont inacceptables sur le sol de la République.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) October 21, 2020
"C'est devenu quelque chose de banal"
Contactés après la publication du ministre sur les réseaux sociaux, les imams de Bordeaux et Cenon Tareq Oubrou et Mahmoud Doua ignoraient l'existence de ces dégradations. "Nous sommes malheureusement habitués, soupire Mahmoud Doua, c'est devenu quelque chose de banal".Nous sommes pris à partie à la fois par l'extrême-droite et par les islamistes radicaux. Ils se rejoignent dans leurs profils. Il ne s'agit pas de patrie, d'islam ou de laïcité, ce sont simplement des personnes qui ont des problèmes psychologiques et surtout qui ont de la haine. Le reste n'est que justification.
Des imams menacés
L'assassinat de Samuel Paty, qui a été décapité, a suscité une vague d'émoi dans toute la France. Ces derniers jours, à plusieurs reprises Tareq Oubrou a condamné fermement dans les médias ce qu'il a qualifié "d'acte barbare". Des propos qui, selon l'imam, suscitent de vives réactions chez les religieux les plus fanatiques.Je suis problématique pour certains car je ne défends pas les meurtres au nom de Dieu. Je sais qu'à chacune de mes déclarations sur la liberté de caricature et le blasphème, le risque s'accentue.
Lui-même assure s'être vu proposer à plusieurs reprises une protection policière qu'il a refusée. "Je sais que je m'expose un jour à un dérapage, mais je suis serein, je n'ai pas peur". Après les dégradations de la nuit, la préfecture a annoncé que des patrouilles seront déployées dès ce mercredi aux abords des lieux de prière.