Ne jetez plus vos pots de peinture utilisés. Circouleur, une start-up girondine, recycle la peinture usagée pour en créer de nouvelles, écologiques.
Une fois la chambre ou le salon repeint, il reste toujours un fond de peinture, qu’il faut bien souvent jeter à la déchetterie. À Blanquefort, en Gironde, Maylis Grau, a décidé de stopper ce gaspillage. En cette Semaine européenne de réduction des déchets, l'idée fait mouche.
Je me suis rendu compte qu’à la déchetterie, la peinture était brûlée. Ca m’a paru être un vrai gâchis.
Chimiste de profession, Maylis Grau cherche alors à recréer une peinture, à partir de fonds de pots. Inspirée du modèle québécois qui recycle l’intégralité des peintures, l’idée germe en 2015, avant de se concrétiser en 2017. La chimiste s’installe alors à l’Ecoparc, une pépinière de start-ups à Blanquefort et Circouleur est lancée. Elle est soutenue par l’Ademe, la région Nouvelle-Aquitaine et la BPI.
Ce projet convoque plusieurs entreprises de la région. en abordant les déchets d'une manière différente, on peut voir l'économie locale se développer. D'un autre côté, les coûts sont moindres pour le consommateur qui réduit les coûts liés aux déchets, tels que le fonctionnement des déchetteries.
Antoine Bonsch, chargé de mission de l'Ademe.
L'organisme appuie les initiatives qui s'inscrivent dans l'économie circulaire, via un accompagnement et des aides financières.
Déchetteries partenaires
Elle se met alors en relation avec les déchetteries du Libournais et du nord Gironde qui collectent les pots de peintures usagés, via leur service de recyclage, Smicval. Celle de Saint-Jean-d'Illac en collecte près de 500 tonnes par an.
Sur nos douze pôles de recyclage, 20 tonnes de peinture acrylique peuvent être recyclées chaque année. Pour cela, les peintures ne doivent pas avoir été mélangées ou séchées.
Anne Larrouy, responsable de l’exploitation des pôles de recyclage Smicval.
Les pots de peinture sont ensuite rassemblés par Pena Environnement, où 200 tonnes y sont traitées chaque année. Un salarié de Circouleur y trie les peintures par couleur, avant de prélever les échantillons.
"Pouvoir proposer une activité de recyclage sur des produits dangereux, c’est assez rare en France. Alors on a voulu être partenaire de cette action", explique Frédéric Farges, directeur de Pena Environnement.
Trouver la bonne formule
En parallèle, dans un laboratoire de l’Université de Bordeaux spécialisé en chimie verte, Maylis Grau analyse et modifie les échantillons afin de créer une peinture de qualité et pérenne.
"Nous nous accordons jusqu’à 30 % de matière neuve. Le secret, c’est que les peintures acryliques se mélangent bien", explique la chimiste. Depuis sa création, Circouleur a recyclé 24 tonnes de peinture. Elle bénéficie aujourd’hui d’un A+, la note la plus élevée.
La start-up emploie aujourd’hui 7 salariés et, avec près de 35 millions de tonnes de peinture jetées chaque année, l’entreprise n'en récupère que 0,0000006 % . Un avenir prometteur pour cette start-up qui lancera prochainement une levée de fonds.