Confinement : les ostréiculteurs de la région entre galère et système D

Le chiffre d'affaires des ostréiculteurs a chuté de 80 à 100 % selon le comité régional de la conchyliculture. Et les perspectives de reprise post-confinement restent sombres car les stocks d'huîtres s'accumulent sur les zones de production. Mais certains ostréiculteurs innovent pour s'en sortir.

Du bassin d'Arcachon au lac marin d'Hossegor en passant par les parcs du Médoc, c'est partout le même constat : les ostréiculteurs n'ont quasiment plus aucun revenu alors que le travail doit impérativement continuer pour élever les huîtres de demain.

Thierry Lafon, ostréiculteur à Gujan-Mestras et président du comité régional de la conchyliculture, explique que le chiffre d'affaires des exploitations de la région a chuté en moyenne de 80 % voire 100 % pour certains professionnels :

L'activité de dégustation dans nos cabanes est interdite, les restaurants sont fermés et les commandes de la grande distribution sont insignifiantes.
Pourtant nos produits sont là, bons à consommer.
Et nous sommes contraints de travailler dans nos parcs sans rémunération
.

 

 

"On courbe l'échine"


Les temps sont durs pour les 300 exploitations ostréicoles du bassin d'Arcachon. Et encore plus pour les jeunes chefs d'entreprise.

Alexandre Véga a récemment pris la succession de l'ostréiculteur Marc Druart à Gujan Mestras.
Ses parcs se situent notamment sur le Banc d'Arguin, face à la Dune du Pilat. Il s'y rend régulièrement pour s'occuper des huîtres. Un travail difficile et sans revenus.

On courbe l'échine. Nous ne pouvons plus faire de dégustation à la cabane sur le port de Larros alors que cela représente entre 30 et 40 % de notre chiffre d'affaire.
On continue à faire quelques livraisons à des particuliers mais l'activité commerciale est très réduite.
Notre personnel est en chômage partiel.

 

Points relais et vente en ligne

 
A Hossegor dans les Landes, ce n'est guère mieux pour les ostréiculteurs.
Ce bassin de production sur le lac marin ne compte que six entreprises. Quasiment toutes vivent de la dégustation de leurs produits à l'année. Et cela n'est plus possible.

Jérôme Labéguerie (l'un des six ostréiculteurs) a mis en chômage partiel ses 12 employés.
Il n'a plus de rentrée d'argent mais il a réussi à faire suspendre ses crédits.

Il continue donc l'élevage des huîtres seul avec son épouse et a dû innover pour maintenir une petite activité commerciale :

En plus de la vente directe et de la livraison, je propose mes huîtres dans des points relais au Pays basque. Par exemple, dans des commerces ou au marché drive d'Anglet le jeudi. Et puis il y a aussi la vente en ligne sur le site de la Région, et ça marche bien, je ne m'y attendais pas.

 

 

Le problème des stocks va se poser à la reprise

Pour le patron des ostréiculteurs de la région, l'autre problème de cette arrêt de l'activité économique est la gestion des stocks.
Les huîtres ne sont plus vendues, elles grossissent dans les parcs et les gros coquillages se vendent plus difficilement, explique Thierry Lafon.

Et puis, quand l'activité commerciale va reprendre, tous les bassins ostréicoles de France vont vouloir écouler les stocks en même temps. A un moment où la consommation d'huîtres n'est pas la plus forte de l'année.
Après la crise sanitaire, nous risquons le crise économique du secteur.


Pour le comité régional de la conchyliculture, l'Etat et l'Europe devront soutenir les entreprises ostréicoles.
Des négociations sont déjà en cours, ajoute Thiery Lafon. Mais le report des charges ne suffira pas, il demande des exonérations.

Un enjeu économique pour la région : l'huître fait vivre un millier d'emplois rien que sur le bassin d'Arcachon.
 
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