Déconfinement : les conditions d'accès à la mer ne rassurent pas la filière nautique

Les plaisanciers seront autorisés à naviguer le 11 mai sur le littoral girondin selon la Préfète Fabienne Buccio. Sous certaines conditions.
Mais le manque de perspectives pour la pratique du nautisme inquiète une filière qui pèse lourd dans notre économie.
Exemple sur le bassin d'Arcachon.
 

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Après la Rochelle, le port d'Arcachon est le deuxième plus grand de notre région avec quelque 3000 places (dont une partie à sec ou aux corps-morts).

1500 emplois directs dépendent de la filière nautique sur le Bassin d'Arcachon, explique le directeur général du Port d'Arcachon.
Un port de plaisance interdit aux particuliers depuis le 17 mars et une filière au ralenti depuis le confinement.

Mais l'horizon s'éclaircit (un peu) pour la plaisance.
Un peu, car si l'accès à la mer sera possible en Gironde dès le 11 mai, selon la Préfète Fabienne Buccio, ce sera sous conditions. Et toutes ces conditions ne sont pas encore très claires pour ces prochaines semaines, expliquent des représentants de la filière à Arcachon.

 

 

Qui pourra accèder à la mer et comment ?


Une certitude : l'accès aux bateaux ne pourra se faire que depuis un port pour les plaisanciers, précise Alain Vivien, directeur général du port d'Arcachon.

L'accès aux plages est interdit a priori jusqu'à début juin. Pas question donc d'embarquer directement depuis le littoral. Une contrainte pour les plaisanciers dont les bateaux sont accrochés aux corps-morts sur la côte.


Mais une fois à bord, que sera-t-il possible de faire, se demande Alain Vivien.
Depuis une dizaine de jours, il reçoit de nombreux appels de plaisanciers impatients de prendre la mer et curieux de savoir ce qui sera permis. Mais il n'a pas à ce jour de réponses sur tout : 

Sur le Bassin d'Arcachon, on sait que l'accès au banc d'Arguin reste protégé et interdit. Mais ailleurs, est-il possible de s'arrêter sur un banc de sable ? Suis-je en infraction si je m'arrête à un endroit ou si je mets au mouillage ? Je ne sais pas.

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Pas de mini croisières sur le Bassin jusqu'à nouvel ordre


Emmanuel Martin est le propriétaire du chantier naval Dubourdieu à Gujan-Mestras. Il est aussi le président de l'union des professionnels du nautisme du Bassin d'Arcachon. 110 entreprises.

L'UBA, l'Union des bâteliers du Bassin d'Arcachon devrait reprendre son service de navette le 11 mai entre les jetées d'Arcachon, du Moulleau et du Cap Ferret. Mais c'est tout pour l'heure. Pas de mini croisières sur le bassin (par exemple autour de l'île aux oiseaux). Pas d'excursions non plus. Et quid des sorties en mer à bord de pinasses ou voiliers avec skipper ? Pour l'instant, on ne sait si et comment cela reprendra.

Ces sorties en mer font vivre des skippers saisonniers, aujourd'hui sans perspectives d'emploi. Les loueurs de bateaux n'ont pour l'heure aucune perspective, rajoute Emmanuel Martin.
 

 

Une filière nautique touchée


Sur le port d'Arcachon (et en général sur les ports du bassin), le confinement est intervenu au moment où l'activité saisonnière reprenait, pour l'achat de nouveaux bateaux par exemple ou pour la préparation des embarcations dans les chantiers, explique Alain Vivien :

Quel sera le comportement des clients dans la douzaine de concessions sur le port d'Arcachon ? Vont-ils confirmer des commandes envisagées avant la pandémie avec cette crise économique et ces incertitudes sanitaires ? Difficile de le savoir aujourd'hui. Mais certains professionnels sont lourdement endettés.


Depuis fin avril, les professionnels du nautisme ont repris les activités de carénage, de motorisation par exemple. Et sur les chantiers de construction, il a fallu s'adapter pour respecter les gestes barrières.
Au chantier naval Dubourdieu par exemple, quatre bateaux sont simultanément en construction actuellement, explique Emmanuel Martin :

J'ai aménagé les horaires en demi-équipe, par demi-journée. Un gars par bateau et un cinquième qui fait le relai entre chaque.
On vit quasiment en vase clos avec mon équipe pour minimiser les risques et respecter les mesures sanitaires. 
Mais c'est compliqué. Et c'est encore pire sur un gros chantier naval !

 

 

Des milliers d'emplois en jeu


La filière nautique sur le bassin d'Arcachon génère 60 millions d'euros de chiffre d'affaire, rappelle le directeur général du Port d'Arcachon.

Le nautisme, c'est 1500 emplois directs. Et au total, la filière mer compte 9 000 emplois directs et indirects sur le bassin d'Arcachon.
L'enjeu économique est colossal.


En attendant que l'avenir s'éclaircisse, c'est la course dans les entreprises d'hivernage des bateaux, explique Emmanuel Martin : 

Les plaisanciers ont envie de mettre à l'eau leur bateau toujours en hivernage. Une entreprise du Cap Ferret a ainsi 500 bateaux stockés à terre et il sera difficile de satisfaire tous les clients en même temps, le même jour, mais on fait le maximum.

 




 
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