Une nouvelle cheminée a été construite en début de semaine à la distillerie Douence de Saint-Genès-de-Lombaud. Elle inquiète les riverains et associations environnementales, qui dénoncent depuis longtemps des nuisances causées par cette usine.
On ne peut pas manquer la nouvelle cheminée de la distillerie Douence : ses rayures rouges et blanches sont visibles de loin, et contrastent avec le paysage verdoyant des alentours.
A 55m de hauteur au total, elle ne dépasse pas tout à fait le sommet des collines qui encerclent la vallée (sommet 95m environ). Pour Marine Schenegg, porte-parole de l'association Label Nature, c'est une mauvaise nouvelle.
"Ici on est dans un creux. Étant donné que la hauteur de la cheminée ne dépasse pas celle des collines, toutes les fumées qu'elle dégage, au lieu de se dissiper, vont rester dans ce creux, " explique-t-elle.
La cheminée en métal n'est pas encore en état de fonctionnement, donc difficile d'évaluer pour le moment ce phénomène. Mais cette vidéo, publiée par un collectif de riverains le 11 octobre dernier, semble montrer que les fumées et vapeurs dégagées par l'usine ont tendance à rester piégées dans la vallée.
Un feuilleton qui perdure
Cela fait maintenant de nombreuses années que les collectifs de riverains et associations environnementales dénoncent les nuisances causées par cette distillerie. De fortes odeurs, des fumées âcres et des nuisances sonores gênent ceux qui habitent à proximité au quotidien.En avril dernier, une trentaine de riverains et deux associations ont eu gain de cause, obtenant la suspension d'un l'arrêté d'autorisation d'exploitation de la distillerie Douence. Cette législation devait lui permettre de produire 55 000 hectolitres d'alcool pur par an, contre 45 000 jusqu'ici. Il prévoyait également la surélévation de la cheminée principale de 25 à 55 mètres...
L'arrêté étant en suspension, la construction d'une nouvelle cheminée est actuellement illégale, comme l'explique l'avocat des riverains, François Ruffié : "L'arrêté a été suspendu par le tribunal administratif, ils n'avaient pas l'autorisation de construire cette cheminée."
Selon lui, l'usine est dans l'illégalité depuis 30 ans, suite à l'annulation ou la suspension de nombreux arrêtés, "mais elle profite d'une certaine impunité car elle a une quasi-monopole sur le traitement des déchets viticoles."
Son activité économique est aussi importante : elle emploie 30 personnes, et connaît une forte activité surtout dans les périodes de vendanges, quand elle traite et transforme la majorité des déchets viticoles de la région.
La distillerie répond
Du côté de la distillerie, on conteste l'illégalité du projet. "Il y a une étude qui a été faite par des ingénieurs, cette étude-là a été remise à la préfecture, ils l'ont lu aussi. Apparemment dans la mesure où on montait la cheminée à 55m, les nuisances qu'il peut y avoir au niveau du séchoir peuvent être réduites, " se défend Bernard Douence, président de la distillerie.Pour voir les réactions de l'association Label Nature et la de la direction, regardez le reportage ci-dessous :
