Le confinement a été le moment, pour beaucoup, de faire un tri dans les placards. Les associations tentent aujourd’hui de s’organiser pour reprendre les collectes, au plus vite.
En Gironde comme dans tout l’Aquitaine, les associations sont au ralenti, entre perte d’effectif et respect des mesures sanitaires. Depuis la mi-mars, les collectes de vêtements ne sont donc plus assurées, laissant parfois des conteneurs pleins.
Stocker chez soi
Depuis deux mois, les assocations communiquent : gardez vos vêtements chez vous. C’est le cas du Relais de Gironde, qui, sur sa page Facebook rappelle aux donateurs de ne pas entasser les vêtements, parfois à l’air libre, à côté des conteneurs blancs. "Nous appelons les habitants à patienter, jusqu'à la reprise de la collecte, en leur préconisant de continuer à garder leurs sacs chez eux", explique Paul Boyreau, responsable Le Relais, en Gironde.Comme dans d'autres régions, l'entreprise d'insertion a du faire face à des bornes qui débordent, et des tentatives de vols. Pour éviter ces pertes, elle a mis en place un numéro pour alerter en cas de débordement d’une borne.
"Le textile journalier collecté sur le territoire représente un volume très important et ne peut être stocké. La reprise de la collecte du textile du Relais nécessite donc la remise en route de l’ensemble de la filière de valorisation textile, et notamment des débouchés à l’export que ce soit en vêtements (55% du textile collecté) ou en recyclage matière (25%). Les boutiques Ding Fring ne représentant que 6% de la valorisation, le solde étant valorisé en recyclage en France (isolant Metisse notamment)", détaille Paul Boyreau, responsable Le Relais en Gironde, qui demande, comme d'autres entreprises et associations, une aide de l'état pour reprendre leur activité.Même situation à Pauillac, en Gironde, où le Secours Populaire a demandé aux donateurs de garder leur vêtements chez eux. “Nos effectifs s’étant réduits, nous avons seulement continué la distrubution alimentaire pour éviter des risques de contamination”, explique Serge Urias, président du Secours Populaire de Pauillac.
Mais pour ne pas perdre la main, l’association a utilisé des draps, stockés dans leurs locaux pour confectionner 350 masques, distribués à tous les membres, sur tout le secteur.
Pas assez de bénévoles
Depuis le 11 mai, Le Relais a rouvert certaines de leurs boutiques. Une occasion pour commencer à écouler les stocks accumulés pendant le déconfinement. L'entreprise doit désormais trier et répartir les vêtements collectés. “En raison de l’absence de débouchés et de la saturation de nos capacités de stockage, nous ne sommes pas en mesure d’assurer normalement la collecte”, précise Le Relais.A Pauillac, les bénévoles du Secours Populaire sont majoritairement âgés. “L’équipe chargée du tri des vêtements a plus de 70 ans, ce sont des personnes à risque”, explique Serge Uria, président du Secours Populaire de Pauillac. Pour pallier ce manque, l’association a fait un appel à bénévoles, le mois dernier : vingt personnes ont répondu présentes. “C’était un vrai soulagement pour nous”, assure Serge Urias.
De son côté, la Croix-Rouge organise déjà des rendez-vous avec les personnes qui se sont manifestées via leur mail (boutique.bordeaux@croix-rouge.fr) pour collecter les dons de vêtements. "Nous leur donns rendez-vous soit cours le Rouzic soit chez eux, s'ils ne peuvent pas se déplacer", explique Jean-Michel Santa Maria, qui prévoit des demi-journées d'accueil.
Pour respecter les gestes barrières, les vêtements ne seront plus déballés avec les donateurs, comme c'était le cas en boutique. "Nous les laisserons deux jours dans les sacs avant de les trier", précise le responsable textile de l'unité de la Croix-Rouge de Bordeaux.
Réouverture en juin
Mais si les donateurs attendent avec impatience la réouverture des collectes, les associations sont à pied d’oeuvre pour être opérationnelles au plus vite. “Nous pensons rouvrir aux alentour du 14 juin”, espère le président du Secours Populaire. Même son de cloche du côté du Relais, qui espère pouvoir reprendre les collectes, progressivement, début juin.Mais pour cela, il faut mettre en place de nombreuses mesures, parfois contraignantes. “Les personnes apporteront leurs vêtements dans des cartons ou des sacs, à l’extérieur, et nous les transporteront à l’intérieur, pour éviter que trop de personnes ne se croisent”, explique Serge Urias.
Par manque de moyen, l’association ne pourra pas laver les vêtements, ils indiqueront donc aux bénéficiaires de les laver eux même. “Nous avons déjà eu deux familles, à qui nous avons donné quelques vêtements, sans qu’elle ne viennent dans nos locaux”, se souvient Serge Urias. D’autres demandes lui ont été adressées : des naissances, pour le mois de juin en particulier. Si la Croix-Rouge de Bordeaux a du fermer sa boutique, située aux Passages Sainte-Catherine, elle reprendra son activité d'ici quelques jours. "Nous proposons désormais la vente de vêtements sur la plateforme Label Emmaüs, qui rassemble plusieurs associations et entreprises de l'économie sociale et solidaire", explique Jean-Michel Santa Maria, responsable textile de l'unité locale de Bordeaux. La plate-forme propose aussi les vêtements du Relais. Pour projet futur, la Croix-Rouge devrait ouvrir une boutique, pérenne cette fois-ci, aux alentours de septembre, cours Alsace Lorraine, à Bordeaux.