Ce week-end du 10 avril, les promeneurs du Médoc ont fait le triste constat de nombreux échouages d'oiseaux sur les plages entre Hourtin et le Verdon. Plus d'une centaine et d'une seule espèce : des guillemots de Troïl, d'après les premières remontées de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO).
"Sur 100 mètres, il y en avait peut-être 30 ou 40." témoigne David Duclère. C'est ce qui a choqué le promeneur médocain lors d'une ballade, à marée montante, dimanche vers 16h30. "La marée les avait tous alignés... environ tous les deux mètres."
David explique qu'il a l'habitude de venir ici, sur cette plage ou vers Montalivet-les-bains. Des oiseaux morts, il en voit parfois, mais jamais autant !
Signalements à la Ligue de Protection des Oiseaux
"On m'a signalé effectivement ces échouages, ce week-end". Amélie Chaigneau, du centre de soins LPO à Audenge (Domaine de Certes) en Gironde, explique que des personnes ont contacté le centre, depuis samedi 10 avril, pour témoigner. Des dizaines d'oiseaux morts ont été rapportés par la marée, laissés sur le rivage, mi-ensablés.
Sur les réseaux sociaux, certains parlent d'une trentaine rien que sur la plage du Pin sec à Naujac-sur-mer dans le nord de la Gironde, d'autres en ont vu quelques-uns à Soulac ou Montalivet. D'après Amélie, pour l'instant on ne parle que d'"individus morts". Mais ces témoignages ont été répertoriés et "remontés" à l'OFB (Office Français pour la Biodiversité) ainsi qu'à la gendarmerie.
Mais elle précise qu'ils n'ont pas connu un échouage aussi concentré "depuis l'hiver 2013-2014" dont les tempêtes successives avaient, on s'en souvient, occasionné de gros dégâts sur nos côtes emportant quelques mètres de plages.
Morts d'épuisement ?
Mathieu Sannier, Chargé de mission biodiversité à la LPO Aquitaine, indique qu'il n'a pas pour l'heure d'hypothèse pour déterminer les causes de cet échouage massif. "Sur notre base de données, on en compte une centaine..." (... ) "effectivement sur les plages du Médoc".
En général, ce type d'échouage peut être dû à des épisodes de tempêtes "même si ce n'était pas le cas ces derniers jours mais peut-être au large..." Car, comme il nous l'explique, au large de notre côte existe "un couloir migratoire" de plusieurs espèces (également le pingouin, le macareu...) qui ne passent pas exactement au même moment "c'est ce qui expliquerait qu'une seule espèce est concernée".
Ces guillemots passent donc l'hiver au large, plutôt au sud du golfe de Gascogne et remontent vers le nord au printemps. Ils pourraient dans ce cas rencontrer des intempéries, vent et forte houle qui contribuent à les épuiser et causeraient leur mort. Mathieu Sannier le rappelle également : " La ressource en poissons est moindre et la houle les empêche de pêcher" donc de se nourrir et de se refaire une santé.
Que faire si on trouve un oiseau vivant ?
Attention, il n'est pas question de se ruer sur les plages pour sauver des guillemots car, dans ce contexte, "malheureusement très peu d'oiseaux qu'on nous rapportent survivent". Mais si on se trouve en présence d'un oiseau encore vivant, Mathieu Sannier préconise, dans un premier temps, de contacter le centre de soins de la LPO, pour faire ensemble un diagnostic sur l'état de l'animal et ensuite "placer l'oiseau avec précautions, en lui rassemblant les ailes, dans un carton" avant de le rapporter.
C'est quoi un guillemot de Troïl ?
Aussi connu sous le nom de guillemot marmette au Canada (nom scientifique Uria aalge), c'est donc une espèce d'oiseaux marins. Il ressemble et se tient comme un petit pingouin. A l'âge adulte, il mesure entre 38 et 46 cm, avec une envergure (d'un bout d'une aile à l'autre) jusqu'à 73 cm. Ils ont la tête, le dos et les ailes brun foncé, presque noirs, et le dessous du corps blanc et sont doté d'un long bec foncé mince et pointu. La queue foncée courte et arrondie.
Le guillemot niche sur des rivages rocheux, falaises ou pitons rocheux sur les côtes de l'Atlantique et du Pacifique Nord, en Amérique du Nord et en Europe de l'Ouest et du Nord (jusqu'à la péninsule de Kola en Russie).
Pendant la période de reproduction, on le retrouve :
- sur la côte nord du Pacifique en Alaska
- en Colombie britannique et vers le Sud jusqu'au centre de la Califormie
- au Nord du Japon
- sur les côtes de l'Atlantique Nord, du Labrador jusqu'en Nouvelle-Ecosse
- de la Norvège au Portugal
En France, ils nichent essentiellement en Bretagne : dans la réserve du Cap Sizun, dans le Finistère, dans la réserve naturelle des Sept-Îles au large de Perros-Guirec ainsi que dans les falaises du cap Fréhel dans les Côtes-d'Armor.
C'est une espèce pélagique, qui passe presque tout son temps au large sauf en la période de reproduction.
Il plonge jusqu'à 30 mètres de profondeur en moyenne, pour chercher sa nourriture (petits poissons de banc, petits crustacés, vers marins, calmars).
Comment contacter le centre de soins LPO ?
Centre de soins LPO Aquitaine, Domaine de Certes, Audenge (33) : 06 28 01 39 48
7 jours sur 7, de 9h à 12h30 et de 14h à 17h.
Par mail : centredesoins33@lpo.fr
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