Ils le savent, c’est un métier difficile et pourtant ces jeunes ont choisi de se lancer. Qu’ils soient enfants de paysans ou non, ils veulent être les acteurs d’une agriculture pérenne et responsable. Ils sont en formation en Gironde.
La France compte quatre fois moins d’agriculteurs qu’il y a quarante ans. Quatre décennies durant lesquelles le profil des agriculteurs est devenu de plus en plus vieillissant.
Une vérité chiffrée, fournie par l’Insee, loin d’être une fatalité. Ils en sont la preuve. C'est une nouvelle génération d’agriculteurs qui a choisi de nourrir la France quoiqu’il en coûte.
« Si on aime, on ne compte pas »
Ils ont 15 ans et veulent devenir éleveurs. A un âge où l’avenir prend souvent la forme floue du doute, eux savent quelle route ils veulent emprunter.
Norah Horaud est en seconde au lycée agricole de Bazas dans le sud agricole de la Gironde. « Ce n’est pas facile » convient-t-elle. « Même la météo, cela n’est pas toujours dans les bonnes conditions".
Ce n’est pas un métier facile, cela demande du temps. Mais si on aime, on ne compte pas.
Norah HoraudFrance 3 Aquitaine
Norah n’est pas issue d’une famille d’agriculteurs. C’est le cas de bon nombre de ses camarades. C’est l’amour des animaux qui l’a guidé. Une trajectoire atypique, que ses amies comprennent. « Elles se disent que c’est un beau métier et elles ne jugent pas ».
C’est bien connu, les agriculteurs ne comptent pas les heures. C’est valable le samedi comme le dimanche. Ils déclarent travailler en moyenne 55h par semaine, selon l’INSEE. C’est nettement plus que le reste de la population.
Des agriculteurs et agricultrices de plus en plus « formés »
Dans sa classe, la jeune Norah est loin d’être la seule fille. Pourtant, l’agriculture compte de moins en moins d’agricultrices.
En 1982, 61% des agriculteurs étaient des hommes. Aujourd’hui, on est passé à 73%.
Comment expliquer ces chiffres alors que l’ensemble des emplois s’est féminisé. La raison est simple. Selon l’INSEE, « il y a de moins en moins de conjointes d’agriculteurs qui sont elles aussi agricultrices ». En 1982, près de 60% des hommes avaient une conjointe agricultrice, contre 19% en 2019.
La jeune Norah ne peut pas s’appuyer sur l’expérience de ses parents. Elle a choisi de faire une formation. Comme elle, de plus en plus de jeunes décident de passer par un lycée agricole. Celui-ci forme à un diplôme de niveau Bac Pro CGEA.
Il y a quarante ans, « 82% des agriculteurs n’avaient aucun diplôme ou seulement le brevet des collèges », indique l’INSEE. Aujourd’hui, ils ne sont que 14%.
Respect et bien-être animal
Norah se lance dans un secteur agricole où le bien-être animal est largement mis en avant.
Aujourd’hui, des gardes fous existent. On se souvient notamment des polémiques nées de vidéos réalisées par l’association L214 dans des élevages ou abattoirs notamment en Nouvelle-Aquitaine. De l’élevage jusqu’à l’abattoir en passant par la pesée, toutes les phases de la production sont concernées.
Les formateurs sont là pour l’enseigner à leurs jeunes élèves. « Sa mère a peut-être plus de lait, il s’est peut être fait cogner par les autres", explique Pauline Cazeaux son enseignante.
"C’est à nous, éleveurs, d’agir. Et c’est cela qu’ils vont apprendre, en manipulant. On ne fait pas cela pour les embêter. On est derrière certes pour de l’élevage et de la production mais aussi du respect du bien-être animal à 100% ».
Partager avec les clients sur une page Facebook
Eux ont choisi de perpétuer la tradition familiale. Pauline de Biasi a 29 ans. A peine diplômée, elle s’est déjà installée avec son frère petit Simon. Ensemble, ils se lancent dans le maraîchage et la culture des céréales.
Ils ont choisi d’ "apporter une vision moderne" de l’agriculture. Et leurs objectifs sont finalement assez simples : « arriver à montrer qu’on a des produits qualitatifs, que les gens se tournent beaucoup plus vers l’agriculture locale et partager avec eux », explique la jeune femme.
« On a une page Facebook où je partage notre quotidien et tout ce qu’on peut faire sur l’exploitation. C’est cela qui motive ».
Simon, lui, avoue avoir eu quelques moments d’hésitation lors de ses stages. « Mais au final, on se rend compte qu’on n’est pas fait pour faire autre chose."
Même si le salaire était conséquent, on me dit Tu vas travailler en ville dans un bureau", non, je pense que je ne pourrais pas.
Simon de BiasiFrance 3 Aquitaine
En 2019, seuls 1% des agriculteurs avaient moins de 25 ans selon l’INSEE, contre 8% sur l’ensemble des personnes en emploi. Un pourcentage précieux, riche en talents, et bien conscient du labeur qui les attend.