Masques, gants : la bataille contre le plastique et le tout jetable relancée

Retrouvés dans les rues ou flottants dans l'océan, masques, gants et contenants alimentaires deviennent le nouveau visage de la pollution au plastique. Eviter à tout prix un retour en arrière devient l'enjeu majeur des acteurs de l'environnement en pleine crise sanitaire et économique.

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Sur les plages, dans les caniveaux ou accrochés à une branche, les masques chirurgicaux font désormais partie du paysage. 
Un retour en arrière comme on ne l'attendait pas. Nous le savons, chaque pas vers un monde respectant l'environnement est à ce point laborieux qu'imaginer que tout pourrait s'effacer du jour au lendemain ferait perdre espoir au plus fervent militant écologiste. Et là, c'est pourtant bien ce qui est en train de se produire.


Trois pas en arrière

Une chose est sûre, la crise sanitaire a modifié notre rapport au jetable: masque à usage unique à changer toutes les 4 heures, production en masse de bouteilles de gel hydroalcoolique, utilisation continue de produits et autres lingettes désinfectantes, suremballage et plexiglass. L'environnement en prend un coup. 

"Ce que nous redoutons, c'est que les gens perdent leurs bonnes habitudes, interpelle Antidia Citores, porte-parole de l'ONG Surfrider. Notre nuisance en termes de déchets s'est décuplée pendant la crise sanitaire, or il ne faut pas perdre de vue nos objectifs"

Contactée vendredi 29 mai par plusieurs acteurs de l'environnement dont Surfrider, la Ministre de la transition écologique et solidaire Elisabeth Borne a renouvelé son implication dans le maintien de la question environnementale qui se dit au centre de la gestion de cette crise. "Elle nous a assuré que son ministère et celui de la santé travaillaient en étroite collaboration", précise Antidia Citores. 

Des campagnes de sensibilisation ont été relayées sur le site du ministère et sur les réseaux sociaux afin de rappeler à la responsabilité chacun d'entre nous : masques, lingettes et gants doivent être jetés dans un sac poubelle refermable qui doit ensuite être conservé 24 heuers avant d'être jeté dans une poubelle ménagère. 
 


Garder le cap

Des objectifs difficile à tenir en pleine crise sanitaire, déjà suivie de près par la crise économique. Le 3 avril dernier, le président du MEDEF Geoffroy Roux de Bézieux adressait une lettre à la Ministre Elisabeth Borne dans laquelle il demandait "un moratoire sur la préparation de nouvelles dispositions énergétiques et environnementales"
L'organisation patronale exige un report de la mise en application de la loi contre le gaspillage et pour le développement d'une économie circulaire (prévue avant la crise Covid-19) afin de permettre aux entreprises de se remettre de ces deux mois de creux. 

Dans un entretien au journal La Provence lundi 6 juin, la secrétaire d'Etat Brune Poirson répond qu'aucune remise en question des objectifs environnementaux n'est envisagée: 
 

Elle [la loi] ne bougera pas d’une virgule. Rien ne sera modifié dans le texte. Rien de ce qui a été prévu et voté dans la loi ne sera changé. Nous ne reviendrons pas sur l’ambition qui a été fixée. La relance du pays ne se fera pas au détriment des objectifs environnementaux. L’engagement du gouvernement contre le tout-jetable et pour changer nos modes de consommation et de production est irréversible.


La mobilisation se poursuit jusqu'en Gironde où la députée du Bassin d'Arcachon Sophie Panonacle ( LaREM ) rappelle son intransigeance envers la cause environnementale: "nous surveillons de près l'application de ces lois et il est impensable de penser à un quelconque report. Au contraire, le constat désastreux de la pollution après la crise ne doit qu'accéler le processus".
 
Pour la députée LaREM, la sensibilisation est plus que jamais d'actualité: " D'ici mi-juillet, nous espérons pouvoir maintenir la Fête de la Mer et des Littoraux et il est certain que la question des masques, des gants mais aussi des contenants alimentaires en plastique privilégiés par les restaurateurs ou celle des peignoirs jetables dans les salons de coiffure sera évoquée"
 

Aller plus loin grâce à une application mobile et à la recherche

Relever le défi d'un processus durable en pleine période d'instabilité, un consortium de scientifiques français l'a fait. Depuis le mois de mars, des chercheurs expérimentent des solutions de recyclage de masques usagés. Parmi eux, les équipes du département systèmes energétiques et environnement (DSEE) d’IMT Atlantique qui étudient les durées variables de traitement en fonction du degré de contamination. 

Pour la directrice recherche et innovation Laurence Le Coq, étendre la durée d'utilisation d'un masque ne se fait pas en un claquement de doigts:
 

L'enjeu est d'éliminer la charge microbienne des masques après une première utilisation tout en garantissant le maintien de leur niveau de performance. Il ne s’agit pas de passer un masque à la machine à laver. Tout un protocole est à imaginer pour les recycler tout en conservant leurs qualités intrinsèques pour qu’ils répondent aux normes et présentent le même niveau de sécurité qu’un masque neuf pour ceux qui les porteront.


Si à ce jour, les tests effectués par les scientifiques se font en condition réelle, toute une chaîne logistique reste encore à élaborer afin de collecter puis de redistribuer les masques une fois décontaminés. 

En attendant de les voir recyclés, une application mobile sera disponible au mois de juin pour les compter. Les masques pourront être photographiés par les promeneurs grâce à Marine Litter Debris sans mettre leur vie en danger: "il ne faut pas oublier que ces masques restent des déchets médicaux, donc potentiellement dangereux pour la santé s'ils sont ramassés sans précaution, explique Antidia Citores de Surfrider, l'application leur permettra de l'identifier en la rentrant dans une base de données et de la localiser"
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