"Deux veaux dévorés en même pas une semaine" : la présence du loup fortement suspectée dans le Médoc

En Gironde, le sujet préoccupe encore et toujours les éleveurs : le loup est-il aux portes des étables et bergeries ? Oui, vient d'annoncer l'Observatoire du loup. Une présence infirmée par l'Office Français de la Biodiversité, qui continue à nier l'existence de l'animal sur le sol girondin, faute d'éléments tangibles.

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Depuis le 11 juillet dernier, sur sa page Facebook, l’Observatoire du loup admet qu’il y a des loups dans le Médoc. Il met même en garde les éleveurs du coin, et appelle à la vigilance. 

"Nous vous confirmons la présence du loup dans le Parc régional du Médoc"

Sur sa page Facebook, le 11 juillet, l'Observatoire du loup, assure la présence de l'animal sur les terres girondines, avec ces mots : "Nous vous confirmons la présence du loup dans le Parc régional du Médoc, dans une nouvelle phase de pré-installation". 

Cette association, entre autre dirigée par Bruno Lecomte, enquête dans toute la France pour établir une cartographie précise de la présence du prédateur, et n'a aucun doute sur celle-ci dans le département de Gironde.

Deux attaques suspectes au mois de mai révélées par des éleveurs médocains 

Jérôme et Christelle Gendro sont agriculteurs à Queyrac, et pour, eux aussi, la présence de l'animal ne fait aucun doute. 

En mai dernier, ils découvrent deux de leurs veaux disparus et une vache appelant visiblement de l'aide. "c’était la mère du veau qui a été dévoré", explique Jérôme. Car peu de temps après, il fait le tour des 300 ha de ces terres et se trouve face à une scène de désolation, "Un veau aux trois quarts dévorés". 

Avant de le trouver, il a fallu vraiment du temps à l'éleveur : "J’ai cherché pendant un petit moment parce qu’il a été transporté dans un fossé derrière une grosse haie qui faisait une dizaine de mètres de large.", explique-t-il. 

Un deuxième veau est également retrouvé, lui aussi attaqué. 

Pour Christelle Gendro, la présence du loup est une évidence. Maîtresse d'un Saint-Bernard qui lui arrive au-dessus de la hanche, elle connait bien les capacités de son animal et ce qu'il ne peut pas faire. "Personnellement, je ne pense pas que mon chien de 80 kg soit capable de tirer un veau de 50 kg voir plus sur 15 à 20m de distance". 

Des indices collectés sur place évoquent un animal monumental 

Le couple aidé d'un lieutenant louvetier collecte les indices restés sur place, à commencer par des traces de pâtes phénoménales. "On a une pâte de forme ovale, ni très ronde ni toute petite, dont on voit bien les griffes" commente Christelle en regardant des photos qu'elle a prises à l'issue de l'attaque. 

7 cm de largeur pour 10 cm de longueur, et ce, sur 50m de chemin où l'on aperçoit ses traces sur une même ligne. Des éléments qui peuvent sembler caractéristiques du loup. 

On a fait des prélèvements avec le lieutenant louvetier de salive ainsi que de poils, ainsi que des empreintes

Christelle Gendro

Agricultrice

Parmi les photos, également celles des traces de crocs de l'animal. Des traces, elles aussi, commentées par Christelle, "j’ai des mains de femme et j’ai rentré l’annulaire dedans" indique-t-elle. L’écartement est de 6 cm ce qui est énorme". 

Ces prélèvements ont été transmis à un laboratoire qui n'a pas encore transmis ces résultats, mais le couple est certain qu'il s'agit bien d'un loup.

durée de la vidéo : 00h01mn54s
En Gironde, une question brûlante continue de préoccuper les éleveurs : le loup est-il aux portes de nos étables et bergeries ? Selon l'Observatoire du loup, la réponse est oui. Cependant, l'Office Français de la Biodiversité conteste cette affirmation, arguant qu'il manque des preuves tangibles pour confirmer la présence de l'animal sur le sol girondin. ©France 3 Aquitaine

"La veille au soir, j'ai vu cet animal"

Deux jours avant les attaques, Christelle Gendro va vérifier son poulailler et fait une rencontre terrifiante avec un animal qu'elle ne reconnait pas. 

Face à moi, à une quarantaine de mètres se trouve une masse anormalement grande

Christelle Gendro

Agricultrice

 "Ça ne pouvait pas être un renard" insiste-t-elle, avant de commenter son aspect global. Il avait "Comme du poil de sanglier sur un animal qui ressemblait à un chien" plus grand que son Saint-Bernard.  Elle décrit également "des pâtes arrière très coudées", des "yeux jaune orangé striés".

Avant de préciser que Sa fille et son gendre le voient le lendemain. Le soir même, le premier veau était dévoré.

Si ce n’est pas un chien, pas un loup, j’aimerais savoir ce que c’est

Pour Jérôme Gendro, le plus important est que la vérité soit faite sur cet animal hors du commun. 

"Si ce n’est pas un chien, pas un loup, j’aimerais savoir ce que c’est" insiste l'éleveur, très inquiet de la pérennité de son troupeau disséminé sur 300 ha. 

Deux veaux dévorés en même pas une semaine, je me suis dit qu’est-ce que je vais faire, comment ça va se passer, comment je vais pouvoir gérer mon troupeau à l’extérieur ?

Jérôme Gendro

Eleveur

Car derrière la qualification de l'animal, se pose la question des indemnisations, et c'est bien ce qui préoccupe l'éleveur. 

"S'il y a d’autres attaques comme ça, il va falloir trouver des solutions financières et peut-être des conseils de ceux qui ont vécu la même chose ailleurs en France"insiste-t-il. Pour lui, "S’il y a des mortalités trop importantes, quelles sont les ficelles que l’on peut mettre en place pour l’indemnisation". Avant de compléter, "les éleveurs bovins sont touchés fortement par la tuberculose aussi, il y en a de plus en plus en Gironde. Si on doit faire face à des choses comme ça, en plus ça va être dur". 

Car l'éleveur insiste "Il a été confirmé en Charentes, en Dordogne, il a été vu dans les Landes. Il y a différentes choses qui se sont passées en Médoc ici" avant de relativiser. "Ça peut être un loup de passage, mais dans tous les cas, même si c’est un loup de passage, il faut nous en informer."

On ne peut conclure à la présence du loup pour l'OFB

L'office Français de la Biodiversité continue de réfuter la présence du loup dans le Médoc. Tandis que la présence de l'animal est avérée dans 9 départements Néo-Aquitains sur 12, l'office continue de s'opposer à cette théorie en l'espèce. 

Pour Yann de Beaulieu, Adjoint au Directeur régional de l'OFB "Ce sont des animaux qui effectivement ont été partiellement consommés, mais ils ont été consommés post mortem". Selon l'expert, ces animaux, "ne mettent en évidence aucun signe hémorragique qui serait caractéristique d’un cas de prédation, soit pas un loup ou par un autre animal".

 

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