Accident de la route : première cause de mortalité chez les jeunes adultes en Gironde

En France comme en Aquitaine, près d’une personne sur cinq qui meurt sur la route a entre 18 et 24 ans. En Gironde, le chiffre est presque d'un sur trois : c'est la première cause de mortalité chez les jeunes adultes. Une étude sociologique vient de sortir. Elle montre le rapport des jeunes avec la conduite, la vitesse et le risque.

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Rien que pour le mois de février, 38 jeunes entre 18 et 24 ans sont morts sur les routes françaises. 

Les chiffres ne sont pas bons comme ils ne l'étaient pas non plus en 2021 et même 2019. Cette tranche d'âge ne représente pourtant que 8% de la population.

En Aquitaine, le bilan (provisoire) fait état de 2910 accidents, 191 personnes décédées et 3558 blessés durant l'année 2021.

Les jeunes en Aquitaine représentent 9% de la population, mais 18% des personnes tuées sur les routes aquitaines étaient âgées entre 18 et 24 ans (30% en Gironde).

Hyperconnectés

C'est une tendance qui inquiète. Pour cela, la Fondation Vinci Autoroutes a sollicité le travail d'une équipe de chercheurs qui a travaillé sur un ouvrage collectif (" Les jeunes au volant"  aux éditions Erès) dirigé par David Le Breton, professeur de sociologie à l’université de Strasbourg.

Pour la  Fondation, cette étude inédite s'inscrit  dans le cadre de son programme de recherche sur la prévention des risques chez les jeunes conducteurs. Elle s'appuie sur plus de 150 entretiens approfondis menés avec des jeunes de 18 à 25 ans, d’origines géographiques diverses. Elle montre que cette nouvelle génération hyperconnectée, " soucieuse de son autonomie et de la maîtrise de son temps", est " ouverte à de nouvelles formes de mobilité tout en restant très dépendante de la voiture" et décrit des jeunes sans cesse sollicités par leurs objets numériques et tiraillés entre " les injonctions de la vie sociale et une conduite sûre, quitte à prendre des risques".

Quel regard portent-ils sur leur apprentissage de la conduite et l’influence de leurs pairs ? Quels usages ont-ils de leur voiture ? Comment conçoivent-ils leur rapport à la règle, et aux autres, sur la route ? Quelle conscience ont-ils des risques auxquels ils sont exposés et comment y font-ils face ? Mais aussi quel est leur rapport aux outils connectés, à la vitesse, aux campagnes de prévention, aux mobilités partagées et à l’écologie ?

Un risque plutôt au masculin

La voiture reste pour cet âge "un signe indispensable du fait de se ‘sentir’ adulte ". Elle incarne "la liberté de mouvement, l’autonomie au regard des parents ou des amis, elle est au cœur de la sociabilité adolescente quand elle abrite les premiers amours, contribue aux déplacements vers les lieux de fête ou les appartements des amis, les balades…"

La voiture et son usage resteraient aussi "genrés" parmi les jeunes, tout comme le risque routier. La voiture est souvent encore associée à une "manifestation de virilité" chez des jeunes gens. Et même si  les facultés d’anticipation et d’adaptation caractérisent, aux yeux des jeunes, les bons conducteurs, prendre des risques reste une manière d’éprouver la maîtrise de son existence, selon ces spécialistes qui ont analysés les témoignages.

Une prise de risque qu'on retrouve également dans le besoin de maîtrise leur emploi du temps. Ils semblent plus subir la pression sociale, d'être à l'heure, qui les incite à accélérer en dépit du respect du code de la route. La même pression, selon eux, les forcerait à rester joignables en permanence, avec le risque de déconcentration (par les sollicitations sonores lumineuses des notifications).

Manque de sommeil et smartphone

Ils prennent également des risques en méjugeant leurs capacités de conduite, leur état de forme, de fatigue, d'attention. Une fatigue qui est fréquente à cet âge. Ce manque chronique de sommeil est assimilable à une véritable forme de " jetlag social ". Selon le Professeur Carmen Schröder, professeur de pédopsychiatrie des hôpitaux universitaires de Strasbourg et spécialiste du sommeil : "l’adolescence et le début de l’âge adulte sont une période particulière du développement où le sommeil et les rythmes de vie sont soumis à d’importantes modifications qui se manifestent par un décalage progressif des heures de coucher et de lever… Cette période de vie est celle où la somnolence va avoir un vrai impact, non seulement sur la conduite automobile, mais plus généralement sur les conduites à risques".

L'usage du smartphone est devenu pour beaucoup omniprésent. C'est l'objet indispensable à cet âge qui permet d'être en contact permanent avec leurs amis, leurs amis, leurs contacts professionnels ou sociaux. Ils ont dû mal à s'en séparer ou à le couper. Près d’un jeune sur deux (46% des 16-24 ans) déclare ainsi envoyer ou lire des SMS ou des mails en conduisant (Baromètre de la conduite responsable 2021, Ipsos - Fondation VINCI Autoroutes).

Pour contribuer à sensibiliser les 18-25 ans à un usage raisonné de leur smartphone en situation de conduite, la Fondation VINCI Autoroutes lance ce mercredi, sur les réseaux sociaux,  une campagne vidéo intitulée « La notif’ », avec   le Youtubeur Théodort et le comédien Sohan Pague  (vu dans la série Skam ). 

Il s'agit d'inciter les jeunes à résister à l’appel des notifications lorsqu’ils sont au volant : " Je te laisse en Vu, tu me laisses en vie !"

Source Fondation Vinci Autoroutes 

Quels motifs ? Quelle prévention ?

Pour Adeline Depardon, directrice régionale de la Prévention Routière, c'est une des missions de la prévention routière : cibler cette population avec des opérations spécifiques telles qu'en milieu scolaire ou auprès d'organisateurs de soirée, en faisant la promotion notamment du "capitaine de soirée" aussi appelé "SAM". "Quand on fait des actions de prévention, la plupart du temps on parle "prévention des conduites à risques : alcool, cannabis, conduite et vitesse et temps de réaction".

"Il y a une surreprésentation, une surmortalité de cette tranche d'âge et pour des motifs spécifiques".

En général, les motifs sont plutôt liés à la vitesse et à l'alcool. Dans l'accidentalité, ce sont des motifs récurrents mais plus présents au niveau des plus jeunes.

Adeline Depardon - directrice régionale de la Prévention Routière -

France 3 Aquitaine

L'alcool et la vitesse ont des effets aggravants : "ça génère des accidents qui n'auraient pas dû avoir lieu mais, cela aggrave les conséquences de l'accident". 

On pourrait croire que cette surmortalité catégorielle serait due à un manque d'expérience en conduite. Ce que récuse Adeline Depardon : "Ce n'est pas forcément le fait d'être novice, mais le fait de ces comportements spécifiques", comme également la prise de stupéfiants, de "prises de risque".

EN SAVOIR PLUS:

Les jeunes et l'alcool (Prévention routière)

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