Après Créon, Branne et Sauveterre-de-Guyenne, le collège de Cadillac, à son tour, est gagné par cette opération inédite appelée "collège mort". Un moyen pour les enseignants et les parents de manifester leur inquiètude de voir leurs établissements ruraux moins bien lotis.
La scène se reproduit de collège en collège. Un groupe de professeurs qui manifeste devant leur établissement avant de donner leurs cours dans des salles de classes quasiment vides.
Au collège Anatole France de Cadillac, seuls 37 élèves étaient présents ce jeudi sur 630.
En soutien aux enseignants, leurs parents ont fait le choix de garder leurs enfants à la maison.
Une journée "exceptionnelle" par laquelle tout un territoire veut marquer son inquiètude. Comme le résume Sébastien Durand, professeur d'Histoire-géographie :
Ici comme ailleurs, les enseignants se mobilisent contre la réforme des retraites et celle du baccalauréat. Mais en milieu rural, leurs revendications prennent une dimension qui fait écho à celles des Gilets jaunes : la fracture du territoire et les inégalités qui se creuseraient entre la métropole bordelaise et sa campagne. Cyril Verjus, professeur de mathématiques, n'accepte pas que l'offre pédagogique soit différente :C'est un mouvement de désespoir, d'inquiétude et de colère. C'est tout un territoire qui se met en mouvement à travers ses collèges.
Nous sommes un collège rural. Notre lycée de secteur est celui de Jean Moulin à Langon qui ne propose que l'anglais en langue vivante, alors que dans les lycées de Bordeaux et sa périphérie, il y a beaucoup plus d'offres pédagogiques. Est-ce que c'est normal que les enfants issus de milieux ruraux n'aient pas la même offre pédagogique ? Nous ne le croyons pas.
La présidente des parents d'élèves, Christine Larose, fait également le constat que le collège peine à trouver des remplaçants en cas d'arrêt maladie. Les classes sont surchargées, les condtions de travail rudes. Le métier attire moins. Le nombre de candidats au concours a baissé de 15% cette année. Et la réforme de la retraite pourrait encore accentuer ce manque de vocations. Sébastien Durand le vit assez mal
Notre métier plaît de moins en moins. Il doit dégager une image négative. La durété du travail. La faible rémunération. On a besoin que l'on pose sur nous un regard apaisé. La réforme de la retraite nous touche en plein coeur. C'est un métier exigeant, passionnant mais difficile. A la fin de ce chemin professionnel, nous voulons une retraite décente. Ces quelques centaines d'euros qui vont nous être enlevées sont insupportables.
Ces professeurs n'étaient pas grévistes. Ils ont donc assuré leur cours normalement. Reconduiront-il leur opération "collège mort"? Le collectif syndical votera pour se déterminer.
A Cadillac, le reportage réalisé ce jeudi matin 30 janvier ►