La Confédération Nationale du Logement appelait, ce matin, ses adhérents et sympathisants à faire corps pour s'opposer à l'expulsion programmée d'une famille pessacaise, domiciliée dans un bâtiment de la résidence Saige Formanoir. Face à ce mouvement, l'huissier procédant ne s'est présenté.
Une famille comme une autre que les accidents de la vie empêchent d'honorer ses devoirs financiers envers son bailleur. En l'occurence, le propriétaire du logement est Domofrance, un des bailleurs sociaux de Bordeaux. Fort d'une dette locative considérable, Domofrance avait été en justice pour obtenir un recouvrement progressif des loyers impayés.
Regardez le reportage de Yannick de Solminihac et Michel Vouzeleaud:
- Monique Brizard, locataire
- Gérard Vallée, Confédération Nationale du Logement-Saige-Formanoir
La fatalité s'est abattue sur cette famille
L'épouse a subi des soins suite à un cancer du sein. Le désarroi et les hospitalisations ont fait perdre de la rigueur dans les obligations de la famille, d'autant que le mari n'a pas de travail fixe, il est distributeur de journaux d'annonces gratuites et de publicités. Malheureusement pour lui, son moyen de locomotion est en panne, et les coûts de la réparation ne sont pas envisageables. Donc, plus de petit boulot qui puisse faire rentrer de l'argent dans le foyer familial. Leur fille, une adolescente de 17 ans, vit avec ses parents, elle est encore scolarisée. Avec leurs maigres ressources, ils tentent de vivre et de se nourrir décemment, mais ils n'ont pas pu faire face aux engagements qu'ils avaient pris devant la juridiction au moment de la conciliation. Alors l'expulsion a été prononcée.Un droit au logement
En prenant fait et cause pour cette famille, la Confédération Nationale du Logement (CNL) rappelle qu'elle a fait part aux différentes institutions de l'Etat de ses revendications sur ce sujet. La confédération souhaite un allongement de ce que l'on nomme "la trêve hivernale". Cette période qui débute au mois de novembre prend fin en mars, le jour de célébration du printemps. La rallonger permettrait aux personnes en difficulté de rechercher des solutions pérennes afin de conserver leur droit au logement. De rappeler aussi que la charge du loyer prend une part de plus en plus importante dans les revenus des foyers modestes. De petits incidents de la vie peuvent mettre en péril un fragile équilibre.La CNL s'est ouvertement opposée à cette expulsion parce qu'elle ne veut pas voir des situations déjà dramatiques, lorsque les loyers ne peuvent plus être payés, plonger des familles dans l'exclusion de la société. A défaut de compassion, la CNL souhaiterait que des fonds soient mis en réserve pour couvrir les impayés de loyers, mais qui garantirait ces dettes locatives ?
L'huissier a déjà précédemment fait l'inventaire des biens meubles qui se trouvent dans l'appartement, la saisie est conservatoire, les locataires ne peuvent pas les vendre pour éponger leurs dettes. Aujourd'hui, il devait notifier et exécuter une décision de justice pour procéder à l'expulsion de la famille de ce logement, mais il a préféré ne pas se présenter afin de ne pas envenimer les choses. La confédération voudrait se placer en interlocuteur entre le bailleur et le locataire pour ne pas arriver à une mesure plus radicale, l'expulsion avec usage de la force publique.