Le candidat du NPA se lance pour la 3e fois dans la course à la présidence de la République. Passage obligé : recueillir 500 signatures d'élus. Ses équipes sont sur le terrain, en Gironde notamment, pour les obtenir.
« Bonjour monsieur, on vient pour le parrainage du candidat du NPA, Philippe Poutou », lance Francis, un militant, au maire (sans étiquette) de Bourg-sur-Gironde. « Oui de nom je connais », répond Pierre Joly qui n’a pas encore accordé son soutien à un candidat en particulier. « Non, je ne l’ai pas donné car la difficulté dans nos villages de petite taille, c’est que c’est de suite apparenté à du militantisme. Je suis d’accord avec vous, cela limite la démocratie, au niveau de l’expression".
Mais les gens pensent que dès qu’on a donné notre parrainage on vote pour les personnes qu’on a parrainées, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui .
Pierre Joly, maire de Boug-sur-Gironde
"Tu influences les habitants"
Dans ces petites communes beaucoup d’élus ont fait le choix d’être sans étiquette. Alors soutenir officiellement un candidat n’est pas aisé. Depuis plusieurs années, le parrainage n’est plus anonyme. Et cela représente probablement un frein pour certains élus.
« Vous ne pouvez pas faire preuve de pédagogie ? », lui demande l’autre militant. La réponse fuse. « C’est à vous de le faire. J’ai des collègues qui m’ont expliqué qu’ils ont eu ce souci-là. Dans leur commune on leur dit : « toi en tant que maire tu as donné (ton parrainage, ndlr), donc tu influences les habitants ». Ce que je n’ai pas du tout l’intention de faire ».
Difficile chemin de croix pour les équipes du Nouveau Parti anticapitaliste. Les rendez-vous s’enchainent ce matin-là et pour l’instant ils n’ont recueilli aucune signature. « On avait été prévenu que cela allait être difficile », sourit Simon, animateur socio-culturel. « On aura peut-être nos 500 signatures, si on prend le temps de faire toutes les mairies les unes après les autres. L’argument qu’a donné le maire, c’est l’argument qu’on a souvent. C’est que les maires ne veulent pas être apparentés ou assimilés à un parti politique".
Alors que nous tout ce qu’on demande c’est une représentation démocratique de tous les petits partis qui veulent se présenter aux élections présidentielles.
Simon, militant NPA
"Et je pense qu’on n’est pas le seul (le NPA, ndlr) à souffrir de ces 500 signatures et à courir après elles tous les cinq ans pour essayer de montrer les idées qu’on n’a pas forcément à la télé tous les quatre matins », conclut Simon.
"Il faut de tout pour faire un monde"
L’un est en congés, l’autre à la retraite. Quelques kilomètres plus tard, le duo rencontre Francis Berard, le maire (SE) de Prignac-et-Marcamps. Loupé, il a déjà donné son parrainage, et à un autre candidat que Philippe Poutou. « Il est arrivé trop tard », se justifie le maire sourire aux lèvres, « mais je le connais, je suis un ancien collègue de chez Ford ». Est-il important à ces yeux que Philippe Poutou, également conseiller municipal à la mairie de Bordeaux, réussisse à recueillir ses 500 signatures ? « Il défend les ouvriers d’une part, et puis pour moi il faut un peu de tout pour faire un monde ». Philippe Poutou, ancien ouvrier syndicaliste à Blanquefort, s’est présenté à l'élection présidentielle de 2012. Il avait recueilli 1,15 % des voix. Il a été à nouveau candidat en 2017, et a obtenu 1,09 % des suffrages.
Le candidat de l’extrême gauche n’aura pas non plus le soutien du maire de Saint-Laurent-d'Arce. « La réponse est non », répond clairement Jean-Pierre Suberrvillle, maire lui aussi sans étiquette. « Parce que je ne me sens pas proche des idées du NPA avec tout le respect que j’ai pour monsieur Poutou et pour les personnes qui sont en face de moi ». Pas de quoi décourager les deux militants puisque le Nouveau Parti anticapitaliste aurait déjà récolté 200 signatures en France.
Le parrainage comment cela marche ?
Le parrainage existe depuis 1962. Il vise à déterminer la capacité d’un candidat à être candidat à l’élection présidentielle, mais aussi à éviter les candidatures trop nombreuses ou fantaisistes. Jusqu’en 1976, cent signatures étaient nécessaires. Elles sont passées depuis à 500.
Les maires peuvent apporter leur signature mais pas uniquement. C’est aussi notamment le cas des sénateurs, députés, conseillers départementaux et régionaux, les présidents des organes délibérants des métropoles, des communautés urbaines, des communautés d’agglomération, les présidents des communautés de communes.
Les parrainages doivent émaner d’élus d’au moins 30 départements ou collectivités d’outre-mer différents. Les élus ne peuvent parrainer qu’un seul candidat. C’est le Conseil constitutionnel qui validera les parrainages. Depuis l'élection présidentielle de 2017, les noms des élus ayant parrainé un candidat est rendue intégralement publique.