On en rêve : profiter à nouveau de la plage. On l'espère pour le 16 mai en Gironde. Mais attention, pas question de poser la serviette sur le sable. Seul "un usage dynamique" de la plage sera autorisé. Voici comment les maires l'envisagent.
Lacanau, Lège-Cap-Ferret, Grayan-et-l'Hôpital, Vendays-Montalivet. Ces communes du bord de l'océan sont pressées de rouvrir leurs 124 kilomètres de plages. Hier matin, une partie d'entre elles a travaillé toute la matinée pour harmoniser ces mesures et présenter un socle commun.
C'est Laurent Peyrondet, le maire de Lacanau et président du Syndicat à Vocation Unique pour la Surveillance des Plages et des Lacs Girondins qui sera chargé de l'envoyer par internet demain avant midi à la préfecture.
Car dans un premier temps, il n'est pas question de reprendre nos habitudes. Les maires défendent un "usage dynamique" de la plage. En clair, pour le bronzage allongé sur la serviette, le pique-nique et même la baignade, il faudra encore patienter. En revanche, on pourra marcher, courir ou faire du surf :L’intérêt, c'est de pouvoir démarrer le plus tôt et se préparer le 2 juin pour les serviettes.
Bonne nouvelle, les Bordelais pourront aussi y accéder. La loi prorogeant l’état d’urgence sanitaire a été définitivement adoptée par l'Assemblée Nationale hier, samedi 9 mai. Elle autorise les déplacements sans attestation à moins de 100 kilomètres de son domicile. Mais, par ailleurs, tout rassemblement de plus de 10 personnes est interdit.Ca permet de travailler avec la Fédération de surf et de donner la possibilité de relancer les écoles de surf et les commerces justifie Laurent Peyrondet.
Cette réouverture des plages ne risque-t-elle pas de provoquer un débarquement de tous les Girondins confinés depuis deux mois ?
A Soulac, Xavier Pintat préférerait "un déconfinement progressif plutôt réservé aux riverains sans faire un appel d’air des Bordelais et des Parisiens". Lui aussi attend de nouvelles règles après le 2 juin
Alors on pourra poser la serviette dans un deuxième temps, j’espère en juillet- août, pour passer la saison la meilleure possible.
Sauver la saison touristique, c'est bien l'enjeu de ces communes. Et c'est inenvisageable sans la réouverture des plages.
La population de Vendays-Montalivet passe de 2 500 habitants à 48 000 au plus fort de la saison. Jean-Antoine Trijoulet, le premier adjoint
délégué à la gestion de la station balnéaire et du personnel prépare la réouverture depuis le 17 mars.
Il y a de la place pour tout le monde. On a des plages très étendues qui n'ont rien avoir avec les plages de la Méditerranée. Moi, ca ne me fait pas très peur. Les gens ont pris l'habitude d’être à distance. Si on peut aller au supermarché ou rue Sainte-Catherine à Bordeaux pourquoi on ne pourrait-on pas aller à la plage?
Laurent Peyrondet va plus loin encore et "souhaite" ce rush :
On sait très bien que, s’il fait beau, les Bordelais vont venir se balader sur le front de mer.
Le maire de Lacanau a prévu des "Ambassadeurs", des bénévoles, du personnel des écoles de surf pour faire de la prévention et rappeler les règles, en particulier de distanciation.
Mais c'est déjà à l'étape suivante que se projettent ces maires. Cet été, ils seront peut-être obligés de composer sans les touristes étrangers et plus que les plages bondées, ce sont les plages vides que redoute Jean-Antoine Trijoulet. Or, pour Vendays-Montalivet, "le tourisme est un élément moteur de l'économie locale" . Alors ces maires du littoral lorgnent les Français qui ne pourront pas partir à l'étranger.
Pour les plages du Bassin d'Arcachon, l'équation est tout autre, et le dossier qu'enverra demain Yves Foulon sera bien différent.
Soumis comme ses voisins à la double injonction de respect de la distanciation et d'interdiction de rassemblement de plus de 10 personnes, le maire d'Arcachon n'est pas inquiet :
Yves Foulon veut rouvrir pour le week-end du 16 mai.Sur nos plages urbaines, c'est beaucoup plus facile que sur les plages océanes. Elles sont beaucoup mois étendues en largeur et en longueur et en voiture, vélo, à pied ou à cheval, on voit tout depuis le front de mer.
ll y aura une entrée et une sortie. On évite ainsi aux gens de se croiser et on peut réguler le flux. j’ai refusé du monde du 15 mars au 10 mai, vous savez. Je ferai comme pour l’Olympia (NDR le théâtre arcachonnais, labellisé « scène conventionnée pluridisciplinaire à dominante danse), quand c'est plein, on ferme.
Une fois entré, il n'y aura pas de durée limitée, chacun pourra se promener ou courir aussi longtemps qu'il le souhaite. Pas de masques obligatoires non plus.
Il y a des endroits de masse qu’il faut réguler comme les gares, le tramway ou les plages. Simplement, il faut rappeler les règles, sous forme d'affiches et autre signalétique et mettre des moyens humains.
20 policiers, des Maîtres nageurs-sauveteurs et les placiers de la mairie. La ville d'Arcachon a des ressources qu'elle mobilisera.
On ne peut pas compter que sur le comportement et la responsabilité citoyenne. C’est de nous dont il s’agit. Le but, c’est de préserver notre santé. Je suis convaincu que sur nos plages plutôt familiales, il n'y aura pas de problèmes. A Arcachon nous n'avons pas une population de jeunes qui viennent faire la fête.
La préfecture examinera les dossiers envoyés par les maires en début de semaine prochaine. Si elle accorde l'autorisation, la réouverture serait possible le week-end prochain. En espérant que le soleil ne reste pas confiné.