Uzeste : du pain pour les voisins grâce à une boulangerie associative et un ancien four à pain

Le projet date de début 2019 avec la fermeture de la boulangerie de ce village de Sud-Gironde. Mais le contexte épidémique a finalement accentué le besoin des habitants de redonner une boulangerie à leur village. Grâce aussi au four ancien qui dormait dans le jardin du médecin du village.

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Ce mardi, c'est le jour de la fournée. "Il y en a une tous les trois jours depuis le confinement" nous raconte Marion, la boulangère.

Mais pour l'instant, on ne peut pas le vendre, on met une boîte...pour ceux qui veulent. Ça permet de payer les frais, la farine, le sel, le gaz.

La fournée de la mi-journée devrait donner une cinquantaine de pains de 800g qui seront partagés en deux pour une centaine de familles.
 

Mais, paraît-il, beaucoup d'autres voudraient en acheter, notamment via les maraîchers locaux qui sont d'accord pour les prendre en dépôt. 
Bref, une belle initiative à laquelle se sont associées de nombreuses énergies et qui ne demande qu'à s'épanouir dans un cadre commercial.
 


Une femme boulangère

Pour Marion Duquesne, 36 ans, fabriquer le pain fait partie du quotidien depuis une dizaine d'années. Elle travaillait auparavant dans les Landes et n'a passé son CAP en boulangerie qu'en 2017. Un diplôme qui lui permettrait éventuellement de s'installer.

Elle avait appris qu'Uzeste n'avait plus de boulanger depuis début 2019. Un village qu'elle connaissait grâce au festival et aussi parce que sa soeur habite à côté. 
C'est aussi une rencontre avec les habitants. Ici dans le Sud-Gironde, il flotte une énergie particulière et communicative... alors qu'on ne compte que 387 habitants à Uzeste.

Et Marion de préciser: "Cette histoire n'est pas mon initiative personnelle mais le projet des Uzestois et ce sont eux, les habitants du village, qui m'ont proposé de les rejoindre. Et il se trouve que leur projet correspond à une envie que j'ai, effectivementn de travailler en collectif".
Elle évoque les réunions publiques depuis janvier, qui, à Uzeste insistaient sur cette nécessité de recréer une boulangerie au coeur du village.

Ils ont, ensemble, imaginé cette "coopérative", la "SCIC", comprenez une société Coopérative d'intérêt collectif.
L'idée étant que du salarié-boulanger, aux fournisseurs, habitants, municipalité, région,... tous soient acteurs et sociétaires.

On parle bio, de pain sain, de circuit court et même patrimoine: quelqu'un évoque le four du bourg, qui n'a pas été utilisé depuis bien longtemps... chez le docteur Séguin.
 
L'idée serait, ensuite, de réinvestir la boulangerie du village qui appartient à la municipalité. Mais avec les élections, le confinement, beaucoup de choses sont restées en suspens. Marion attend beaucoup de son entretien, à la fin de la semaine avec la municipalité, la nouvelle maire, pour faire avancer son projet.
 


Une initiative bloquée mais accélérée par le confinement

Et pourtant, cela semblait compliqué. Car cette même semaine de confinement (mi-mars), ils avaient prévu de faire des essais avec le four dont on avait parlé à Marion. C'était l'ancien four à bois du bourg que l'ancien médecin a bien voulu mettre à disposition de l'association, dans son jardin.

Il y avait une grande émotion à la première fournée!

Et justement parce que les gens étaient confinés, le collectif s'est ensuite mobilisé "en respectant bien-sûr les normes d'hygiène", pour qu'une personne aide au four, une autre à la livraison, au début. Ensuite, les gens ont pu se déplacer pour chercher leur pain.

Ainsi, durant deux mois, chacun à Uzeste a pu profiter de ce pain-collectif:

J'avoue qu'aujourd'hui, on est fiers de dire qu'on a "nourri" de notre pain une cinquantaine de foyers durant le confinement!
Marion Duquesne, la boulangère.

"Au début, on était discrets sur notre fabrication. Mais d'avoir fait ce pain nourrissant pour les habitants, on était contents.

Aujourd'hui, notre idée c'est de faire connaître notre histoire publiquement. Aussi pour que les autres Uzestois notamment puissent en bénéficier".

Bien-sûr, faire du pain, en période épidémique, d'incertitudes, d'isolement... a une haute portée symbolique. Sans compter l'implication d'un bon nombre d'habitants: " de 18 à 70 ans je pense"...
Remettre le four en service, utiliser du blé ancien, pour certains, cela pourrait paraître un retour en arrière.
Pour les acteurs de ce pain collectif, la démarche suit une logique de la terre au consommateur : du blé bio ancien transformé par le meunier, pétri, cuit (par le collectif) et consommé localement.
 

Du pain bio au levain


Côté pain, il s'agit d'une fabrication traditionnelle, au levain, utilisant la farine bio de fournisseurs eux-aussi séduits par cette démarche. Des paysans-meuniers, Jean-Philippe et Isaline Bouix, qui fournissent donc cette farine de variétés anciennes de blés bios, produits localement au Domaine de Glayroux à Sigalens.

Le savoir-faire de la boulangère intervient aussi sur cette matière première particulière. Car cette farine à base de variétés anciennes, au gluten complexe (et plus digeste d'après les producteurs) nécessite un temps de pétrissage et de repos plus lents.
 
 

Trois céréales anciennes

Marion connaissait le couple déjà quand elle travaillait dans les Landes. Jean-Philippe et Isaline se sont installés en 1999 sur une exploitation céréalière à Sigalens en Gironde. Ils y avaient entrepris à la fois une transformation de la culture (céréalière) en bio mais aussi la plantation de vignes.
Dans le même temps, ils se sont attelés à faire des tests de céréales anciennes sur des parcelles. Leur vocation est double: contribuer à préserver des variétés locales tout en produisant des céréales selon eux plus interéssantes, plus nutritives et digestives. Ils n'ont installé le moulin que depuis deux ans.

Aujourd'hui, pour la première année, ce sont 20 hectares de trois blés qui devraient être moissonnés en juillet:
  • le rouge de Bordeaux
  • le barbu de La Réole
  • le blanc de Touzelle

En plus cette année, avec les pluies d'automne au moment du semis, c'est une année compliquée!
Isaline - meunière

En tout cas, ils ont suivi, de loin "car avec le confinement il n'y avait plus de réunion", l'expérience de Marion à Uzeste avec intérêt car cela correspond à leur idée d'une production locale "avec des relais locaux".


Aujourd'hui, Marion, avec le collectif, pétrit et cuit le pain tout en distribuant des tracts à tous les "sympathisants" d'Uzeste et des alentours qui ont, à leur façon, fait exister ce projet. 
L'association voudrait pérenniser cette boulangerie, pour l'instant hors-les-murs, et fédérer un maximum d'amateurs pour pouvoir donner une "boulangerie durable à Uzeste".
 

 

contacts de l'association :
David Brunet : dv.brunet@orange.fr
Marion Duquesne: m.duqck@gmail.com
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