Ce jeudi 18 novembre marquait la journée nationale de lutte contre le harcèlement à l'école. Un harcèlement dont les formes évoluent avec l'arrivée des réseaux sociaux. Les institutions commencent à se saisir du dossier, mais est-ce suffisant ?
Le harcèlement, c’est la violence répétée d’un groupe, le plus souvent, envers un élève. Une violence verbale, physique ou morale qui se fonde sur la différence (apparence, appartenance à un groupe, sexe, identité de genre etc.) aussi bien à l’école que dans la rue et qui se poursuit de plus en plus sur les réseaux sociaux.
#anti2010
Dernier fait marquant en date, en septembre avec le #anti2010. Le mot-clé appelait à menacer, parfois de mort, les enfants tout juste entrés en 6e. Avec des vidéos virales sur TikTok. Sans oublier les cas de pornodivulgation.
Les réseaux sociaux démultiplient la violence. En plus de créer une continuité avec l’école, empêchant à la victime d’être sereine même à la maison, ils offrent une audience plus large aux harceleurs. La honte d’une victime est parfois visible d’un établissement à l’autre.
Une ampleur certaine mais difficile à cerner
L’ampleur exacte du harcèlement reste difficile à appréhender car, à l’évidence, il est difficile pour les victimes de parler, de se confier. La honte, la peur de parler, la peur de représailles empêche la confidence.
6 à 10 % des élèves subiraient une forme de harcèlement, soit 800 000 à 1 million de jeunes, selon une mission d’information du Sénat de septembre. Pour le cyberharcèlement, c’est même 1 élève sur 4. Ces chiffres, basés sur le déclaratif sont donc à prendre avec des pincettes.
Il y a 30 ans, il n’y avait pas d’élèves dyslexiques, ironise Marc Bartoli, référent académique. On n’avait que des élèves « nuls en orthographe ». Sur le harcèlement, c’est pareil. On parlait de chamailleries, on se disait que ça leur passerait aux enfants qui pleuraient. Désormais, nous sommes à un tournant. Nous amorçons la pompe.
Dans l’académie de Limoges, 55 situations sont remontées et ont été traitées sur l’année scolaire 2020-2021. 6 depuis la rentrée. On est donc, si l’on prend les pourcentages nationaux, sans doute loin du compte avec 112 000 élèves au total. Le nombre de cas remontés est plus faible que ces dernières années. En 2017-2018, 69 cas ont été signalés et même 76 en 2016-2017.
"Les premiers textes sur le climat scolaire datent de 2013. On n’avait pas les mêmes réponses avant mais cela ne veut pas dire qu’on n’intervenait pas", précise July Auriat, référente académique.
Un sujet pris à bras le corps, enfin
Le milieu éducatif peine à apporter une réponse, c’est le constat de la mission d’information du Sénat publié en septembre.
Ce jeudi 18 novembre, journée nationale de lutte contre le harcèlement, le président de la République a annoncé le lancement d’une application pour dénoncer les faits de harcèlement et le renforcement législatif du contrôle parental.
Des mesures qui complètent celles du ministère de l’Éducation nationale. En particulier le programme pHAre, expérimenté dans 30 collèges du Limousin et généralisé à tous en septembre 2022. Le programme de lutte contre le harcèlement à l'école finance davantage les plateformes nationales d’écoute (le 30 20 pour le harcèlement et le 30 18 pour les violences spécifiquement en ligne) et des formations au cyberharcèlement.
La parole se libère, et de plus en plus de personnes sont formées pour accueillir cette parole
Les formations du personnel ont commencé en août dans l’académie de Limoges. "Elles ne sont pas nouvelles. Avant c’était une préoccupation pédagogique désormais c’est dans la loi", appuie Marc Bartoli. 90 personnes ont été formées, davantage encore sont sensibilisées. Dans le premier degré, les sessions d’information et sont systématiques chez les nouveaux enseignants et chefs d’établissement.
Aussi, les académies ont deux référents au harcèlement, avant 2019 il n’y en avait qu’un seul. Les départements en ont aussi.
Pour contacter les référents académiques : il faut composer le 05 55 11 43 95 ou écrire à stopharcelement@ac-limoges.fr
Enfin, en Limousin, des associations comme l’Aroéven, le Centre écoute et soutien ou Ose le dire peuvent vous venir en aide. Tous ces numéros sont gratuits.