C’est un procès hors normes qui va s’ouvrir lundi 14 octobre 2024 à Châteauroux. Celui de 19 personnes de familles d'accueil, accusées d’avoir violenté physiquement et psychologiquement une vingtaine d'enfants. Maéva Charles, 16 ans au moment des faits, relate avec courage les violences qu'elle a subies.
"On était mal nourri."
Maéva Charles a 23 ans. Elle se souvient de son placement en famille d'accueil en Creuse. Elle n'avait alors que 16 ans. Forcément, les souvenirs sont lointains. Elle marque une pause, puis reprend : " Pour se laver, la douche était vraiment sale. Il n'y avait pas d’eau chaude."
Contactée à distance par appel vidéo vendredi 11 octobre, Maéva Charles relate les faits qu'elle a subis il y a sept ans. À des violences psychologiques et dégradantes, s'ajoutent des violences physiques.
"Les violences sont arrivées vers la fin, se remémore la jeune femme. J’avais un téléphone durant ce séjour. À chaque fois qu'il se passait des choses, je me confiais à ma maman. Je lui ai tout raconté. Quand l'hôte a voulu me prendre mon téléphone. Je me suis débattu, et il m’a frappé."
La personne qui l’a accueilli va devoir répondre de cela devant la justice.
Une affaire judiciaire invraisemblable
C’est un procès hors normes qui va s’ouvrir lundi 14 octobre 2024 à Châteauroux. Celui de 19 personnes de familles d'accueil, accusées d’avoir violenté physiquement et psychologiquement une vingtaine d'enfants.
De 2010 à 2017, l’Aide Sociale à l'Enfance (ASE) du Nord a confié une vingtaine d’enfants à des familles d’accueil sans agréments, donc illégalement. Les enfants ont été placés dans les départements de l'Indre, Haute-Vienne, et en Creuse comme Maéva.
"On m’a dit que je partais trois mois en séjour de rupture, explique-t-elle. Je devais être placée dans une structure. J'aurais dû avoir mon intimité ; ma chambre, une certaine autonomie. Mais quand je suis arrivée en Creuse, j’ai vu un corps de ferme dans un très mauvais état. J'étais un peu choquée."
Elle passe deux jours dans la maison puis faute de place, on la loge seule, dans une caravane à quelques mètres de là : sans eau chaude ni électricité.
Qui blâmer ?
Au total, ce sont 19 personnes qui comparaissent pour, entre autres chefs d’accusations, graves maltraitances. Parmi les absents, l’ASE. Pourquoi le département, dont elle dépend, n’est pas concerné par le procès qui doit se tenir devant le tribunal de Châteauroux ? C’est un point clé que soulèvent les avocats des parties civiles.
"J'aurais aimé que l’ASE se constitue partie civile aux côtés des enfants, confirme Maître Myriam Guedj Benayoun, avocate de la partie civile. Il y a eu des défaillances. C’est à eux de vérifier l’agrément. Il y a eu des signalements pendant ces sept années. Et comme ce sont des enfants en difficulté, on ne les croyait pas."
Maître Benayoun représente sept victimes. Elle espère que ce procès fera jurisprudence. Maéva Charles se dit quant à elle soulagée de prendre la parole. Son appréhension des prochains jours est néanmoins importante, alors que le procès s'ouvrira lundi 14 octobre.