Spécialisée dans la rénovation de bâtiments publics et privés, l'entreprise Villemonteil, domiciliée à Couzeix en Haute-Vienne, a demandé à être mise en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Limoges. Objectif : sauvegarder l'existence de cette société créée il y plus de 40 ans.
C'est une situation inédite pour l'entreprise Villemonteil, située à Couzeix en Haute-Vienne. Continuité des conséquences de la crise sanitaire, augmentation du prix des matériaux, baisse des activités en 2023 : la société a enregistré une perte de cinq millions d'euros de chiffre d'affaires l'année dernière. "En 2024, la position était forcément très délicate, c'est un moment difficile pour l'ensemble des 104 collaborateurs de l'entreprise", admet Jean-Louis Tharaud, président de Villemonteil. "Et malgré tous les efforts que nous avons déployés pour restructurer, malgré les appels de pied à nos partenaires, cela ne nous a pas aidés à régler la situation".
Après plusieurs mois de travail pour tenter de sauver l'entreprise, le dirigeant, l'avocat et les représentants du personnel de l'entreprise ont demandé la mise en redressement judiciaire de l'entreprise. "Ce redressement peut prendre plusieurs formes", explique Maître Jean-Christophe Chastagnier, avocat de Villemonteil. "C'est l'entreprise qui se restructure, qui a soit le chiffre d'affaires suffisant pour payer les dettes ; soit qui va chercher un repreneur, pour sauver les emplois et poursuivre les chantiers".
Survie de l'entreprise
L'objectif : la survie de l'entreprise créée par Jacques VIllemonteil en 1980 et qui emploie plus d'une centaine de salariés sur cinq sites en France.
Spécialiste de la rénovation en site occupé, elle intervient dans l'hôtellerie, les Ehpad, les banques et les bureaux. Malgré un chiffre d'affaires de 28 millions d'euros en 2022, la PME traverse donc sa plus grosse crise. Mais selon le président Jean-Louis Tharaud, les contrats des salariés seront honorés : "il y a des gens compétents, qui ont de la valeur, de l'ancienneté. On a un savoir-faire particulier dans notre métier, c'est ça qui va pouvoir sauver l'entreprise. De plus, on fera tout notre maximum pour sauver les chantiers de nos clients qui nous ont fait confiance jusque-là".
Le tribunal de commerce a donné six mois à l'entreprise pour se redresser ou trouver un repreneur.
Un secteur en difficulté
Cela fait déjà quelques années que le secteur du BTP est en difficulté, pour les mêmes raisons qui ont poussé Villemonteil à demander un redressement judiciaire : crise sanitaire, retards d'approvisionnement ou encore prix des matériaux.
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"Heureusement, le ralentissement de l'inflation est un soulagement pour les sociétés", indique Jean-Michel Albaret, secrétaire général de la Fédération du bâtiment de la Corrèze. "Mais on sent bien que les demandes des particuliers sont en berne, notamment pour les constructions neuves".
En effet, en Corrèze, les demandes de permis de construire ont chuté de 19,5% en un an (note de conjoncture en Corrèze de la Cellule Economique Régionale de la Construction pour le mois de septembre), et les mises en vente de logements neufs aux particuliers ont chuté de 21% par rapport au même trimestre l'année dernière. Résultat, 22 entreprises sont en redressement ou en liquidation judiciaire : "les entreprises qui sont le plus en difficultés sont des petites structures, pour la plupart qui proposent seulement du logement neuf", complète Jean-Michel Albaret.