Aussi paradoxal que cela puisse paraître, sur les chantiers, le premier ennemi, c'est l'eau. Et les caprices de la météo ne facilitent pas le travail des ouvriers, certains travaux n'étant réalisables que par beau temps. Est-ce que les pluies incessantes des derniers mois mettent à mal le travail des ouvriers du BTP ? Enquête.
Étienne est à la tête d’une entreprise de maçonnerie de vingt-cinq salariés, il tient les comptes : en 4 mois, seulement vingt-trois jours ouvrables de beau temps. Une épreuve sur ce chantier d’école en construction qui nécessite d’être au sec pour poser certains matériaux, comme ces parpaings en chanvre. "Ce sont des matériaux qui n'admettent pas la présence d'eau, lors de leur mise en œuvre. On est obligé d'avoir au moins une semaine de beau temps consécutif pour pouvoir mettre en œuvre tous ces matériaux, sans interruption de tâches. Comme ça n'a pas été le cas cette année, ça a occasionné des retards assez conséquents sur les chantiers", regrette Etienne Chaminade, directeur général S.A. Boutillet (Limoges).
Concernant les sols, c’est pareil : si le taux d’humidité est trop élevé, pas de pose de lino ou de carrelage. Et tout s’enchaîne dans l’ordre : le retard des uns entraîne celui des autres.
"On a à faire à des toits terrasses, sur lesquels les couvreurs n'ont pas pu faire d'étanchéité. Comme ils n'ont pas pu faire l'étanchéité, ils n'ont pas pu faire les avant-toits, et comme les avant-toits n'ont pas pu être faits, on n'a pas pu faire les façades. C'est un chantier qui doit accueillir les élèves à la rentrée de septembre, et il va falloir mettre les bouchées doubles cet été", détaille Cédric July, gérant entreprise A.V.S. - St Léonard-de-Noblat.
Ce chantier a plus de trois mois de retard. Et beaucoup d’autres sont dans le même cas à cause de la pluie. Cédric July est aussi au bureau de la fédération du Bâtiment. À ce titre, il est inquiet pour une partie de ses collègues.
"Ça va poser des problèmes de trésorerie, on a beaucoup de marchandises qu'on a achetées, qui sont commandées, qui sont payées, qui sont livrées, qu'on ne peut pas installer, et par conséquent qu'on ne peut pas facturer. Je pense qu'on va avoir un certain nombre d'entreprises qui vont être mises en redressement judiciaire, si ce n'est pas en liquidation", regrette le chef d'entreprise.
Du côté des travaux publics, beaucoup de retard aussi : en Limousin, des revêtements de chaussées et de nombreuses opérations réalisables uniquement à la belle saison doivent être repoussés.
Sur les chantiers, le premier ennemi, c'est l’eau : c’est l'une des premières choses que l’on apprend en école professionnelle.