Pendant deux mois, les travaux du doublement des voies de la nationale 147 entre Limoges et Bellac étaient suspendus sur le secteur de Chamborêt. En cause : la découverte d'un site archéologique, datant de la fin de l'Antiquité. Les fouilles sont désormais terminées et les archéologues évoquent la piste d'un site religieux païen.
Un site exceptionnel, datant de la fin de l'Antiquité, a été découvert vers Chamborêt, entre Bellac et Limoges, par des archéologues de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap). Il est situé à l'endroit où les futures voies de la nationale 147 vont être construites. Les travaux ont ainsi été suspendus pendant deux mois, le temps de mener à bien les fouilles.
Une structure monumentale qui interroge
D’abord agropastorale selon les archéologues, qui ont mis au jour "une étable typique de la période romaine, ainsi qu'une ferme", la fonction de cette exploitation aurait ensuite évolué. "Au milieu du IVᵉ siècle, tout ce bâtiment est rasé pour mettre en place quelque chose de plus monumental, avec d'énormes blocs et un mur en pierre sèche qui fait presque 2,50 m de large et qui était là pour agrémenter une source antique, qui existe encore et que l'on fouille actuellement", explique Frédéric Devevey, archéologue et responsable scientifique à l'Inrap.
Selon l'archéologue, le site est "pour le moment daté de la fin de l'Antiquité, ce qui est déjà très rare pour le Limousin. Dans la région, on connaît l'occupation romaine, mais on a très peu d'informations sur le début de la chrétienté."
« En plein dans la phase de christianisation du monde romain »
Les vestiges de cette structure monumentale étaient-ils liés à un culte ? C'est la question que se posent les chercheurs.
Quelques indices ont été trouvés dans une source adjacente, comme le détaille Amélie Belleli, archéologue : "On a notamment trouvé un petit objet en terre cuite qu'on appelle un "antéfixe" et qui devait servir de décoration sur un mur. Il représente un visage, peut-être une divinité non identifiée pour l'instant. On a également trouvé plusieurs monnaies que l'on peut pratiquement dater à cinq ans près. On estime qu'on se situe dans les années 330-340 de notre ère, donc on est en plein dans la phase de christianisation du monde romain."
Pour Frédéric Devevey, "ce serait très intéressant de savoir si cet aménagement assez énorme a un aspect religieux. Dans ce cas-là, cela signifierait que les aspects païens subsistaient un peu, mais là, on reste dans l’hypothèse. Pour le moment, il faut attendre le résultat des études."
Un long travail d’analyse attend en effet les archéologues, à partir des données collectées au cours de ce chantier, désormais terminé.
Avec Sébastien Laporte