Aux portes de Limoges, dans la vallée de la Vienne, l'Institut National de Recherches Archéologiques et Préventives (INRAP) vient d'effectuer des fouilles sur un site occupé il y a plus de vingt siècles par les Lémovices, le peuple celte puis gallo-romain à l'origine du Limousin.
On parle souvent de nos ancêtres les Gaulois. En Limousin, nos ancêtres, ce sont les Lémovices.
Ce peuple celte venu d'Europe Centrale s'est installé progressivement dès le Xᵉ siècle avant JC, mais surtout à partir du VIIIe siècle, sur le territoire qui deviendra ensuite le Limousin.
Les Lémovices, étymologiquement "Le peuple de l'Orme", donneront donc leur nom à notre région.
Après avoir vaillamment combattu Jules César lors de la Guerre des Gaules au Iᵉʳ siècle avant JC, les Lémovices deviendront l'un des grands peuples prospères et influents de la Gaule Romaine.
Mais l'époque qui précède cette romanisation des Lémovices, au Iᵉʳ siècle avant JC, intéresse de plus en plus les historiens et les archéologues.
Nos ancêtres les Lémovices
Cette époque recèle encore plein de mystères, mais commence à dévoiler une partie de ses secrets, notamment grâce aux fouilles réalisées à l'occasion de chantiers par l'Institut National de Recherches Archéologiques et Préventives (INRAP).
À Isle, dans la banlieue de Limoges, au lieu-dit La Chabroulie, les archéologues de l'INRAP viennent de clore un chantier de fouilles particulièrement fructueux.
Pendant six mois, ils ont mis au jour les vestiges d'une grande ferme ou d'un hameau rural typique de la société rurale des Lémovices au Iᵉʳ siècle avant JC, juste avant la fameuse Guerre des Gaules contre les Romains.
Six mois de fouilles
Selon Maxime Pasquel, l'archéologue de l'INRAP qui a supervisé les fouilles, le site regroupait une trentaine de bâtiments en bois "de construction massive et soignée" et "particulièrement bien conservés".
Peu de sites de ce type sont fouillés dans la région
Maxime Pasquel, proto-historien, archéologue à l'INRAP
Cet enclos rural était entouré d'un fossé de trois mètres de large. On y accédait par un portail monumental dont les piliers latéraux étaient constitués de poteaux en bois de plus d'un mètre de diamètre.
Les constructions successives du site servaient, soit à l'habitat, soit au stockage agricole, soit à l'artisanat. D’autres constructions, vraisemblablement plus modestes, étaient implantées à l’extérieur immédiat de l’enclos, à la manière d'annexes.
Malgré l'acidité du terrain, de nombreux objets ont pu être retrouvés sur le site. Ils permettent de mieux comprendre le mode vie de ces Lémovices, il y a plus de 2 000 ans.
Agriculteurs, commerçants et artisans
Quelques éléments métalliques correspondant à des fragments d’outillages, de clouterie ou de quincaillerie ainsi qu’à un petit lot de déchets de forge ont été exhumés.
La présence de quelques fragments de métier à tisser laisse aussi penser que cette activité a pu être pratiquée sur place.
Ces objets nous renseignent sur le caractère plutôt domestique de l’occupation et suggèrent des activités artisanales ponctuelles, à l’image de nombreuses implantations rurales de cette période.
Un grand nombre de tessons d'amphores a aussi été collecté, preuve d’une consommation importée depuis le bassin méditerranéen, notamment de vin.
Les fonctions de cette ferme semblent donc multiples avec des aspects agricoles, artisanaux et d'habitat.
Placée à proximité de la Vienne et d'un possible point de franchissement de la rivière, elle avait aussi peut-être un rôle dans les réseaux d'échanges et de circulation commerciale de l'époque.
Une époque de la Gaule préromaine encore mal connue
Ces fouilles viennent enrichir les découvertes qui ont pu être élaborées ces dernières années sur d'autres sites de la région comme Tintignac en Corrèze ou Saint-Gence et Villejoubert, près de Saint-Denis-des-Murs, en Haute-Vienne.
Mais le mode de vie et la civilisation de nos ancêtres les Lémovices demeure encore très peu connus des historiens.
Un programme de recherche universitaire et de fouilles devrait être entamé dans les mois qui viennent pour tenter de percer les mystères de la vie des premiers Limousins il y a plus de 2 000 ans.