Arrachées pendant des décennies, les haies manquent aujourd'hui à la biodiversité. L'heure est donc à la plantation, et en Limousin, les opérations se multiplient.
Névia, Thimothée, Charlotte sont élèves à l'école de Peyrilhac, une commune dans la campagne, au nord-ouest de Limoges.
Un arbre, un enfant
Ce lundi matin, comme une récréation, ils ont quitté les bancs de la classe pour prendre la direction d'un terrain communal. Attendus par les jardiniers de la ville, ensemble, ils ont planté des aubépines, des cornouillers, des sorbiers, des pommiers, des saules, du houx... 220 pieds pour réaliser 100 mètres de haie. Chaque arbre porte le nom de l'enfant qui l'a planté.
L'opération "Haiecolier" est portée par la fédération de chasse de la Haute-Vienne, il s'agit de sensibiliser les enfants à la biodiversité. Et surtout de réimplanter des haies dans les paysages.
L'arrachage des haies
Depuis 1950, 70% des haies ont disparu du bocage en France, constate l'office français de la biodiversité.
Le Limousin n’est pas en reste : en cause, le remembrement. Instauré par la loi dès 1941, c’est en 1954 qu’un décret parle d’aménagement foncier. L’objectif, c’est de produire plus, pour nourrir le pays.
Le remembrement permet donc de regrouper les parcelles agricoles, pour créer de plus grosses exploitations, et faire disparaître les obstacles à la mécanisation comme les haies. Ces dernières sont d’autant plus gênantes qu’elles demandent de l’entretien, alors que la main d’œuvre commence à manquer.
Les haies sont donc arrachées, (au début des années 50, les haies s’étendaient sur 2 millions de kilomètres en France), créant ainsi une véritable catastrophe écologique.
Les avantages des haies
Car les haies présentent de nombreux atouts, reconnus aujourd’hui. C’est un lieu de vie pour les petits animaux, comme les insectes pollinisateurs, les rongeurs, les hérissons ou les faisans "disparus de notre paysage", précise Thierry Champaloux, le président de l’ACCA de Peyrilhac, la société de chasse.
Elles font également office de brise-vent, elles limitent l’érosion et les inondations, elles stockent le carbone, et produisent des fruits.
La prise de conscience s’accélère et les incitations pour replanter des haies se multiplient.
Les haies cause nationale
En 2021, l’office français de la biodiversité en a fait sa cause de l’année, et le gouvernement y a consacré 50 millions d’euros dans le plan de relance. Le programme « Plantons des haies », prévoit 7 000 km de haies nouvelles d’ici la fin de l’année 2022, en France.
1 000 km seront plantés dans la Nouvelle-Aquitaine. Ces plantations sont entièrement financées par l’Etat.
Un GAEC de la Croisille-sur-Briance, en Haute-Vienne en a bénéficié le 18 mars dernier. Les bénévoles de la LPO et des élèves du lycée agricole des Vaseix ont ainsi planté 1250 mètres de haie. "On a mis des arbres qui peuvent être taillés l’été et en période sèche, ils peuvent nourrir les animaux," indique l’éleveur.
Mesures coercitives
Les agriculteurs doivent aussi préserver les haies existantes.
Ainsi, depuis 2015, leur maintien est exigé au titre du volet "environnement, changement climatique et bonnes conditions agricoles des terres" de la conditionnalité des aides de la PAC.
Et la justice peut aussi s'en mêler. En janvier dernier, deux agriculteurs de l'Aisne ont été reconnus coupables d'avoir arraché des haies. Le tribunal les a condamnés à les replanter.