Enseigner reste une vocation pour celles et ceux qui font leur rentrée aujourd'hui. Un choix pourtant mis à rude épreuve au vu du parcours qu'ils et elles doivent accomplir avant de se retrouver responsable de leur classe. Une formation et un apprentissage différent pour le primaire et le second degré (collèges/lycées).

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Devenir professeur des écoles (élémentaires et primaires)

Entre ce qui a existé, ce qui existe encore mais va disparaître et ce qui commence à exister, il y a de quoi perdre son latin. 

Un syndicaliste confie :

On a une réforme par an, et encore si on n’en a qu’une par an, c’est pas si mal. Nous, on s’y retrouve déjà pas en étant concerné, c’est dire.

Ludovic Lepresle, SE-UNSA 8

En marge du parcours classique, la rentrée 2022 est marquée par l'arrivée des PPPE (les Parcours préparatoires au professorat des écoles). L'expérimentation visant à diversifier les voies d'accès au professorat des écoles dès la première année de licence se poursuit en effet. Les PPPE sont des parcours de licence dispensés en alternance entre le lycée et l’université, avec une professionnalisation et une poursuite d'études universitaires progressives.

Pour cette rentrée 2022, près de 50 parcours préparatoires au professorat des écoles ont ouvert dans 30 académies et sont proposés au sein de 14 mentions de licenceÀ Limoges, c'est la licence mention sciences et technologies qui se prépare en trois ans en partie au lycée Turgot et en partie à l'Institut national supérieur du professorat et de l’éducation (l'Inspé). Cet institut succède à l'IUFM - créé en 1990 et supprimé en 2013, à la suite de nombreuses critiques, en raison d'une approche très théorique de la pédagogie. L'Inspé est une composante de l'université.

Dans ce parcours, on y trouve :

  • Des enseignements de culture générale et pluridisciplinaires (français, mathématiques, histoire-géographie, sciences et technologie, philosophie morale et politique, arts, EPS, langue vivante étrangère) ;
  • Des enseignements de spécialisation et d’approfondissement dans les matières choisies ;
  • Des stages d’observation et de pratique accompagnée à l’école primaire, en première et seconde année de licence ;
  • Est également prévu dans cette réforme, un stage à l'étranger en troisième année de licence, mais c'est encore une disposition sur le papier.

La licence obtenue, la suite naturelle est l'accès en master 1 puis master 2 MEEF (métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation).

Ces nouveaux PPPE s'ajoutent aux dispositifs précédents. Actuellement, pour devenir professeur des écoles, on trouve :

  • Les PES (professeurs des écoles stagiaires). Ce sont des étudiants en master 2 MEEF et qui préparent le concours de la fonction publique CRPE (concours de recrutement des professeurs des écoles). Ils ont en responsabilité une classe.
  • Les PES A professeurs des écoles stagiaires alternants. Ils partagent leur temps par moitié en suivant les cours de l'Inspé et moitié en classe devant des élèves. Ils ont un master 2 mais ils sont inscrits à un DU parcours adapté à l’Inspé. On leur demande une assiduité mais ne sont pas obligés d’avoir le diplôme puisqu’ils sont déjà bac + 5. Ils sont fonctionnaires stagiaires.
  • Les M2 contractuels alternants. Ils sont responsables d'une classe tous les jeudis. Le reste de la semaine, ils suivent les cours de l’Inspé
  • Les M2 SOPA/SPA stagiaires en observation et pratique accompagnée. Ils n’ont pas la responsabilité d’une classe, ils ont un tuteur qui reste responsable de sa classe.
  • Les AED prépro (Assistant d’éducation en préprofessionnalisation). Ce sont des étudiants en master 2. Ils sont en contrats de droit public de 1, 2 ou 3 ans depuis leur licence. Ils sont, comme les contractuels alternants, en responsabilité d’une classe tous les jeudis et le reste de la semaine en cours à l’Inspé. Il y a actuellement 8 étudiants sous ce statut en Haute-Vienne. Un statut qui disparait en 2023.

Devant l'insuffisance de postes pourvus (4000 en France), des contractuels sont par ailleurs actuellement recrutés. "Le concours de recrutement des professeurs des écoles ne sert plus à rien en fait puisqu’en pratique on peut accepter tout le monde", souligne Ludovic Lepresle SE-UNSA 87 en charge de la formation.

Congés maladie, de maternité, disponibilité pour suivre un conjoint, absence d'une journée pour un motif légitime… il faut des enseignants pour les remplacements. "Pour ne parler que de la Haute-Vienne, 4952 journées ont été non remplacées sur l’année 2021-2022. Certes dans un contexte de covid, mais ça reste anormal", ajoute Ludovic Lepresle.

Ces contractuels sont recrutés à bac + 3 minimum. Postulent des étudiants qui font une pause dans leurs études, des professionnels attirés par l’enseignement et qui veulent tenter le concours CRPE (qui lui est accessible aux bac + 5, aux sportifs de haut niveau ou aux parents de 3 enfants).

Ils reçoivent 4 journées de formation et ont accès à la formation continue. Les syndicats se montrent très inquiets. "On peut être excellent mathématicien et excellent prof, mais aussi bon mathématicien et mauvais en pédagogie", lâche Ludovic Lepresle.

Devenir enseignant de collège ou de lycée

Le candidat doit obtenir le concours du Capes, ce Certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré. Il s’agit d’un concours national soumis à des conditions d’accès, qu'il est possible de préparer au sein de l'Institut national supérieur du professorat et de l’éducation (Inspé). 

Accès à l'Inspé

Les étudiants y sont admis après une licence (3 ans après le baccalauréat).

Certains choisissent déjà la licence en sciences de l'éducation, qui leur permet d'aborder différentes disciplines autour de l'éducation (histoire de l'éducation, sociologie de l'éducation, psychologie des apprentissages...) et qui peut se faire en alternance dès la première année de licence. 

Avec cette licence obtenue, les étudiants ont alors deux options :

  • Soit poursuivre en master 1 dans la discipline de leur choix (histoire-géo, langues...) avec une orientation "métiers de l'enseignement" qui comprend un stage rémunéré de préprofessionnalisation. Ce dispositif prévoit des temps d’intervention progressifs dans les classes, pour que l’exercice de ces missions soit compatible avec la réussite individuelle. Le temps de travail dans l’école ou l’établissement est limité à 8 heures par semaine.
  • soit ils visent un master MEEF, un master "métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation" au cours duquel se déroulent les concours de recrutement des enseignants. Toutes les licences donnent accès au master MEEF, aucun cursus n'est donc à écarter. L'étudiant choisit en général une des disciplines enseignées en primaire, collège ou lycée. Ce master ouvre à des stages d'observation la première année, l'étudiant se trouve donc en classe à observer son tuteur. Il acquiert parallèlement des connaissances sur les rythmes scolaires, le fonctionnement d'un établissement scolaire etc. en plus de ses connaissances disciplinaires (français, langues, histoire-géo...). 

En seconde année de master, donc en master 2, ils ont des partielles, un stage à accomplir selon deux statuts (voir ci-dessous) et un mémoire à présenter sur un projet pédagogique en lien avec leur discipline et l'enseignement. Ce mémoire de 80-100 pages est ensuite soutenu oralement devant un jury en fin d'année. Ils préparent également parallèlement le concours du Capes.

C'est quand ce parcours (partielles/stage/mémoire/Capes) est validé et obtenu que l'étudiant enseignant devient stagiaire enseignant à temps plein, soit 18h, pendant un an. Il est accompagné par un tuteur, mais a déjà des classes à gérer seul. Le ou la stagiaire subit des contrôles réguliers de son tuteur qui annonce, ou pas, sa présence, des contrôles aussi des représentants de l'Inspé ainsi qu'un contrôle annuel d'un inspecteur de l'académie.

A l'issue de cette année, le stagiaire enseignant devient titulaire et reçoit une affectation dans une académie selon les voeux qu'il a exprimés. Il ne connait cependant pas forcément l'établissement scolaire tout de suite. Il en a connaissance en général entre juin et juillet mais certains peuvent le savoir la veille de la rentrée, ce qui naturellement peut perturber leur installation et leur vie de famille.

Il arrive que des élèves doublent leur cursus, pour ajouter une discipline à leur parcours.

Stage en master 2 : le choix entre deux statuts

L'étudiant a en effet la possibilité de passer cette seconde année de master de façon différente.

  • Il peut opter pour une formation à l'Inspé avec un stage d'observation et de pratique accompagnée (un SOPA). Ce stage permet aux étudiants de se familiariser avec le monde de l’école, de vivre une première expérience d’enseignement et de confirmer ainsi leur choix professionnel. L'accompagnement se fait par un tuteur, comme un apprentissage. L'étudiant est présent dans la classe de son tuteur, il l'observe mais peut aussi prendre sa place, le tuteur restant présent.
  • Soit il prend le statut de contractuel alternant, avec six heures de cours par semaine. Dans ce cas, il a la responsabilité totale d'une classe. Il a quand même un tuteur, mais celui-ci n'est pas présent avec lui en classe, il s'agit d'un enseignant référent qui le suit et se montre à sa disposition pour toutes les questions pédagogiques qu'il peut se poser. L'étudiant apprend donc "sur le tas". 

"La charge de travail est particulièrement lourde pour un stagiaire contractuel alternant. Nous, syndicats, sommes à leur disposition pour les accompagner au mieux. Ils sont sur tous les fronts, à leurs études pour obtenir leur master 2, à la préparation du Capes et en plus à la préparation de leurs cours pour les élèves dont ils ont pleinement la charge, c'est dense, le burn out n'est pas loin... Nous avons eu à connaître un cas de panique l'an passé, déclaré tard en juin, heureusement la jeune fille a finalement tout décroché : master et Capes" souligne Maud Duveuf, syndicat SE-UNSA de l'académie de Limoges.

On compte 60 contractuels alternants dans l'académie du Limousin. Ils ont tous profils, étudiant, en reconversion, célibataire ou marié avec enfant... avec une vie de famille à gérer en plus. L'obtention cumulée du master 2 et du Capes est donc un enjeu important.

"En 2021, nous avons accompagné une étudiante qui a obtenu son Capes mais est passée à côté de son master 2 avec une moyenne de 9,95/20... quelques centièmes donc, c'est redoutable" ajoute Maud Duveuf.

Recrutement de contractuels

Pour pallier le manque d'enseignants titulaires et pour assurer les remplacements de ceux en exercice (congés de maternité, de maladie, disponibilité, absences diverses...), l'Etat recrute des personnels contractuels, tous profils et tous âges avec minimum une licence (bac +3). On en compte 250 à la rentrée 2022 dans l'académie de Limoges. Ils sont souvent professionnels intéressés par la transmission d'un savoir. Ils reçoivent 4 journées de formation préalable et ont accès à la formation continue.

C'est alors une période de CDD successifs qui s'ouvre. Une période qui normalement ne peut dépasser six ans, à condition d'être sans interruption. Le CDI s'impose alors. Mais sur le terrain, cette période est bien plus longue car justement les contrats s'interrompent, et quand cette interruption dépasse les quatre mois, il faut à nouveau attendre six ans sans interruption pour prétendre à un CDI. Une situation que déplorent les syndicats 

"Les temps de carence semblent étudiés par l'administration qui ferait en sorte justement d'interrompre tout contrat proche d'une possible revendication de CDI. Une situation inacceptable, mais c'est pourtant ce qui se passe" souligne Maud Duveuf, représentante du syndicat SE-UNSA de l'académie de Limoges.

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