A compter du jeudi 16 avril, il sera autorisé de se déplacer pour adopter un animal dans le refuge SPA de sa région.
Pas de victimes collatérales
L'annonce est tombée hier sur Twitter. Elle provient du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner :"Nos animaux de compagnie ne doivent pas être des victimes collatérales du #covid-19. Alerté par la SPA sur les risques de saturation de ses locaux, le gouvernement accorde à partir de jeudi 16 avril une tolérance concernant les déplacements pour l'adoption d'animaux en refuge".
Cette mesure fait suite à l'appel à l'aide lancé le 6 avril par Jacques-Charles Fombonne, président de la SPA, sur l'antenne de France Info.
On va être à saturation alors que j'ai des centaines de demandes d'adoption sur internet et des milliers d'animaux à proposer à l'adoption. Il ne reste que 300 à 400 places dans les refuges. Très très vite, on va être à bloc et là, on va voir la liste des animaux perdus et euthanasiés va s'allonger" explique-t-il.
Et le ministre de l’Intérieur de déclarer : ‘’Pleinement engagé pour la cause du bien-être animal, le gouvernement a entendu l’appel de la SPA et nous avons eu à coeur, immédiatement, de trouver une solution responsable. Elle va permettre le respect des règles sanitaires et de sauver la vie de nombreux animaux’’.
Après la fermeture au public de tous les refuges lundi dernier, le 6 avril (et jusqu’à nouvel ordre), l’opération « Adoption Solidaire » est lancée par la SPA (Société Protectrice des Animaux) pour permettre de désengorger les refuges en temps de confinement.
DES RÈGLES STRICTES
Les personnes souhaitant adopter un animal pourront se déplacer à partir du 16 avril malgré le confinement. Il faudra toutefois respecter des règles strictes :
- les adoptants devront choisir l’animal sur le site internet de la SPA si possible dans le refuge le plus proche de chez eux.
- ils devront soumettre leur candidature et la motiver en remplissant un formulaire.
- les postulants seront ensuite contacter pour un entretien téléphonique.
- si la candidature est retenue, un rendez-vous sera alors fixé.
- le refuge émettra une attestation dématérialisée avec l’horaire du rendez-vous.
- le candidat à l’adoption devra se déplacer seul.
- enfin, il devra être muni, en plus de l’attestation de la SPA, d’une attestation de déplacement dérogatoire pour "motif familial impérieux".
CONTROVERSES EN LIMOUSIN
A Brive, Frédéric Gillot, directeur et administrateur du refuge de Puymège depuis 13 ans, se satisfait de cette décision :
‘’Depuis un mois, comme les éleveurs de chiots, j’ai continué l’adoption à distance : un choix sur notre site internet, un contact par mail, un long entretien téléphonique et si animal et adoptants pouvaient s’entendre, je me déplaçais pour amener l’animal à domicile, en respectant toutes les mesures sanitaires nécessaires. 10 jours à l’essai que l’on peut prolonger à la demande des nouveaux maîtres’’.
Ce responsable de refuge est membre de la confédération autonome « Sauver et Protéger les Animaux » (SPA, qui comprend 270 refuges), indépendante de son homonyme, la SPA, Société Protectrice des Animaux. Et il concède : ‘’ça me prenait beaucoup de temps ; là, je rentre « dans les clous ». Ces 12 derniers jours, nous avons réalisé une dizaine d’adoption dont 6 chiens et quelques chats.’’
Autre son de cloche pour son collègue de Limoges, également indépendant, Guy Donnart, président de la SPA 87, qui s’occupe d’environ 200 chats et autant de chiens au refuge de Couzeix :
‘’Je vois mal déjà comment on pourrait adopter un animal sur photo, choisir un animal, c’est un coup de cœur et nous nous y résoudrons seulement quand nous serons vraiment en difficulté. La situation a l’instant T est bonne, mais peut-être que dans 15 jours, nous serons à notre tour débordés’’.
Et Guy Donnart reste réfractaire à cette mesure par souci sanitaire : ‘’Actuellement c’est impossible, beaucoup trop dangereux. Nous avons 16 salariés et imaginez que nous aillons un cas de contagion dans le refuge, ce serait un sacré problème, d’autant que le besoin (d’adoption) n’est pas immense en ce moment’’.
Dans les deux cas, ces refuges ne constatent aucune surpopulation ’’contrairement à Paris’’ explique Guy Donnart. Deux phénomènes peuvent rentrer en ligne de compte selon Frédéric Gillot : ‘’Il y a moins d’animaux errants parce que les gens sont chez eux à s’en occuper et moins de signalement car moins de monde dans les rues pour alerter la fourrière’’.