Affections saisonnières obligent : bronchiolites, infections ORL ou asthme sont en hausse à la mi-septembre. Les cas de Covid-19 semblent stables alors que la vaccination a été avancée à ce lundi 2 octobre. Mais qu’en est-il des Covid longs ? Entretien avec le docteur Jean-Marc Comas.
La campagne automnale de vaccination contre la Covid a été avancée à ce lundi 2 octobre. Un vaccin accessible, en priorité, aux personnes les plus fragiles, mais également à celles et ceux en bonne santé.
La synthèse hebdomadaire de Santé Publique France du 26 septembre montrait une augmentation des affections saisonnières, mais une stabilité, voire une baisse, des suspicions de Covid-19 au sein de la population, à l’exception des adultes dans les associations SOS Médecins.
Rappelons que la plupart des personnes infectées par ce virus se rétablissent, mais certaines doivent vivre avec un Covid long. Le docteur Jean-Marc Comas en a été victime. Il est par ailleurs président de l’association "Tous partenaires Covid". François Clapeau a réalisé un entretien avec lui :
F.Clapeau : quels sont les symptômes de votre Covid long ?
Jean-Marc Comas : Difficulté à la marche, brouillard mental, douleurs musculaires et surtout une fatigue intense qui vous empêchent de faire votre quotidien, de travailler et beaucoup de soucis neurologiques aussi. Ça s’est prolongé pendant plus d’an... Si l’on prend en charge les choses correctement, en gérant tout ce qui est anxiété par rapport à une maladie nouvelle ou des symptômes, mais aussi par rapport à une certaine graduation de la rééducation, ça se passe bien. Avec le temps, on apprend que les symptômes sont fluctuants. Que vous pouvez avoir gagné un jour et perdu le lendemain. Au final, si vous continuez votre rééducation et une prise en charge globale le temps qu’il faut et en ayant comme ligne de mire un an, voire un peu plus, là, vous guérissez.
Covid longs, une situation préoccupante ?
Jean-Marc Comas : Je m’aperçois, au fil du temps, que mes patients ont des symptômes, une asthénie, une fatigue qui traîne, des troubles de l’odorat. Finalement, ils l’intègrent dans leur quotidien. Il y a des patients plus atteints qui gardent de la fatigue, des problèmes musculaires, neuro-psychique, qui ont un brouillard cérébral. Tous ceux-là sont identifiés clairement comme des Covid longs. Chaque individu touché peut conserver un symptôme. Cela peut être des troubles de la mémoire qui persistent, même des troubles auditifs. La covid peut toucher tous les organes et à ce jour, on n’a pas de recul à dix ans, donc on ne sait pas ce que cela va donner.
La prise en charge est encore méconnue du grand public ?
Jean-Marc Comas : C’est d’autant plus angoissant que la structuration au niveau du territoire pour la prise en charge des patients a mis longtemps à se mettre en place... C’est peut-être un peu tardif. Au fil du temps, les patients en Covid long diminuent. Mais c’est aussi préventif d’aller jusqu’au bout de la prise en charge parce que, à mon avis, on n’est pas à l’abri d’une nouvelle vague de ce type de virus. Il y a énormément de coronavirus qui circulent entre l’homme et l’animal, et ce type de structures va être utile à l’avenir pour prendre en charge rapidement les personnes atteintes de maladies infectieuses comme le Covid long."
Depuis son expérience de Covid long, le docteur Jean-Marc Comas a créé "Tous partenaires Covid". Une association qui a pour vocation de rapprocher patients, professionnels de santé et pouvoirs publics pour promouvoir une meilleure prise en charge des covid longs.
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Quel dispositif pour aider les patients ?
L'association "Tous partenaires Covid" milite pour la mise en place d'une plateforme dédiée à la déposition et à l'orientation des patients atteints de Covid long.
Jean-Marc Comas : Les changements de ministres ne nous ont pas aidés. Il y a eu trois ministres de la Santé qui ont défilé depuis le début de la Covid. Trois ans plus tard, les choses se font lentement, mais elles se font. Chaque département a son organisation propre pour orienter, mais tout le monde n’est pas au même niveau d’information et de personnel à disposition pour gérer la chose... Il faut fluidifier, permettre aboutissement de cette plateforme numérique qui permettra au patient d’être correctement orienté et pris en charge. Ce serait un lien dédié avec une inscription, un référencement, une orientation, un outil pour les médecins traitants des patients, une prise en charge dans les régions et les départements.
Un espoir ?
Jean-Marc Comas : Les premières données laissent penser qu’entre la vaccination et des variants qui deviennent moins agressifs, on peut avoir une diminution in fine des Covid longs. L’intérêt, c’est de recenser si avec tel ou tel variant qui apparaît, on voit apparaître des Covid longs. Si c’est le cas, on pourra se dire que malheureusement l’histoire naturelle du Covid long va durer encore longtemps et que ça va très certainement impacter notre société.
Le Covid atteindra toutes les personnes, vaccinées ou pas, dans le monde entier et finalement, on sera tous porteurs de Covid... Ne soyons pas catastrophiques, mais si persistent des vagues de Covid longs après chaque variant, malheureusement, on aura une problématique de Covid long à gérer en continu et il faudra que les structures soient pérennes."
