Une autorisation de déplacement dans un périmètre de 100 kilomètres, une aubaine pour les sites touristiques ? Pas tant que ça. À quelques jours du déconfinement prévu le 11 mai, le centre de la mémoire d'Oradour-sur-Glane ne sait pas quand et dans quelles conditions il pourra rouvrir ses portes.
Un déconfinement prévu le 11 mai prochain et une autorisation de déplacement à moins de 100 kilomètres du domicile. Deux mesures qui ne riment pourtant pas avec bonne nouvelle pour le centre de mémoire d'Oradour-sur-Glane. Alors que les Français sont incités à redécouvrir leurs territoires, le centre emblématique limousin n'est pas fixé sur sa date de réouverture et les questions sont nombreuses.
Nous ne savons pas quand, pour des établissements comme le nôtre, le déconfinement sera levé. Il y a quelques jours, le secrétaire d'Etat nous annonçait le 15 juillet. Des dates entre le 1e, le 15 ou le 30 juin ont été évoquées. Richard Jezierski, directeur du centre de mémoire d'Oradour-sur-Glane
Autre problématique à laquelle sont confrontées les équipes du centre de mémoire d'Oradour-sur-Glane : l'économie du site. Pas d'entrée, pas de recette et aucune aide. Le centre est un établissement public à caractère administratif départemental "aidé seulement par le conseil départemental. Le reste, c'est de l'auto-financement, nous n'avons pas d'aide de l'Etat", confie le directeur.
Tout comme mes amis de Lascaux, de l’aquarium de la Rochelle, de la cité du Vin, il n’est pas prévu d’aide pour le moment pour des établissements comme le nôtre, le plus grand en terme mémoriel en Nouvelle-Aquitaine, mais pas d’aide pour le moment. Donc je pense que le Conseil départemental nous soutiendra, parce que nous n’avons aucune entrée, et même si nous ouvrons, il n’est pas évident que nous ayons énormément de visites.
Première destination touristique de Haute-Vienne, le centre de mémoire d'Oradour-sur-Glane accueille chaque année 300 000 visiteurs, et ce, depuis 1946. 25 % d'entre eux sont étrangers. Des frontières fermées et des interdictions de déplacements induisent l'ouverture du site à un public moins commun : les locaux. Cette année, Richard Jezierski, directeur du centre de mémoire d'Oradour-sur-Glane, compte attirer ce public qui représente habituellement "10 % des visites".
Nous allons essayer de toucher ce réservoir de visiteurs d'une manière un peu plus importante, à travers la communication notamment.
Des mesures sanitaires pour les visiteurs et le personnel
Bien qu'aucune date de réouverture ne soit fixée pour le moment, les équipes s'organisent, "le centre a beau être fermé au public, il y a quand même deux ou trois personnes sur place qui continuent à travailler". Factures, charges, maintenance, ce sont aujourd'hui l'assistante directe de Richard Jezierski, le directeur technique et Richard Jezierski lui-même qui s'occupent des modalités sur place. Sur les 27 employés, seuls 4 sont en télétravail pour le moment.
Des mesures sanitaires sont mises en place en amont, et dans l'attente de prochaines visites, assure le directeur.
Nous allons mettre du gel hydroalcoolique à disposition des visiteurs, nous allons mettre des marques au sol pour respecter la distanciation physique.
Visières, masques, gel hydroalcoolique et plexiglas au niveau des caisses. Tout est pensé pour permettre aux visiteurs de profiter d'une visite sans contrainte.
Les équipes du centre de mémoire d'Oradour-sur-Glane envisagent néanmoins de restreindre provisoirement les visites de groupes de plus de 10 personnes, notamment les voyages scolaires qui devaient se dérouler au printemps.
Le directeur de l'établissement se félicite de l'agencement de l'exposition "Le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994" qui se fait à sens unique depuis sa mise en place, "cela permet aux visiteurs de ne pas se croiser". Celle-ci devrait être maintenue jusqu'au mois d'avril 2021.
Un calendrier contraint d'être modifié
Cette commémoration se fera de manière plus intime. Nous ne savons pas si un homme politique viendra. J'ai cru comprendre que la municipalité et l'association nationale des familles de martyrs ne souhaitent pas recevoir plus de 40-50 personnes.
En guise d'alternative, Richard Jezierski mentionne une éventuelle diffusion de la commémoration sur les réseaux sociaux et en direct.
Le directeur du site a soumis l'idée d'une réouverture entre 10 à 15 jours plus tôt, auprès de M. Escure, vice-président du Conseil départemental et président du centre de mémoire d'Oradour-sur-Glane de façon à "être prêts pour sécuriser les visiteurs et le personnel."