"L'appui à la vie" est un témoignage poignant présenté avec beaucoup d'émotion par Jean Bardet, le neveu de cette femme disparue tragiquement le 10 juin 1944 à l'âge de 24 ans. Le livre a été réalisé à partir des cahiers de jeunesse de cette institutrice. En accord avec sa famille, le biographe a également fait don des écrits de sa tante, et d'une robe, pour qu'ils soient conservés au Centre de la Mémoire.
"Ces documents doivent être ici pour l'Histoire", argumente le neveu de Denise Bardet, lors de la présentation de son livre, hommage à sa tante bien-aimée. Un témoignage né d'une promesse faite à son père, frère de Denise Bardet, aujourd'hui décédé.
Jean Bardet a grandi à Veyrac. Aujourd'hui, l'ancien professeur de Lettres, en retraite, vit en région parisienne, mais il tenait à contribuer, au-delà de son ouvrage, à la transmission de la mémoire des victimes du massacre d'Oradour-sur-Glane.
Alors qu'il ne l'a pas connu, Jean Bardet avoue avoir beaucoup de points communs avec sa tante dont sa grand-mère lui a beaucoup parlé. La mère de Denise a d'ailleurs longtemps appelé Jean "ma petite", confie-t-il en souriant, comme si sa grand-mère, inconsolable de la perte de sa fille aînée, faisait un transfert sur son petit-fils.
"Son analyse, de la situation politique et géopolitique de l'époque est très fine"
Au centre de la mémoire d'Oradour-sur-Glane, un lieu hautement symbolique, Jean Bardet, le neveu de l'une des 643 victimes du village martyr, est venu proposer une édition enrichie de l'ouvrage publié une première fois chez Lucien Souny avant son dépôt de bilan. Jean Bardet a donc retravaillé l'ouvrage avant de le proposer à la maison d'édition Les mots qui portent. La nouvelle édition est sortie en juin 2024.
Denise Bardet, c'est l'ancienne institutrice du village martyr, disparue le 10 juin 1944, à l'âge de 24 ans. Journal intime, correspondances, un récit sensible, d'une étrange modernité, dont la présentation a ému l'assistance, venue nombreuse ce jour-là.
"Son analyse, finalement, de l'époque, de la situation politique et géopolitique de l'époque est très fine, et très profonde. Je crois que c'est quelque chose qui nous parle à nous aujourd'hui", explique Babeth Robert, directrice du centre de la mémoire d'Oradour-sur-Glane.
Des fragments issus de documents familiaux et qui traduisent le regard d'une jeune femme qui ouvre les yeux sur les dangers du nazisme. L'ouvrage de Jean Bardet parle à toute une génération et tout particulièrement au public présent ce jour-là dans la salle : "Maman a perdu ses frères le jour du 10 juin, et Jean, c'est notre ancien voisin ! ", se souvient cette ex-habitante d'Oradour.
"Il a habité le même quartier que nous, on jouait ensemble ! C'est des choses qui reviennent en mémoire, tout simplement. C'est pour ça que je me suis dit, je vais prendre le livre pour justement revoir tout ça", confie une autre dame émue. Elle est accompagnée de sa soeur.
Un don pour le devoir de mémoire
Ce mardi 10 septembre, Jean Bardet a également fait don des documents originaux des carnets de sa tante au centre de la mémoire. "Je pense que c'est bien que maintenant, des gens viennent, sans ma sensibilité, ma part d'émotion, etc. Avec une sorte d'objectivité scientifique", explique Jean Bardet dans un geste de générosité.
Ces objets seront désormais précieusement conservés pour que la voix de Denise Bardet ne tombe pas dans l'oubli. Le vœu de son neveu étant que cette voix puisse résonner plusieurs années après la tragédie d'Oradour-Sur-Glane en juin 1944.
Les Cahiers de jeunesse de Denise Bardet, explique son éditrice, "ont rencontré un large public depuis leur première parution en 2002." Plus saisissant encore, ils ont été mis en voix, parfois théâtralisés, ils ont suscité un certain nombre de créations culturelles variées et remarquables, partout à travers la France. Cet impact illustre combien les écrits de Denise nous touchent, combien cette jeune femme rayonne par son humanisme salutaire. Aujourd’hui plus que jamais, parce que le destin de Denise Bardet ressemble à celui de tant d’autres femmes frappées par les guerres ou les régimes totalitaires, sa voix résonne toujours et encore d’une façon singulière. Près d’un siècle après. J’avais à cœur de prolonger son écho en publiant ces Cahiers augmentés de documents inédits qui croisent plusieurs voix. En particulier celle d’Etty Hillesum, une jeune femme qui a laissé une importante œuvre littéraire dont Une vie bouleversée, un vibrant journal intime (1943)".
L'appui à la vie est paru le 5 juin 2024 aux éditions Les mots qui portent.