Parmi les gros dégâts provoqués en Limousin par le violent orage du dimanche 17 septembre : ceux qui ont endommagé l’école du Vigenal à Limoges. Que se serait-il passé si l’épisode s’était déroulé en présence d’élèves ? L’Éducation Nationale a mis en place des Plans Particuliers de Mise en Sûreté (PPMS). Prévus pour faire face à tous les cas, ils doivent être adaptés aux particularismes locaux, quasiment établissement par établissement.

Heureusement, quand la tornade s’est abattue sur nous, l’école était terminée, et les seuls élèves encore présents étaient à la garderie. Or justement, notre PPMS prévoit qu’en pareil cas, c’est la garderie qui sert de lieu de refuge, de confinement. Donc tout s’est bien passé, mais on s’est rendu compte que la violence et la soudaineté d’un tel évènement peuvent être plus fortes que tous les plans préparés à l’avance !

Damien Girardi, directeur de l’école élémentaire de Pontarion (23)

à France 3 Limousin, rédac web

Une catastrophe naturelle imprévue, c’est ce qu’a vécu, le 9 mars dernier, le directeur de l’école élémentaire de Pontarion, dans la Creuse, quand le village fut balayé par une brusque tornade

Effectivement, et heureusement, après la sortie des classes, il n’y avait plus beaucoup d’élèves présents. Et suivant la procédure définie par le Plan Particulier de Mise en Sûreté (PPMS) de l’école, les enfants devaient se réfugier, loin des fenêtres et sous des tables, dans le local servant de garderie, lieu défini dans le PPMS comme lieu de confinement, de refuge, en cas de risque majeur, dont font partie les phénomènes climatiques majeurs. 

La mise en place des PPMS

Si, de tout temps, on a essayé de sanctuariser les écoles et les établissements scolaires, ce sont principalement deux événements marquants qui ont, ces vingt dernières années, renforcés cette préoccupation. 

Le premier remonte à la catastrophe d’AZF, à Toulouse, en septembre 2001.

Le second à la "vague" des attentats de 2015. 

Les différents PPMS

Plusieurs textes régissent ces dispositions, principalement des circulaires ministérielles, la dernière en date de juin 2023

Plus ou moins tous les types de catastrophes y sont "listés" (hormis les incendies qui, eux, dépendent d’autres textes et dispositions spécifiques), et toutes les écoles et établissements scolaires du secondaire sont concernés (y compris les établissements privés sous contrat d’État, même si là, les règles sont particulières). 

Chaque établissement se doit de définir et d’établir, en les faisant valider par l’Éducation, deux types de PPMS :

  • Un concernant les risques majeurs d’origines naturelles (séisme, mouvement de terrain, etc.), climatiques (cyclone, tempête, inondation, submersion marine, etc.) ou technologiques (nuage toxique, explosion, radioactivité, etc.).
  • Un concernant les risques liés à une intrusion et/ou une tentative d’attentat dans l’établissement.

Une fois que ces PPMS sont définis pour chaque établissement, ils deviennent la voie à suivre au cas où.

En plus des exercices anti-incendie, ces deux types d’alertes doivent faire l’objet d’expérimentations, avant les vacances de Noël, et avec retour d’expérience, afin d’être affinées, si besoin. 

Chaque modification, soit de locaux, soit du nombre d’élèves et/ou de personnels, ou autre, entraine obligatoirement une révision des PPMS en vigueur. S’il n’y a pas de "date limite", les responsables d’établissement sont invités à redéfinir leurs PPMS avant les vacances de Toussaint.

Du général jusqu'aux situations particulières

Il y a des cadres généraux, qui conduisent principalement, dans les cas liés aux risques majeurs, à des solutions de "confinement", de "refuge", et dans ceux liés aux intrusions/attentats, à des solutions de "fuite", "d’extraction". 

Mais comme leur nom l’indique, les PPMS sont particuliers, devant être adaptés à chaque établissement, suivant sa localisation, ses spécificités géographiques, ses bâtiments, le nombre d’élèves et le type de public qu’il accueille. 

Ainsi, un lycée de centre-ville de Limoges n’aura peut-être pas de dispositions particulières liées à un risque de submersion par vague côtière, et pour cause. Ou encore, une petite école isolée en rase-campagne limousine, n’en aura pas en rapport aux risques d’une usine classée SEVESO, s’il n’y en a pas à des kilomètres à la ronde… 

De plus, si les risques liés à une intrusion/attentat ne sont pas, par définition, prévisibles, ceux liés aux risques majeurs ne le sont pas plus pour autant. 

Aussi, l’Éducation Nationale met à disposition des établissements des référents sécurité pour les aider à "lister" leurs besoins et leurs contraintes, et à établir leurs PPMS au plus près de leurs capacités, en espérant tout prévoir, mais en sachant qu’il y aura peut-être des manques.

Pour Aurélien Gourcerol, référent sûreté à la direction départementale de l'Éducation Nationale, "on peut prévoir certains phénomènes orageux, ou neigeux par exemple, et prendre des dispositions en amont. Mais ce n’est pas toujours le cas. Dans l’exemple de dimanche (orages à Limoges, NDLR), j’avais reçu une alerte, parce que je suis dans la "boucle" de la préfecture, grâce à mes fonctions. Cela dit, on était un dimanche, et, en l’absence d’élèves, il n’y avait pas, en tant que tel, de décisions à prendre en urgence." 

Mais pour reprendre l’exemple de la tornade de Pontarion, je sais, même si je n’étais pas là à l’époque et que c’était en Creuse, qu’on ne pouvait exactement la prévoir, et le PPMS n’a pu servir que pendant, et pas avant, le phénomène.

Aurélien Gourcerol, référent sûreté à la direction départementale (87) de l’Éducation nationale

à France 3 Limousin, rédac web

Adaptabilité et cas par cas

Le souci des PPMS est donc d’être les plus adaptés, et les plus adaptables, à chaque établissement et à chaque situation. Bref, être en "sur-mesure". 

"On doit pouvoir faire face aux crises, quelles qu’elles soient, poursuit Aurélien Gourcerol. Et pouvoir sans cesse augmenter et notre anticipation, et notre résilience. Mais justement, quelle qu’elle soit, une crise, c’est très brutal, et rarement prévisible.

En pareil cas, on est souvent dans la peur et la sur-réaction. Mais quoi qu’il arrive, on est dans une exigence de réaction très rapide. D’où l’importance des exercices et, plus encore, des retours d’expériences. Et puis, il vaut mieux sur-réagir pour rien, que de ne rien faire, et le regretter après.

Aurélien Gourcerol, référent sûreté à la direction départementale (87) de l’Éducation nationale

Il n’y a d’ailleurs pas de statistiques officielles indiquant combien de PPMS sont déclenchés chaque année en Haute-Vienne, mais Aurélien Gourcerol estime qu’il y en a au moins dix. Dont peut-être à peine la moitié est justifiée. Mais comme il le dit, ce n’est pas une question de crier au loup, on parle d’écoles et d’enfants. Mieux vaut prévenir que guérir.

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