Elephant Haven en attente des dernières autorisations préfectorales pour accueillir ses premiers éléphants

Le Limousin devrait abriter bientôt une maison de repos pour éléphants. Aujourd'hui, les murs sont sortis de terre. Il ne reste plus qu'une dernière autorisation préfectorale pour que le premier éléphant s'installe. Le point sur ce projet un peu fou mené par un couple de soigneurs belges.

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Pour qui a eu le bonheur de venir au lieu dit le Rétabout dans la commune de St Nicolas Courbefy, en Haute-vienne, c'est vert à perte de vue. On y entend le chant des oiseaux, pas un seul bruit de voiture, de temps en temps, des meuglements de vaches au loin. Et puis le vent qui fait chanter les arbres. Une pancarte en bois annonce : Elephant Haven, l'écriteau souhaite la bienvenue au paradis des éléphants.

Des éléphants justement, il n'y en a pas encore. Mais ici, Sofie les « attend avec beaucoup d'espoir pour bientôt ». Voilà, trois ans, que ce couple de belges, s'est installé en Limousin pour ce projet « un peu fou », selon les habitants du village. « Des éléphants ici, les gens nous regardaient avec de grands yeux quand on a lancé l'idée", raconte Tony Verhulst, un gaillard de près de deux mètres, compagnon de Sofie Goetghebeur. Ils sont tous les deux membres d'une association qui veut proposer un lieu de repos à des pachydermes.

 

Le point de départ ?

« De plus en plus de pays européens interdisent l'utilisation des animaux dans les cirques. Il y a les zoos aussi qui cherchent parfois à s'en séparer, notre idée c'est de leur donner un refuge », raconte Sofie. Un projet unique en son genre en Europe et c'est en Limousin que la première maison de repos pour éléphant devrait ouvrir ses portes. Des sanctuaires, « il y en a deux aux Etats-unis, en Afrique et en Asie, mais pas en Europe », regrette Sofie. Ils sont soigneurs pour animaux tous les deux. Ils ont travaillé plus de vingt ans au zoo d'Anvers en Belgique, avant de s'établir en Limousin. « Nous avons beaucoup cherché avant de poser nos valises. Et il s'avère que c'est cette région qui réunit les conditions idéales, car ici il y a beaucoup de foin, il y a de l'eau », raconte Sofie. Nous sommes dans une ancienne ferme, avec une maison d'habitation, des étables sous un vaste hangar que le couple a complètement réaménagé. « Le bâtiment est construit pour accueillir trois éléphants, plusieurs pistes lancées pour les rechercher dans des pays d'Europe. Des éléphants qui viennent de cirques ou des zoos ».

Le couple de soigneurs et les bénévoles cherchent à offrir aux éléphants « un lieu de vie, pour les resocialiser, les réhabiliter. On veut développer des programmes informatifs sur les éléphants et leur comportement, aussi bien en captivité qu’à l'état sauvage. Développer des programmes éducatifs sur la faune et la flore locales. Et puis à terme, amener le public à se reconnecter avec la nature et toutes ses créatures, sensibiliser et promouvoir le respect de notre environnement », égrène une présentation sur le site de la structure. « Une initiative louable, car il y a des besoins en Limousin » explique Franck Haeleweyn, expert mandaté par la préfecture sur ce projet. « Sur le plan technique, d'ailleurs, le lieu est conforme pour accueillir des animaux », ajoute l'expert.

Des espoirs et des soutiens

A Bussière Galant, dès le premier jour, le maire Emmanuel Dexet, a été le plus emballé par l'aventure. « J'avoue avoir été surpris, mais j'ai tout de suite été à leur côté, notamment pour les démarches administratives. Aujourd’hui encore j'y crois et je serai toujours là, car c'est bon pour l'attractivité locale ». Le village compte 1 350 habitants (dont 40% au-dessus de 60 ans, et 30% de moins de 60 ans), « on espère avec l'ouverture de ce lieu la venue de couples avec enfants », prie le maire qui vient d'être reconduit dans ses fonctions. Il en attend des retombées économiques, car Elephant Haven constitue un « pôle d'attraction supplémentaire, avec entre autres le plan d'eau situé à l'Espace Hermeline. Nous accueillons plus de 25000 personnes par an sur le plan d'eau (un site géré par la commune, qui vient de rouvrir et propose plusieurs activités comme de l'accrobranche, des parcours aventure en forêt, du vélo rail ou encore de la pêche) ». Ce qui explique l'enthousiasme du maire, c'est aussi, que ce sont des fonds privés qui contribuent au financement de ce lieu. "Si cela favorise rayonnement de la commune, c'est parfait", se satisfait l'élu.

Pour se financer, Elephant Haven a lancé une campagne de souscription par internet. Beaucoup de donateurs et non des moindres. La fondation Brigitte Bardot a donné 300.000 euros

"320 tonnes de sable viennent d'être livrés pour l'étable pour le confort des éléphants.
Avec ce sable, nous pouvons former des monticules contre lesquels les éléphants peuvent s'appuyer pour se reposer et se remettre debout plus facilement"
. Elephant Haven a également reçu un système de ventilation de la part de The elephant sanctuary in Tennessee.

D'autres fonds sont venus d'autres organismes comme One Voice, WAP: pour finir le bâtiment, ainsi que de Olsen Animal Trust. Une promesse d'aide supplémentaire a été faite par la fondation Bardot.

Le budget annuel de fonctionnement de la structure, c'est "50.000 euros par éléphant, pour la nourriture des animaux, les soins, le potager, plus éventuel couts soin medicaux", raison pour laquelle la structure en appelle au don.

Aujourd’hui, les équipements pour accueillir et sécuriser les trois premiers éléphants sont installés, "tout est fin prêt. Les 4 ha de clôture ont été installés pour sécuriser le site", rassure Sofie Goetghbeur. Le couple a obtenu les certifications de capacités pour l'accueil d'animaux, le stock de foin est constitué ainsi qu'une réserve de fonds pour l'achat de nourriture.

Seulement, la crise sanitaire actuelle, est "venue ralentir l'activité du site", éloignant encore un peu la date d'arrivée du premier pachyderme à Bussière Galant.

Des questions persistent

Si les autorisations ont été obtenues pour l'exploitation du site, et l'accueil d'animaux, l'accueil au public n'est pour l'instant pas possible.

A la préfecture de la Haute-Vienne, une commission spéciale a rendu un avis positif pour ce projet. Franck Haelewyn, vétérinaire et directeur zoologique du parc du Reynou, a donné son avis en tant qu’expert.

"Les éléphants qui ont vécu dans des cirques n’ont pas peur de l’homme, ce qui les rend encore plus dangereux. Ils sont extrêmement malins et habiles de leur trompe. L’enclos qui va les accueillir devra donc être extrêmement résistant", prévient l'expert.

Ce n'est pas tout, "le coût d’acheminement d’éléphants à la santé fragile est de plusieurs milliers d’euros. Ils ont un caractère très individualiste et ne sont pas forcément compatibles entre eux. Le risque est que les trois pachydermes qui arriveront en Limousin ne s’entendent pas et passent leur temps à s’affronter. Il faudra donc vérifier que tout se passe bien."

Après deux visites sur le site, l'expert signale que "le financement à long terme de l’association n’est pour l’heure pas assuré. Elle ne compte que sur des dons et la structure n’est pas compatible pour accueillir du public qui pourrait payer son entrée".

Selon Franck Haelewyn, "s’occuper de tels animaux est un travail très lourd. Si Sofie ou Tony se blessent ou sont indisponibles, une seule personne ne pourra pas gérer les animaux seule. L’association ne compte aucun salarié".

Quelles échéances ?

Sofie et Tony ont le sourire qui masque une petite inquiétude néanmoins. Ils attendent la visite des services vétérinaires de la DDCSPP (Direction cohésion sociale et protection des populations) dans "le courant de la semaine prochaine", pour savoir si oui ou non, le premier éléphant peut venir se reposer sous l'étable flambant neuve.

 

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