En Haute-Vienne, le coin de paradis du sculpteur Marc petit

Le sculpteur Marc Petit nous emmène à la découverte de son coin de paradis. Tout près de Limoges l'artiste, connu dans le monde entier, trouve son bonheur très simplement, dans son atelier.

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Qualifié en 2016  par le magazine Miroir de l'Art comme "le plus grand sculpteur de notre temps". Marc petit est aujourd'hui reconnu dans le monde entier. Son travail, on l'adore où on le déteste mais il ne laisse personne indifférent. Derrière les ombres de ses personnages, se cache la vie, pour la découvrir il faut s'engager dans les pas de l'artiste.

Nous sommes dans le jardin de Marc Petit, à deux pas de Limoges. Nous déambulons entre les personnages de bronze.

"Je ne sais pas faire une sculpture. Ce n'est pas parce que je fais ça depuis 45 ans que je sais faire une sculpture. Je peux vous faire une tête en trois minutes pour vous épater, mais c'est pas une sculpture."

Une sculpture c'est un engagement, il faut y mettre tout ce qu'on est, tout son cœur, son émotion, son énergie, sa force et sa maladresse.

Marc petit, sculpteur

"ça c'est mon fils, quand mon fils a commencé à faire du vélo il avait cette tête là," explique Cathy Petit, épouse et indéfectible soutien de l'artiste, en contemplant une sculpture que d'aucun qualifierait de lugubre, elle est pourtant pleine d'énergie. "Il avait cette tête-là, il avait sa casquette, il était tout frétillant, il était plein de vie, donc celle-là elle me touche particulièrement. Ce n'est pas du tout la première vision que les gens ont de sa sculpture c'est sûr, mais souvent les gens font le chemin petit à petit. Ils ont le premier choc et puis après ils apprennent à voir ce qu'il y a derrière, et derrière c'est la tendresse."

Nous entrons dans l'atelier de Marc Petit. Il triture une petite pâte rouge, intrigante...

"C'est du Babybel," dit-il en riant. "Je travaille avec plusieurs sortes de cires, mais celle ci est très très souple de suite, et pas mal de gens m'apportent du Babybel en cadeau."

"Je n'ai aucune idée de la sculpture. Est-ce que les bras vont être là, est-ce que la tête regardera là, tout ça. Moi ce qui m’intéresse c’est ce bout de bois. Je ne travaille qu’avec des bouts de bois rongés, rognés, pourris. C’est vraiment du bois abîmé, j’aime pas le bois neuf. Donc c’est toujours le hasard, et moi je fais le choix de garder ou pas."

 Mais pourquoi cette grange, transformée depuis des années en atelier, est-elle le coin de paradis de Marc Petit ?

C’est l’endroit où je me sens le mieux, et où je suis le plus présent, où j’arrive à me regrouper complètement.

Marc petit, sculpteur

"J’ai pas envie de ranger, j’adore ce bazar, j’adore le capharnaüm, j’adore voir ça. C’est un lieu où je suis bien, alors ça peut être le paradis, et il y a des moments où c’est plus compliqué, j’irais pas jusqu’à l’enfer, mais il y a des moments douloureux, mais ça fait partie complétement de l’histoire."

Dans un coin de la grange, l'artiste nous emmène devant un tas de bois mort, des branches entremêlées...

"Vous voyez, ce dont j'ai besoin pour travailler c'est ça, c'est tout mon bazar. Tout est là." Marc Petit nous montre un gros morceau de bois posé à la verticale, il se distingue de l'enchevêtrement : "ça, ce bout de bois, je ferai quelque chose un jour avec ce bout de bois. Je trouve qu'il a une grandeur, il a quelque chose. Mais bon j'ai pas la solution,  je ne sais pas quoi, mais il n'est pas posé là par hasard. Il attend, il est en attente de quelque chose qui, peut-être, va arriver."

Nous voici devant une sculpture, très différente des autres. Elle n'est pas décharnée, au contraire, il s'agit d'une femme à la poitrine fièrement dressée, elle porte un enfant, elle évoque la Sainte Vierge, elle est belle, très belle. Elle est tout contre l'escalier.

"J'ai fait ça quand j'avais vingt ans. Pour de mauvaises raisons, pour faire le malin, pour dire, vous allez voir comme moi je vais vous exploser, je vais faire une sculpture de deux mètres de haut. J'ai fait ça pour faire le malin. Je la laisse là. Quand je monde travailler là haut, je vois cette sculpture qui me rappelle que quand on veut faire le malin on arrive à ce résultat qui est très mauvais."

"J'ai le souvenir d'avoir vu une sculpture khmer, un Bouddha en bois, où il ne restait rien, la sculpture pour ainsi dire c'était un bout de bois, et pourtant c'était un Bouddha khmer. C'est extraordinaire, et j'essaie toujours de penser à ce Bouddha quand je travaille avec des bois abîmés, j'essaie de dire comment la magie du temps, nous apporte ça. Essayer d'être le sculpteur qui va faire accelérer le temps."

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