En Limousin, les propriétaires d’étangs – pas moins de 12 800 plans d’eau pour le seul département de la Haute-Vienne- doivent, eux aussi faire face à la sécheresse. Car leur approvisionnement qui découle des rivières est menacé. Résultat, la qualité de l’eau se dégrade. Pourtant, ces ressources contestées par certaines associations environnementales, ont leur utilité, surtout dans ces périodes de canicule.
L’endroit où se situe l’étang visité ce jour-là, est idyllique. C’est sur la commune de Feytiat. Avec un splendide domaine du XVIème siècle. Et à ses pieds, un plan d’eau qui s’étend sur un hectare.
Pourtant, son propriétaire présent ce jour-là, ne cache pas son inquiétude.
« La rivière ne coule plus depuis début une quinzaine de jours. Depuis début août, il n’y a plus d’eau qui arrive », regrette le propriétaire avec une émotion à peine dissimulée derrière ses petites lunettes et sa barbe blanche.
Et effectivement, la rivière qui alimente d’ordinaire cet étang est à sec. Résultat : celui-ci a perdu cinquante centimètres en deux mois. Il y a donc urgence à protéger cette ressource.
« Ce qu’il faudrait faire, argumente Frédéric Garraud, président du syndicat des propriétaires d'étangs de la Haute-Vienne, c’est surtout protéger les étangs. Protéger ces réserves de sources d’eau douce. C’est ça la priorité aujourd’hui ».
Ailleurs, la même situation se répète. « Ce que vous voyez-là, insiste-t-il en montrant les cours d’eau complètement vide, c’est vraiment une ca-ta-strophe. Il n’y a plus du tout d’eau du tout ».
Plus loin, un autre étang communal, lui aussi, n’est plus approvisionné. La qualité de l’eau se dégrade.
« Au niveau de l’oxygénation de l’eau, insiste le président du syndicat des propriétaires d’étangs, c’est tout aussi grave. Car moins vous avez d’eau, moins elle peut s’oxygéner. Comme il n’y a pas de mouvement d’eau, il n’y a pas de courant, et donc peu de chance qu’elle s’oxygène. Même si le courant est très faible dans un étang, ici, l’eau stagne et a dû mal à s’oxygéner ».
Plus loin dans les monts de Blond, Didier Dussouchaud s’active autour de ses moutons qui pâturent le long de l’étang, en contrebas, bien en dessous de son niveau habituel. Cet éleveur a misé sur cet étang pour diversifier son activité.
Abreuvoir pour le cheptel, le plan d’eau est aussi une pisciculture et même une réserve en cas d’incendie pour les pompiers. Du moins en temps normal.
Quand on lui demande si cet étang est en danger, sa réponse est sans appel. « Clairement oui, cet étang est en danger, en tout cas, dans trois semaines, s’il ne pleut pas, on peut dire qu’il sera en danger. On peut perdre toute la production qu’il y a à l’intérieur. On peut perdre aussi tous les animaux qui ne peuvent pas s’abreuver », s’inquiète l’éleveur.
Aujourd’hui, les propriétaires des étangs croisent les doigts pour que la pluie arrive.
Tout en étant conscient que ces constructions fabriquées de toute pièce risquent, pour un certain nombre d’entre elles, de disparaître.