Daryna, réfugiée ukrainienne de 22 ans est arrivée en Creuse, à La Souterraine, le 8 mars dernier. La jeune étudiante en journalisme de Kiev témoigne lors d’un stage effectué à France 3 Limousin.
Partie le dimanche 6 mars de Pervomaïsk, au sud de l’Ukraine, Daryna a traversé la Pologne, l’Allemagne puis la France pour arriver à La Souterraine deux jours plus tard. Elle ne pouvait rester dans son pays, ravagé par la guerre.
"Ma famille m’a dit, c’est mieux que tu partes, que tu quittes le pays. Avec l’arrivée des soldats russes, tu seras en sécurité en France" , explique Daryna.
Parents, grands-parents, cousins, oncles et tantes sont restés en Ukraine. Le père de Daryna s’occupe de logistique. Il livre nourriture et produits de première nécessité aux populations ainsi qu’aux soldats ukrainiens de la défense territoriale. Avec d’autres volontaires, sa mère tresse des filets de protection pour servir de camouflage face aux forces ennemies.
"C’est important pour moi de témoigner, dire aux Français ce qu’il se passe. Beaucoup de gens souffrent en Ukraine. Je ressens une profonde tristesse. Ce sont les villes, les maisons, les gens que je connais que l’on bombarde. C’est très difficile. Jour et nuit, les sirènes retentissent, ma famille reçoit des messages d’attaques aériennes et va se cacher dans les caves. Si mes parents ne décrochent pas le téléphone, mon cœur se serre."
Le 24 février dernier, la déclaration de guerre de Vladimir Poutine contre l’Ukraine a stupéfié le monde entier. La jeune étudiante en journalisme à l’université de Kiev ne pensait pas qu’une telle attaque aurait lieu un jour.
"Cette guerre était imprévisible. A quatre heures du matin, Poutine a arrêté toute vie normale en Ukraine. On peut faire un parallèle avec Hitler et la Pologne, l’histoire se répète. Il faut arrêter Poutine avant qu’il n’aille plus loin et occupe l’Europe. Nous avons besoin d’une aide militaire pour l’arrêter. On doit gagner ! "
Un refuge à La Souterraine
Le 8 mars dernier, Irène et Jean-Luc Guillerot n’ont pas hésité un seul instant pour héberger Daryna à son arrivée à La Souterraine. L’été dernier, le couple l’avait déjà accueilli pendant un mois et demi lors d’un séjour linguistique.
"Daryna est quelqu'un de très ouvert, elle est chaleureuse. On était content de lui venir en aide et nous sommes attachés à elle. Elle aimerait devenir journaliste sportif. L’été dernier, on a regardé des matches de foot ensemble, elle voyait les hors-jeu avant nous" , raconte amusée Irène Guillerot.
Un accueil rendu possible grâce à l’association d’échanges France Ukraine dont une antenne est située en Creuse. La structure a passé des accords avec seize universités et écoles ukrainiennes pour accueillir des étudiants francophones en France dans le cadre de leur cursus.
" Daryna a travaillé au musée Micro-folie de La Souterraine. Elle était médiatrice numérique, elle expliquait aux visiteurs comment cela fonctionnait. Quelle que soit la situation en Ukraine, on avait déjà prévu qu’elle fasse un stage en journalisme" précise Jacques Forgeron, président de l'association Creuse Corrèze pour les enfants d'Ukraine et co-président de la Fédération Echanges France Ukraine.
En observation à France 3 Limousin
Au moment de quitter son pays, Daryna était en quatrième année de journalisme et communication à l’université nationale de l’économie et du commerce de Kiev.
"Avec la guerre, les enseignants nous demandent si nous sommes en sécurité, si nous pouvons quand même continuer nos études, même en ligne, avec quelques exercices."
La jeune étudiante vient de passer deux jours en stage d’observation à France 3 Limousin. Elle souhaiterait poursuivre sa découverte des médias régionaux en presse écrite et radiophonique.
"Je veux exercer cette profession pour livrer une information vérifiable et véritable aux gens. Combattre tout type de propagande comme celle de Poutine. Dire la vérité, ce sera ma mission !"
Daryna souhaite finir sa licence, elle espère intégrer une école en France pour enfin accomplir sa passion : devenir journaliste, défendre la liberté d'information.
