Le conflit ukrainien a déjà des conséquences sur l'exportation des bovins vers l'Ukraine. Illustration au pôle de Lanaud en Haute-Vienne.
La filière bovine limousine s'inquiète des conséquences de la guerre déclarée à l'Ukraine par Vladimir Poutine. Elles se font déjà sentir au pôle de Lanaud à Boisseuil (87). L'organisme rassemble tous les acteurs de la filière. Parmi eux, il y a Interlim, une entreprise spécialisée dans la génétique de la race limousine.
La perte du marché ukrainien
En novembre dernier, Interlim espérait bien pouvoir se développer sur le marché ukrainien. Un acheteur ukrainien avait pris rendez-vous en février. Il voulait acheter entre 90 et 120 génisses pleines. Une transaction qui incluait conseils et accompagnement. Mais elle a été annulée subitement alors qu'elle était la première engagée avec l'Ukraine .
Fin janvier, il nous a envoyé un message disant qu’il ne pourrait pas venir parce que toutes les aides à l’importation, peu importe le secteur, avaient été supprimées pour être versées au ministère des Armées.
Gilles Lequeux, technico-commercial chez Interlim
Un marché qu'Olivier Rambert, responsable des exportations chez Interlim, qualifie "d'exceptionnel." Plus que la perte d'un marché, il craint surtout une déstabilisation des pays de l'Est. Ces derniers représentent 50% des exportations de l'entreprise. Interlim est présente en Roumanie, en Pologne, en République Tchèque et en Slovaquie.
Je suis assez inquiet. Le conflit ukrainien peut impacter nos clients, alors qu'on devait déjà augmenter le prix d'achat de nos bêtes.
Olivier Rambert, responsable des exportations chez Interlim
Les espoirs de l'entreprise sont largement déçus selon Olivier Rambert : "En Ukraine, l'agriculture est soutenue et il y a un besoin de consommation de viande. La proximité géographique était aussi un paramètre important. On pourrait être amené à se redéployer, dans les pays méditerranéens par exemple."
Une hausse probable des coûts de production
Depuis 2014, la Russie fait subir un embargo aux produits agricoles venus d'Europe. Impossible donc d'exporter vers ce pays. S'ajoutent aussi les incertitudes liées à une potentielle explosion du coût des matières premières.
Aujourd’hui, on ne sait pas de quoi demain sera fait. Les charges vont exploser, le coût du pétrole, du gaz pour les engrais, des matières premières et des céréales pour nos bêtes. Il ne faut pas oublier que l'Ukraine est le grenier de l’Europe.
Jean-Louis Giroux, vice-président d’Interlim et éleveur à Chaptelat (87)
Michel Portier, directeur d'Agritel, souligne une nervosité des marchés sur Franceinfo : "Lorsqu'on est montés hier à 340 euros la tonne, c'était en cours de séance. On a fini en clôture à 316 euros la tonne. Cela veut dire que dans une même journée, les cours du blé peuvent bouger de 10 à 20%." L'Ukraine est le quatrième exportateur de blé au niveau mondial. Les cultures céréalières y représentent près de 50 % de la surface cultivée (15 Mha).