Une nouvelle fois, des syndicats de cheminots ont pris la parole pour dénoncer l’abandon du transport des marchandises par le train dans le Limousin. Rares sont les entreprises à encore utiliser ce mode d'acheminement de leur production, au profit de la route.
Des lignes à l’abandon, alors qu’elles pourraient alimenter des entreprises, c’est ce que dénonce la CGT des cheminots à Limoges.
Car les entreprises n’utilisent quasiment plus ce mode de transport de leur production ou de leurs fournitures dans le Limousin.
A Saillat-sur-Vienne, les papetiers d’International Paper doivent remonter très loin dans leur mémoire pour se souvenir des derniers trains qu’ils ont vus passer dans leur entreprise, c’était à la fin des années 90, pour l'acheminement du bois utilisé pour la fabrication de papier.
On déchargeait un train qui représente 200 camions
Très peu de fret par le rail
Très peu d’entreprises utilisent encore ce mode de transports. D’ailleurs la SNCF reconnait ne plus avoir de service dédié au fret en Limousin, c’est dire la portion congrue à laquelle se réduit cette activité, et le peu de développement attendu.
Pourtant, pour les carrières de Pagnac, à Verneuil-sur-Vienne, ça semble fonctionner. Sauf que l'entreprise aimerait faire davantage que transporter les 150 000 tonnes de cailloux destinés à la fabrication de ballast. Mais la voie entre Limoges et Angoulême est fermée, elle doit donc se rabattre sur la route. Et un train, c'est 40 camions.
Le fret par la route
Difficile de savoir quelle est la part des échanges locaux et des échanges nationaux voire internationaux, mais ce qui est sûr c’est que la route en Limousin est de plus en plus empruntée par les camions.
D’après les chiffres de 2019 de la DREAL de Nouvelle-Aquitaine, la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement, 18 % des véhicules sur les routes nationales de la Haute-Vienne sont des poids lourds, ça représente une hausse de 11 % en 4 ans
Dans la Creuse, 31% des véhicules de l’unique nationale du département, la RN 145, la fameuse RCEA, qui relie Macon à Royan, sont des poids lourds, ça représente une hausse de 15% en 4 ans.
Est-ce que la tendance pourrait s’inverser ?
Ce n’est pas l’option qui semble retenue. Dans le nord de Limoges, la RCEA est empruntée par plus de 4000 poids lourds chaque jour, on le voit tous les soirs, aux heures de pointe ca bouchonne, et les prévisions de trafic de camions sont en hausse. L’Etat investit donc 25 millions d’euros pour le doublement de cet axe, plutôt que de chercher des solutions alternatives, comme le train.
Des choix qui ont pourtant fait leur preuve dans d’autres pays : en Suisse le transport des marchandises est assuré à 70% par le train.
Mais en la matière, la France est un mauvais élève. Le fret par le train représente 9% du transport de marchandises, contre 18% en Europe, et alors que l’Union européenne envisage de passer à 30% en 2030.
Le 15 juin, le Sénat commencera son examen du projet loi Climat. Un projet qui a été voté en première lecture à l'Assemblée nationale et qui est loin de faire l'unanimité. Parmi les points de divergence : la question du fret par le rail.
Un peu d'espoir
Du côté des lignes nationales, un petit espoir renaît. Avec le retour attendu cet été du Perpignan-Rungis, le train des primeurs, stoppé net il y a deux ans, son arrêt avait été dénoncé par les syndicats de cheminots de Haute-Vienne, car cette ligne passe par Limoges. Ses défenseurs estiment qu’elle a été remplacée par 25 000 poids lourds chaque année, dont une partie emprunte l’A20.