"Il faudrait qu’il y ait d'autres agriculteurs qui osent" : la culture du bambou a de l'avenir en Nouvelle-Aquitaine

Cultiver le bambou : utopie ou réalité ? La filière est prometteuse, car la plante permet de lutter efficacement contre les changements climatiques, mais pas uniquement. Illustration en Haute-Vienne.

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Dans le jardin, en déco, dans les textiles, dans les constructions, dans l'alimentation, le bambou présente de multiples avantages. Depuis quelques années, les bambouseraies fleurissent un peu partout en Haute-Vienne, où la plante semble apprécier le climat. 

Près d'Ambazac, Duasne Haase, australien d'origine, s'est lancé dans la production de bambous. Plantée il y a une vingtaine d'années par ses beaux-parents, sa forêt produit aujourd'hui des cannes d'une vingtaine de mètres de longueur :"Les gens ne savent pas que les bambous poussent aussi bien en Limousin. On peut même obtenir des tiges avec de très gros diamètres", confie le producteur.

Duasne a développé la petite entreprise familiale en vendant ses bambous sur internet, et les clients sont nombreux : "la plupart des commandes sont destinées pour le jardin comme des tuteurs ou sous forme de grillage pour les plantes grimpantes, il y a aussi des commandes pour fabriquer des pergolas."

Il y a beaucoup de demandes donc ce n'est pas suffisant ! Il faudrait qu’il y ait d'autres agriculteurs qui osent et qui se lancent.

Samia Riffaud

Productrice de bambou

Dans les monts de Blond, il y a deux ans, Samia Riffaud a planté deux hectares de bambous de variété Mosso. En France, seuls quatre-vingts agriculteurs comme Samia ont planté cette espèce pour diversifier son activité et sa production végétale :"Il y a beaucoup de demandes donc ce n'est pas suffisant ! Il faudrait qu’il y ait d'autres agriculteurs qui osent et qui se lancent dans le département. Moi, je serais ravie que l'on puisse avoir une filière bambou en Nouvelle-Aquitaine et encore plus en Haute-Vienne."

Cette culture participe activement à la décarbonation. En effet, un hectare de bambou capte cinq fois plus de CO2 qu'une forêt de feuillus. Alors, grâce au crédit carbone, l'agricultrice, implantée dans les monts de Blond, perçoit un revenu supplémentaire de 2500 euros par hectare et par an. Le tout pour très peu d'entretien.

De nombreux débouchés

En outre, la culture du bambou ne nécessite aucun engrais ni produit phytosanitaire et dans cinq ans, cette variété produira des cannes géantes qui trouveront de nombreux débouchés :"Il y a plusieurs filières possibles. La première, c'est la pousse de bambou utilisée dans les cosmétiques et l'alimentaire. Après, nous avons les chaumes qui permettent de faire du textile, puis les bois qui sont transformés en parquet ou en meubles", insiste Samia Riffaud.

Grâce à son réseau de racinaire très dense sur soixante centimètres de profondeur, le bambou permet également de limiter l'érosion, tout en restaurant les sols appauvris.

Enfin, une forêt de bambous peut produire pendant une centaine d'années. 

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