L'incendie qui a détruit 45 hectares de végétation à St-Sylvestre a suscité de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux. Car des moyens aériens avaient été demandés et n'ont pas été engagés. Mais la mise en oeuvre des bombardiers d'eau n'est pas sytématique et répond à de nombreux critères
Un "Canadair", et tout aurait été réglé .... C'est un peu le sentiment des internautes sur l'incendie qui a ravagé 45 hectares de végétation sur la commune de Saint-Sylvestre, les 17 et 18 septembre 2019. Car des moyens aériens de lutte contre le feu ont été demandés au centre opérationnel de la zone Nouvelle-Aquitaine, mais la réponse a été négative. Contrairement à l'incendie survenu le 19 septembre à Cromac dans le secteur de Saint-Léger-Magnazeix.Le colonel Bruno Denave, chargé des opérations à l'Etat-major interministériel de zone le confirme, "il a été évoqué la possibilité d'engagement de moyens aériens, mais il n'a pas été donné suite". Il poursuit en expliquant que le choix d'envoyer un avion sur un incendie se fait "en fonction de multiples critères, sur les enjeux humains, c'est la priorité, et sur les autres menaces, également, mais ce n'est pas ce qui est prioritaire, comme les enjeux économiques".
Par ailleurs, le chargé d'opération pour les 12 départements de la Nouvelle-Aquitaine, ajoute qu'il faut prendre en compte les temps d'intervention, les appareils ne sont pas disponibles immédiatement : "le temps théorique avant décollage est de 30 minutes, pour vérifier les paramètres de vol, même si dans les faits, cela peut être plus rapide, ensuite il y a évidemment de le temps de trajet. En partant de la base de Nîmes, pour un appareil de type Dash, il faut compter une trentaine de minutes pour rejoindre le Limousin, c'est plus long pour un Canadair. Et puis il a encore beaucoup d'autres critères techniques, la configuration du terrain, les obstacles éventuels, type ligne aérienne, il faut prendre en compte que durant la nuit, ces avions ne larguent pas. Le choix d'engager un avion est soumis ainsi à de multiples contraintes. "
Le nombre d'opérations de largage est extrêment variable d'une année à l'autre. Sur la zone Nouvelle-Aquitaine, en 2018, seulement 7 largages ont été effectués, il y en a eu déjà 150 pour cette année 2019. A titre de comparaison, en 2011, près de 1300 largages avaient été effectués.
Les avions de lutte conter les incendies de la sécurité civile sont basés, depuis 2 ans, sur l'aéroport de Nîmes-Garons, une partie des appareils est également positionnée en Corse. En période estivale, et en fonction des risques, des avions peuvent également être pré-positionnés à Mérignac, près de Bordeaux. C'est le cas en cette mi-septembre 2019, deux Canadair et un Dash sont présents pour traiter les incendies dans le sud-ouest. Pour des impératifs de maintenance technique, toutes les 48h, ces appareils rentrent à la base de Nîmes pour un entretien. En fonction des besoins et des disponibilités, d'autres appareils rejoingnent la base de Bordeaux.
La sécurité civile dispose de 24 appareils. Il y a d'abord 12 "Canadair", ils emportent 6300 litres d'eau ou de produit retardant, l'appareil le plus ancien a plus de 25 ans, le plus récent une dizaine d'année. Ces hydravions se recharge en eau en écopant, une manoeuvre qui ne prend que quelques secondes. Viennent ensuite 6 "Tracker", des avions qui seront tous remplacés d'ici 2022 (emport 3 300 litres), ils atteignent tous les 60 ans de service. Il y a également 3 "Dash", ces appareils peuvent embarquer 10 000 litres dans leur réservoir. La sécurité civile dispose enfin de 3 " Beechcraft " utilisés pour de la reconnaissance.
Les avions "Dash" et "Tracker", à la différence des hydravions "Canadair", doivent être rechargés sur un aéroport. Des dispositifs de recharge rapide d'eau ou de produit retardateur de flamme sont installés sur certains sites, ce sont les pélicandromes. En Nouvelle-Aquitaine, il en existe 2, l'un à Bordeaux et l'autre à Limoges. Avec les pélicandromes, les appareils sont rechargés en moins de 10 minutes, une procédure très spécifique, le moteur de l'appareil reste en route pendant la recharge. A l'avenir, d'autres pélicandromes pourraient être installés. En 2040, les spécialistes des incendies de forêts estiment que la limite des feux durant la période estivale remontera juqu'à la Loire.