L'industrie, et tout particulièrement le secteur de la métallurgie, est confrontée à d'importantes pénuries de mains d'oeuvre. C'est le cas de cette entreprise spécialisée dans le matériel chirurgical de pointe à Aix-sur-Vienne (87) où sept postes sont à pourvoir.

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À 19 ans, ce n'est pas un hasard si Hugo Denizot a choisi l'alternance pour sa première année de BTS en conception réalisation de procédés industriels."La plupart des entreprises quand elles prennent un élève en BTS en alternance, c'est pour l'engager ensuite après ses études. Donc oui, c'est rassurant de se dire qu'on a une possibilité d'emploi quasi acquise", explique le jeune homme.

Longtemps, les 10 % d'alternants au sein de l'entreprise permettaient d'avoir "une pépinière de gens à embaucher", comme l'explique le directeur général d'Euclide Care, Jérôme Chiesa. Mais aujourd'hui cela ne suffit plus "et on n'arrive pas à trouver sur le marché du travail des gens avec les compétences nécessaires".

Actuellement sur une petite soixantaine de postes sept sont à pouvoir et les CV peinent à arriver. Plus généralement, sur les cinq sites que compte l'entreprise de métallurgie Euclide dans le Limousin, c'est une trentaine de postes de techniciens qui ne trouvent pas preneurs. Fraiseurs, tourneurs, chaudronniers, soudeurs qualifiés ou encore outilleurs, les postes sont divers et ne se cantonnent pas uniquement aux machines avec des offres dans la logistique par exemple. 

Repenser le métier 

Alors pour recruter, le responsable veut faire repenser les conditions de travail,"pour tout ce qui est personnel qui va travailler sur les machines ça devient très très compliqué. C'est pour ça qu'on a besoin de faire évoluer notre métier, on a besoin de préparer réellement le travail en amont pour faciliter et éviter les tâches répétitives."  

Pouvoir évoluer dans son métier, se former et changer de poste, voilà ce qui a motivé Bastien Gorse, un ancien alternant, qui vient tout juste de signer un contrat à durée indéterminée chez Euclide :" ils m'ont proposé de changer [de poste] et ça me plaisait aussi de pouvoir changer, pour être polyvalent, ce qui est un bon point aussi pour la suite" argumente-t-il. 

Ici, les employés travaillent en trois huit. Pour le directeur général, ce manque de main d'œuvre est dû notamment à " des tendances lourdes du marché du travail qui font que les gens attendent autre chose (...) ils veulent plus d'adéquation entre le travail et leur vie personnelle.

Alors pour s'adapter, il pense par exemple à repenser les plannings, et ainsi, permettre aux employés de bénéficier de week-end de trois jours une fois par moins. 

Un carnet de commandes qui repart à la hausse 

Cette pénurie de main d'œuvre qui s’accroît actuellement est aussi dû au contexte post-pandémie."On a passé deux années qui étaient assez compliquées pour tout le monde, avec de fortes pressions psychologiques etc. Des gens qui sont restés chez eux parce qu’il fallait faire du chômage partiel.

Une tendance que l'Union des industries et métiers de la métallurgie constate sur l'ensemble du département, " la bonne nouvelle, c'est que le carnet de commandes est reparti, que les produits français industriels sont plébiscités.(...)". 

Mais cela accentue encore un peu plus la problématique dans l'ensemble du secteur. " Pôle emploi a fait une enquête besoin en main d'œuvre qui atteste qu'il y a déjà 500 besoins en recrutement sur Limousin en ce début d'année dans les métiers de la métallurgie non pourvu et on sait aussi qu'il y a d'autres postes à pouvoir qui n'ont pas été encore quantifiés par pôle emplois", complète Delphine L'Hostis, secrétaire générale de l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) du Limousin. L'UIMM souligne également que la période de recrutement est en cours pour les jeunes étudiants en formation qui souhaiteraient se tourner vers l’industrie métallurgique. 

Alors si 91 % des Néo-Aquitains se disent fortement attachés à l'industrie françaises, cette dernière va devoir se réinventer pour attirer de nouveaux venus dans la profession.

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