Le Moulin du Got profite du printemps pour enrichir sa collection. Durant quelques semaines, il s’est lancé dans la production de papier d’asperges.

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Dans l’atelier du Moulin-du-Got de St-Léonard-de-Noblat, on n’entend que le bruit des couteaux qui grattent les asperges. "Pour faire du papier, il faut des fibres végétales et les fibres se trouvent dans les épluchures des asperges, pas dans le cœur", explique Marie-Claire Cluzel, la directrice des lieux. Les asperges sont des invendues d’un producteur du Lot, quant aux cœurs, rassurez-vous, rien ne se perd au moulin.

C’est d’ailleurs dans cet esprit que l’association propose depuis 2 ans des papiers issus d’épluchures de végétaux : poireaux, asperges et même rhubarbe (pour l’instant au stade de test).

On est toujours à la recherche d’idées et l’expérimentation avec les déchets végétaux donnent de bons résultats.

Marie-Claire Cluzel, directrice du Moulin-du-Got

Après le poireau fourni par la cantine de St-Léonard-de-Noblat, voici donc l’asperge qui avant de devenir papier doit subir un long procédé de fabrication : après l’épluchage, le raffineur également appelé « pile hollandaise » lamine les pelures et rend les fibres encore plus fines. L’opération prend entre 1h30 et 2h. La pâte à papier qui en ressort macère plusieurs jours dans l’eau.

C’est alors qu’intervient le coup de main du président : tamis en main, Frédéric Procop filtre la pâte et démoule délicatement les feuilles une à une. Un passage à la presse achève d’extraire l’eau. Enfin vient le temps du séchage dans le grenier spécialement aménagé au-dessus du musée. "C’est un papier de saison, on pourrait même dire que le papier d’asperges est millésimé parce la saison des asperges est très courte".

Un partenariat anti gaspi

Une saison très courte, mais de vastes débouchés. Car le papier d’asperges est très beau.

Il ressemble au papier népalais ou japonais avec leurs longues fibres nacrées.

De quoi inspirer les restaurateurs, les artistes et bien-sûr les créateurs du Moulin. Pour cette première année, la « production » est restée modeste, environ 200 feuilles A3 et A4. Mais le Moulin-du-Got souhaite développer son concept. Il a mis en place un partenariat avec une conserverie antigaspi d’insertion, basée en Maine-et-Loire. A partir de l’an prochain, « OrNorme » fournira donc entre 60 et 90 kilos d’épluchures par semaine. "Ils sont très heureux de pouvoir valoriser leurs déchets, d’autant que les fibres d’asperges se compostent difficilement, poursuit Marie-Claire Cluzel. Il a juste fallu que nous trouvions une solution pour éviter que les épluchures noircissent pendant le temps de transport et on a trouvé le citron qui bloque l’oxydation.

Le papier d’asperges ou comment associer nouveauté, économie sociale et environnement.

 

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