Les Limousins, spectateurs privilégiés de la migration des grues cendrées

Les grues cendrées. On les dit annonciatrices du printemps, on pense chaque année qu'elles arrivent, décidemment, de plus en plus tôt. On sait parfaitement à quoi ressemble leur vol en V typique. Mais, finalement on ne sait pas vraiment à quoi elles ressemblent de près. Saviez-vous qu'en Limousin nous sommes des spectateurs privilégiés de ce phénomène qui remonte à la nuit des temps?

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Les grues cendrées achèvent actuellement leur migration vers le nord. Incontestablement, leurs ballets aériens et leurs gri-grou très sonores, ne laissent personne indifférent. "Les grues sont passées, c'est la fin de l'hiver !", une phrase typique, que l'on entend en Limousin, mais que vous n'entendrez ni à Marseille, ni en Bretagne.

Le Limousin se situe en plein couloir principal de la migration de ce grand échassier.

Chaque année 200 000 grues traversent la France des Pyrénées au Grand-Est.

La France traversée d'une traite, en quelques heures

"Traditionnellement les grues cendrées passent l'hiver au sud de l'Espagne ou en Afrique du nord. La majorité d'entre elles hivernent en Andalousie et Estrémadure. Là bas elles se nourrissent de glands dans les plantations de chênes verts et chênes lièges. Lorsqu'elles sont prêtes à rejoindre leur site de nidification, en Scandinavie, elles se regroupent sur la lagune de Gallocanta, avant de traverser les Pyrénées," explique le naturaliste Jean-Michel Teulière, qui revient tout juste de ce site d'observation très prisé des ornithologues.

La lagune de Gallocanta, à mi chemin entre Madrid et Saragosse, dans le quart Nord-Est de l'Espagne, est une réserve naturelle protégée. Elle leur offre le gite et le couvert, elles trouvent leur nourriture dans les eaux basses de la lagune et dans les champs de maïs alentours et dorment les pieds dans l'eau. En outre, la lagune, plate et très étendue, leur permet d'avoir un champ de vision très dégagé, ce qui leur procure une grande sécurité. Sachant qu'en ce moment, elles sont accompagnées de leurs jeunes nés à la fin du printemps dernier.

"Les premiers grands départs de Gallocanta ont lieu à la fin d'une matinée ensoleillée, qui leur offre des conditions favorables, vers 10-11h et peuvent s'étaler jusqu'en début d'après-midi. Elles se mettent alors en formation très haut dans le ciel, pour profiter des courants ascendants," poursuit Jean-Michel Teulière. " Les grues parties vers 11h-midi, vont survoler le Limousin vers 16 ou 17 heures. Elles seront aux portes de l'Allemagne vers 22h30-23 heures."

On comprend ainsi pourquoi la majorité des observations en Limousin se font en fin d'après-midi.

Elles sont passées très tôt cette année, non ?

"Les Limousins semblent perdre la mémoire chaque année," s'amuse Jean-Michel Teulière, "les grues passent toujours à peu près à la même époque, c'est désormais classique de les observer dès la mi-février. Cependant y a quelques décennies, on les voyait plutôt à partir de fin février, c'est vrai."

Le dérèglement climatique ayant, vous l'aurez compris, décalé la migration de quelques jours, voire semaines.

Annoncent-elles pour autant le retour des beaux jours ?

"Ce n'est pas la température qui déclenche la migration, mais la durée d'ensoleillement," complète Franck Taboury, ornithologue à la LPO du Limousin"Aujourd'hui la migration est presque terminée, il doit rester 5000 grues, guère plus à Gallocanta." 

Elles sont de plus en plus nombreuses

Depuis 1976, la grue cendrée bénéficie d'une protection totale en France. Elle est, en outre, inscrite à l'annexe 1 de la directive oiseaux de l'Union Européenne. Il est donc interdit de la tuer, de la capturer et de la déranger volontairement. Un statut qui a permis de consolider ses effectifs.

"Il y a 30 ans on parlait de 35 000 grues, aujourd'hui on en compte environ 200 000," confirme Jean-Michel Teulière. 

"Les hivers doux et le développement de l'agriculture intensive sont également des facteurs qui ont permis à leur population de croître," ajoute Franck Taboury. "Ce qui n'est pas sans poser quelques soucis, elles se nourrissent des jeunes pousses de maïs. Pour palier les dégâts qu'elles pourraient causer, des nourrissages sont organisés autour des zones dans lesquelles elles font une halte, le lac du Der par exemple en France."

En Limousin l'un des sites privilégiés pour les observer se situe sur la commune de Flavignac (Haute-Vienne) selon Franck Taboury : "Le site dispose d'une vue dégagée exceptionnelle, on peut les voir tournoyer au dessus de la butte, à la recherche des courants d'air chaud qui agissent pour elles comme des ascenseurs."

Mais que vont-elles faire au nord ?

Leurs petits. La majorité d'entre elles nichera en Suède. Les couples sont unis pour la vie. "Un mâle qui aurait perdu sa femelle, peut par la suite rester veuf, tout le reste de sa vie, " confie Jean-Michel Teulière. 

Les grues cendrées aiment nicher dans les tourbières, les zones boisées ou humides, sur des îlots. Chaque femelle pond un ou deux oeufs qui seront couvés durant quatre semaines par les deux parents. Les jeunes effectueront leur premier vol à l'âge de deux mois et resteront près de leur parents jusqu'à l'année suivante. "Parmi les Gri-Grou des adultes on peut entendre des sifflements typiques des juvéniles lors des passage de grues," précise Jean-Michel Teulière dont l'oreille est réputée pour être l'une des plus fines du Limousin. 

Pour la migration de fin d'hiver, vous l'aurez compris, les jeux sont faits. Quelques individus peuvent encore survoler le Limousin, mais l'immense majorité des troupes est déjà passée. Prochaine période d'observation dès la mi-octobre, les grues rejoindront alors leur zone d'hivernage. 

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