S’il est aujourd’hui la figure tutélaire de la Résistance limousine, Georges Guingouin a tout de même vécu un après-guerre particulièrement mouvementé, pour ne pas dire plus. Le 13 novembre 1959, prenaient fin, tout de même et enfin, ses ennuis judiciaires.
Lo Grand, Le Grand…
Georges Guingouin…
Figure, s’il en est, de la Résistance, des Maquis, des FTP…
Glorieux, comme tous, mais, malheureusement comme si peu, lui victorieux, au Mont Gargan…
La Libération de Limoges…
Un destin hors-norme, un homme comme peu, une figure tutélaire…
Pourtant, et même si beaucoup s’en souviennent, il faut rappeler que Georges Guingouin, c’est aussi le nauséabond de l’après-guerre, de l’épuration, des luttes intestines, politiques, de pouvoir, d’influence…
Le symbole d’une France où coexistaient héros et traitres, résistants et collaborateurs, au nom de la continuité, non pas d’un État, mais d’une Nation…
On le sait, alors que la guerre n’était pas encore achevée, et dès avant même son élection à la mairie de Limoges en mars 1945, Georges Guingouin avait dû faire face à des cabales, à des rumeurs, à des attaques médiatiques, voire même à un attentat !
On le sait aussi, ses relations avec le Parti Communiste Français dont il était issu se sont très vite détériorées, alors même qu’il était « Préfet du Maquis », voire même avant !
Et cela ne cessera d’empirer, dans les organes du Parti, dans la presse sympathisante jusque dans les années 50. À tel point que Georges Guingouin, redevenu instituteur, quittera même un temps le Limousin…
On l’accusera, entre autres, d’avoir participé ou couvert des exactions sommaires commises lors de l’épuration, d’appropriation de magots… Des tribunaux lui donnèrent raison, mais qu’importe.
Sur le plan politique, il sera trahi et même exclu du PCF…
En 1953, il est mis en cause dans une sombre affaire judiciaire, des meurtres remontant à la guerre, et dans laquelle gravitent nombre d’anciens collaborateurs et fonctionnaires vichystes.
Georges Guingouin sera alors même mis en prison, où il vivra un ténébreux faux-suicide, plutôt vraie tentative d’assassinat !
Une partie de la presse, locale et nationale, se déchaînera contre lui, tandis qu’une autre, avec ses avocats, Roland Dumas en tête, se mobilisera en sa faveur. Il est définitivement libéré le 14 juin 1954.
Mais il lui faudra attendre le 13 novembre 1959, pour voir la chambre des mises en accusation de Lyon, qui jugeait l’affaire, lui accorder un non-lieu !
Le substitut du procureur aurait déclaré à cette occasion « ne pas comprendre, en son âme et conscience, qu’on ait engagé des poursuites contre lui ».
Quant au Parti Communiste, ce n’est qu’en janvier 1998 qu’il réhabilitera, officiellement, Georges Guingoin, qui accueillera la nouvelle dans une parfaite indifférence !
Cette histoire peut aujourd’hui paraitre lointaine, voire anecdotique, en tout cas révolue. Elle ne l’est pas ! Elle est une tâche, pour Limoges, pour le Limousin, et même pour la France, pour l’Histoire.
C’est un devoir de « re mémoire » qui, même s’il gêne, même s’il rappelle de mauvais rôles, est essentiel, justement, plus que jamais ».
Et s’il est d’autres 13 novembre, malheureusement beaucoup plus tragique, il est important de rappeler celui de 1959.
Pour l’historien limougeaud Pascal Plas, « c’est un devoir de « re mémoire » qui, même s’il gêne, même s’il rappelle de mauvais rôles, est essentiel, justement, plus que jamais ».