Les Assises de la santé mentale qui se sont tenues les 27 et 28 septembre 2021 dressent un état des lieux accablant de la prise en charge psychiatrique en France. A Limoges, le centre hospitalier Esquirol peine à recruter des psychiatres. La spécialité manque d'attractivité.
Organisées par le ministère de la Santé, les assises de la santé mentale et de la psychiatrie, qui se sont déroulées par voie numérique les 27 et 28 septembre dernier, dressent un constat sévère sur l'état de la prise en charge psychiatrique en France : fermetures de lits, manque de moyens, pénurie de jeunes psychiatres, baisse d'attractivité de la profession...
Et ce alors que la crise sanitaire du Covid-19 a provoqué une dégradation globale de la santé mentale des Français.
De fortes disparités entre les territoires sont constatées, en terme de conditions de travail et de conditions de soins.
Qu'en est-il dans le principal centre hospitalier psychiatrique du Limousin, au CH Esquirol à Limoges ?
Pénurie de médecins
Au centre hospitalier Esquirol, la baisse d'attractivité du secteur de la psychiatrie est constatée depuis plusieurs années.
La structure compte aujourd'hui une centaine de postes de médecins mais, malgré des recrutements récents, cinq sont toujours vacants.
"Il devient moins facile qu'avant de recruter des praticiens hospitaliers.", constate François-Jérôme Aubert, directeur du CH Esquirol, "Ces derniers mois, nous avons recruté trois praticiens de médecine générale pour améliorer la prise en charge somatique des patients de santé mentale, et nous avons la nomination de cinq praticiens hospitaliers début 2022, dont quatre qui sont des jeunes praticiens formés à Esquirol et qui décident de s'engager dans l'établissement. Mais le secteur psychiatrique, comme l'ensemble de la démographie médicale, souffre d'un manque d'attractivité."
Les étudiants en médecine seraient de moins en moins attirés par la psychiatrie. Et pour ceux qui le sont, ils ne choisissent pas forcément Limoges pour s'installer.
Un double handicap pour le CH Esquirol qui fait face à un manque de professionnels dans certaines unités : la pédo-psychiatrie, la prise en charge des troubles du comportement alimentaire et certaines unités fermées où les patients sont hospitalisés sous contrainte.
Suppression de lits
Ces cinq dernières années, le nombre de lits et de places au CH Esquirol a diminué de 10%, passant de 441 lits en 2016 à 393 en 2021.
Une partie de ces restructurations s'explique par le développement des prises en charge en ambulatoire. Mais 16 suppressions de lits seraient directement liées au manque de personnel.
Des mesures insuffisantes ?
A l'issue des Assises de la santé mentale fin septembre, le Président Emmanuel Macron a annoncé un certain nombre de mesures : remboursement de consultations de psychologues, création de 800 postes dans les centres médico-psychologiques, soutien à la recherche.
Pour certains syndicats, ces mesures sont loin d'être suffisantes : "On parle de 800 postes qui seront créés dans les centres médico-psychiatriques, mais il existe plus d'un millier de centres en France ! Cela fait donc moins d'un poste par centre. Sachant qu'à Esquirol, on a perdu 8 postes de soignants en une année, ça ne compense rien du tout", constate Patrice Bossoutrot, syndicaliste CGT.
En attendant, le CH Esquirol mise sur la formation et tente de séduire les étudiants dès leur première année d'internat en psychiatrie. En espérant qu'ils restent travailler à Limoges.