C'est un don beaucoup moins connu que le don de sang ou de plaquettes, et il est pourtant vital pour des milliers de bébés prématurés chaque année : c’est le don de lait maternel. A Limoges, il est collecté, traité, stocké et distribué par un lactarium.
Le petit Ayan est né alors que sa maman n'avait pas atteint six mois de grossesse. Aujourd'hui encore, il ne pèse qu'1,2 kg. Il vit dans une couveuse et il est nourri par seringue, via une sonde nasogastrique. Une alimentation exclusivement à base de lait maternel, donné par d’autres mères. Maëva Lafarge témoigne : "Moi, malheureusement, je n’ai pas pu allaiter, donc, du coup, il a du lait d’une autre maman, mais ça se passe bien."
Pour Audrey Mowendabeka, pédiatre néo-natologiste, ce lait a des qualités uniques : "Le lait maternel va être le lait qui sera non seulement le plus digeste, mais le plus adapté à ces enfants prématurés. Ce lait sera rempli de nutriments, d’oligo-éléments et surtout de protéines et de lipides qui vont être strictement adaptés à la physiologie de l’enfant prématuré."
"Le tire-lait, ce n’est pas ce qu’on imagine quand on veut allaiter"
Gabriel est lui aussi né prématurément. Il a pu bénéficier du lait de sa maman, mais il était trop petit pour pouvoir le prendre directement au sein. Pour elle, c’est une bonne solution en attendant mieux : "Le tire-lait, ce n’est pas ce qu’on imagine quand on veut allaiter… On imagine plutôt une mise au sein et un moment plus agréable avec son bébé. C’est compliqué, mais on le fait pour le bien-être de son enfant. Et ça va aboutir à une vraie mise au sein, un vrai moment de partage avec lui, ça va être chouette..."
C'est au sous-sol de l'hôpital mère enfant du CHU de Limoges que les stocks de lait maternel sont conservés dans des congélateurs. Ce lait est quotidiennement préparé pour l'alimentation des nourrissons, parfois enrichi selon les besoins, pasteurisé seulement pour les très grands prématurés. Le tout est uniquement destiné à un usage interne.
Mais ce n’est pas le seul circuit, comme l’explique Sandrine Medrel-Lacorre, cadre de santé : "Nous, on récolte le lait des mamans hospitalisées pour le redonner à leur enfant. Un lactarium à usage externe récolte le lait pour faire des dons anonymes. On traite le lait et on le redonne aux enfants qui nécessitent d’avoir ce lait."
"Ça aide, donc autant le faire"
Certains dons partent au lactarium de Bordeaux, le plus grand de France. Pour cette structure, Émeline Bardonnaud collecte à domicile les dons de lait maternel en Haute-Vienne et en Creuse. Ce jour-là, elle rencontre une jeune maman qui effectue son tout premier don, avec enthousiasme : "Je ne pense pas que ce soit une contrainte, vu que je tire déjà pour mon fils, que je l’allaite au biberon. Et ça aide, donc autant le faire."
Selon Émeline Bardonnaud, tout le monde peut donner : "On pense toujours aux mamans qui sont hyperlactantes avec plein de lait, et qui vont donner aux lactariums. Mais la majorité des mamans qui allaitent peuvent être donneuses, parce que souvent, dans le projet d’allaitement, elles ont tendance à vouloir mettre du lait de côté au cas où. Donc on va travailler avec elles sur leur gestion de stock."
L'hôpital mère enfant de Limoges a mis en place, tous les 15 jours, des réunions de sensibilisation au don de lait maternel.