Le service d'urgence de la Polyclinique de Limoges reprend son activité sur réquisition préfectorale après un mouvement de grève national entamé le 13 octobre. Même si, dans les faits, les urgences ont maintenu un service minimum, les professionnels de santé alertent sur des promesses gouvernementales non-tenues.
L'annonce a été officialisée par un communiqué du CHU de Limoges, transmis ce mardi 17 octobre. "Le service des urgences de la Polyclinique de Limoges a repris son activité depuis hier soir sur réquisition préfectorale", écrit le centre hospitalier. Une décision qui fait suite à un mouvement de grève des médecins urgentistes de la Polyclinique, provoquant "une très forte activité depuis plusieurs jours" au service d'urgences adultes du CHU.
"Pas de mécontentement, ni de désaccord" avec cette réquisition
Cette nouvelle soulage le personnel du CHU. "On est rassurés, oui, car c'est très compliqué au niveau des conditions de travail du personnel, et du temps d'accueil des patients qui devient plus long. Il y a eu des tensions. La situation n'est pas satisfaisante", développe Florence Metge, de la CGT au CHU. Elle se dit toutefois solidaire du mouvement de grève de la Polyclinique.
Selon elle, la situation aux urgences "reflète la situation de l'hôpital, dans tous les services" malgré "quelques recrutements et quelques améliorations" au CHU. La direction "aimerait davantage recruter" mais "ne trouve pas de candidature" rapporte-t-elle. Le chef du service des urgences du CHU n'a, pour l'heure, pas pu répondre à nos sollicitations.
Du côté de la Polyclinique, qui ne souhaite pas s'exprimer, un médecin a été réquisitionné par la préfecture. C'est une décision tout à fait logique selon les spécialistes de santé. "Il est normal que le Préfet réquisitionne, compte tenu de l'impact sanitaire sur la population. Il n'y a pas de mécontentement, ni de désaccord. C'est de la responsabilité de l'équipe médicale", assure François Deville, urgentiste au sein de l'établissement, joint par téléphone. La grève suivie par l'ensemble de son service "n'a pas interrompu l'activité des urgences : il y a toujours eu un accueil avec un médecin", selon lui.
"Probablement d'autres grèves dans les prochaines semaines"
François Deville rappelle que ce mouvement d'ampleur nationale ne s'est pas fait "à l'encontre de sa direction" mais bien face à des mesures de financements "pas en adéquation avec les promesses ministérielles". Il cible notamment les engagements pris lors du Ségur, et "des primes en faveur de soignants" non versées. Le professionnel pointe également "la valorisation de critères qualitatifs aux services d'urgences qui ne sont pas reconnus".
Au niveau national, "des confrères sont usés de l'absence de réponses de l'État" selon le médecin. Localement, la situation est plus favorable grâce aux différents échanges entre les services hospitaliers et la délégation territoriale de l'ARS.
Selon ce professionnel, "il y aura probablement d'autres grèves dans les prochaines semaines, selon les mouvements des praticiens libéraux, pour dénoncer des difficultés qui existent". En attendant, ce dernier tient à passer un message d'apaisement, assurant que les urgences font tout pour prendre en charge les patients dans les meilleurs délais et les meilleures conditions.
Malgré un retour à la normale dans les équipes de soins, le CHU recommande "de contacter son médecin, et d'appeler le 15 avant de se rendre aux urgences" pour les cas les moins graves.